Les maisons traditionnelles en Bretagne : un patrimoine unique

En Bretagne, chaque pierre raconte une histoire, et chaque toit est témoin de siècles de traditions et de savoir-faire. Des plaines verdoyantes du Pays Gallo aux falaises battues par les vents du Finistère, les maisons traditionnelles bretonnes incarnent l’âme de cette région unique. Simples ou imposantes, rurales ou urbaines, les maisons ont été bâties pour répondre aux besoins de leurs habitants.

Longères, chaumières, maisons côtières, chaque type d’habitation révèle un pan de la culture bretonne et de son adaptation à l’environnement. Ces maisons sont un témoignage du lien étroit entre les Bretons et leur terre. À travers cet article, entrons ensemble dans l’histoire et les particularités de ces architectures emblématiques, véritables trésors d’un patrimoine à la fois intemporel et bien enraciné.

1. La longère bretonne

La longère est l’un des types les plus typiques de l’immobilier breton. C’est principalement un type de propriété rurale trouvé dans tous les départements de la région. Une longère est construite dans une forme rectangulaire et toute en longueur, le nom signifie maison à développement en longueur.

Traditionnellement chaque longère recevait un nom breton local quand elle était construite.

La longère est orientée avec l’arrière de la maison face à la direction du vent dominant. De même que pour d’autres maisons traditionnelles en France, les matériaux régionaux étaient utilisés pour construire une longère. C’est le granit qui est utilisé dans la construction des longères en Bretagne.

Beaucoup de longères n’offrent qu’un hébergement de plain-pied. Mais le grenier est souvent converti en une chambre au premier étage afin d’augmenter la surface habitable disponible. À l’origine, les escaliers utilisés pour accéder à ce grenier étaient situés en dehors de la partie principale de la maison.

Les longères sont communes en Bretagne, mais elles peuvent aussi être trouvées en Normandie, en Aquitaine, et dans d’autres zones de l’ouest de la France, surtout dans le Pays de la Loire.

La « maison longère », ou longère, est certainement l’habitation la plus typique de l’architecture rurale de Bretagne. Elle a généralement un toit en ardoise mais il peut aussi être en chaume.

La particularité des longères est que toutes les dépendances sont souvent disposées dans une rangée. C’est une caractéristique commune qui distingue la longère de la plupart des autres logements ruraux.

lognère bretonne rénovée

2. La maison côtière

Beaucoup de maisons traditionnelles bretonnes peuvent être trouvées le long de la côte dans les milieux ruraux et urbains. La pêche et le commerce maritime ont été des activités vitales dans la péninsule.

Les pêcheurs et autres bretons ont vécu dans ces maisons côtières pendant des siècles.

Ce type de maison bretonne est souvent en groupe de petites maisons formant un village de pêcheurs. Les toits ont des lucarnes, avec souvent deux chambres en bas et une chambre à l’étage juste sous le toit dans le grenier. Les boiseries des maisons de pêcheur et côtières sont souvent peintes en bleu.

Dans la catégorie de maisons côtières bretonnes, beaucoup de différents styles coexistent. Des résidences de prestige existent par exemple être près de Saint Malo, appelées  « malouinières ». Ces maisons ont aussi leur propre style architectural. On les trouve principalement dans le « Pays Bigouden », la région du sud de Quimper, autour du Guilvinec, de Pont l’Abbé et de Plogastel-Saint-Germain.

La malouinière est issue des 17ème et 18ème siècles. Ces maisons sont comme des sortes de manoirs, de jolies maisons de luxe à l’origine utilisées comme résidences secondaires. Elles possèdent souvent de hautes cheminées et des toits en ardoises : des preuves du savoir-faire local.

Les matériaux utilisés pour construire les maisons côtières sont : cheminées de pierres, toits en ardoises (parfois en chaume) et murs de granit, avec des petites fenêtres (sauf pour les malouinières).

malouiniere

3. La chaumière bretonne

La chaumière bretonne est une maison traditionnelle rurale. Elle est aussi présente en Normandie et ailleurs en Europe (îles britanniques et Allemagne par exemple). Le nom vient simplement de son toit de chaume. Ce toit est constitué de blé, de seigle ou de roseaux. Le mot chaumière est également souvent utilisé en français pour désigner une maison de famille rurale ou une maisonnée.

Les chaumières bretonnes ont été construites avec des matériaux locaux. Cela a permis aux agriculteurs pauvres de construire une maison facilement et surtout, à moindre coût. L’argile, les pierres, le bois et les autres matériaux ramassés autour étaient idéaux pour construire une maison à moindre prix.

La chaumière bretonne elle-même est composée de pièces dans une rangée, chaque pièce ayant sa propre fenêtre et il y a une porte entre chaque pièce. Afin de protéger l’avant de la maison, un matériau local était utilisé. Composé de sable, de chaux et de lin, il donne une couleur blanche aux murs.

Ces maisons sont aujourd’hui souvent utilisées pour servir d’hôtels ou de chambres d’hôtes. Elles sont activement recherchées. Les vraies chaumières bretonnes sont rares, car les matériaux originaux sont progressivement remplacés par les modernes (le chaume étant remplacé par les ardoises).

4. La maison Apothéis

La maison Apothéis, ou maison à avancée, est un type d’habitat traditionnel breton caractérisé par une ou plusieurs avancées latérales qui prolongent sa façade. Ces avancées, appelées « apothéis », sont esthétiques et fonctionnelles, servant de sas thermique ou d’espace utilitaire. Répandues dans des régions comme le Léon, la Cornouaille et le Trégor, elles témoignent de l’adaptation des bâtisseurs.

Ces maisons Apothéis, loin d’être réservées à une élite, étaient habitées par diverses classes sociales, des paysans aux marchands. Leur conception variait selon les époques et les usages, certaines étant dotées d’escaliers extérieurs monumentaux pour accéder aux greniers, signe d’une importance agricole ou sociale particulière. Bien que l’idée initiale relie ces avancées à l’industrie du lin, leur fonction dépasse ce cadre, symbolisant un mode de vie ancré dans la communauté locale.

Aujourd’hui, la maison Apothéis est menacée par l’érosion du temps et l’évolution des pratiques architecturales. Ces édifices, qui représentaient autrefois un modèle d’ingéniosité et de savoir-faire, disparaissent progressivement, notamment faute de restauration. Le modèle reste tout de même utilisé pour construire certaines maisons dans les campagnes bretonnes et les villes.

maison à avancée en Bretagne

5. La maison de maître bretonne

La maison de maître bretonne est un autre exemple d’habitation qui illustre l’histoire économique et sociale de la région. Ce type de maison, construit entre le 18ème et le 19ème siècle, se distingue par son architecture élégante et ordonnée. Elle était habitée par des familles aisées, comme des propriétaires terriens, des notables ou des marchands prospères, et servait à démontrer leur statut social.

Caractéristiques architecturales

La maison de maître bretonne se reconnaît à sa façade symétrique et sa hauteur imposante par rapport aux autres habitations rurales. Contrairement à la longère ou à la chaumière, elle dispose généralement de deux niveaux d’habitation, voire d’un grenier aménagé. Elle est construite en granit ou en pierre locale, avec un toit en ardoise et souvent des lucarnes décoratives qui accentuent son allure noble.

L’entrée, souvent ornée d’un perron ou d’une porte en bois massif, s’ouvre sur un hall central qui distribue les pièces. À l’intérieur, il y a des éléments de décoration raffinés pour l’époque : cheminées en pierre ou en marbre, moulures au plafond et carrelages en terre cuite ou carreaux de ciment.

Une implantation stratégique

Ces maisons étaient souvent situées en périphérie des villages ou dans les campagnes environnantes, dans des endroits offrant une vue dégagée sur les terres agricoles ou la mer. Ce choix reflétait le rôle des propriétaires comme gestionnaires des exploitations agricoles ou du commerce maritime.

Évolution et usage contemporain

Aujourd’hui, les maisons de maître bretonnes ont parfois été divisées en plusieurs logements, modernisées pour s’adapter aux besoins contemporains, ou transformées en chambres d’hôtes de charme. Leur allure majestueuse reste néanmoins un attrait majeur pour les amateurs de patrimoine.

6. La ferme en cour fermée

La ferme en cour fermée est un type d’habitat rural breton qui illustre l’organisation fonctionnelle de la vie agricole traditionnelle. Caractéristique de certaines régions bretonnes, notamment dans les zones comme le Pays Gallo, elle regroupe les bâtiments autour d’une cour centrale protégée. Cette forme permettait de centraliser les activités agricoles tout en offrant une certaine sécurité contre les intempéries et les intrusions. L’ensemble est souvent construit en pierre locale, avec des toits en ardoise.

Ces fermes, véritables microcosmes, rassemblaient sous un même périmètre l’habitation, les granges, les étables, et parfois un four à pain ou une porcherie. Chaque bâtiment avait une fonction spécifique, reflétant l’autosuffisance des exploitants. L’entrée principale, souvent marquée par un portail imposant, ouvrait sur une cour pavée ou en terre battue, où s’effectuait une grande partie des travaux quotidiens.

Ce type d’habitat traditionnel breton témoigne de l’ingéniosité des anciens bâtisseurs de la région, qui alliaient fonctionnalité et adaptation au mode de vie agricole. Aujourd’hui, ces fermes suscitent un intérêt croissant pour leur potentiel de rénovation (et d’opportunités) et leur charme. Le gîte de la Chouette Blanche ci-dessous est un bel exemple de ferme en cour fermée rénové dans les Côtes d’Armor.

ferme à cour rénové en Bretagne

7. La maison de granit

Le granit est omniprésent dans l’architecture traditionnelle bretonne, utilisé pour construire des maisons emblématiques telles que les longères, les chaumières ou les maisons côtières dont nous avons déjà parlé. Cependant, au-delà de ces constructions plus complexes, il existe également des maisons de granit plus simples, souvent moins connues, mais tout aussi représentatives du patrimoine breton.

Ces maisons de granit plus modestes étaient courantes dans les campagnes et les petits hameaux. Avec leurs murs épais et leur toiture en ardoise, elles offraient une protection contre les vents marins et les pluies fréquentes. Leur architecture fonctionnelle se distingue par des façades sobres, percées de fenêtres encadrées de granit taillé. Ces habitations étaient de plain-pied ou à étages, avec un intérieur organisé autour d’une cheminée centrale, cœur de la vie quotidienne. Plus accessibles que les grandes longères ou malouinières, elles étaient souvent construites par des familles modestes.

Ces maisons de granit, qu’elles soient simples ou plus élaborées, incarnent la relation intime entre les Bretons et leur environnement. Elles témoignent d’une époque où le choix des matériaux et des formes s’imposait naturellement, en harmonie avec les paysages bretons, comme la maison entre les rochers.

8. La maison à pans de bois

La maison à pans de bois fait également partie de l’architecture traditionnelle bretonne, surtout dans les villes historiques du Pays Gallo, comme Rennes, Dinan, Guingamp, Vitré, Fougères ou Morlaix. Elle est caractéristique des centres urbains, où elle servait à loger artisans, marchands et notables. Ce type de construction, typique des époques médiévale et Renaissance, se distingue par une ossature en bois remplie de torchis ou de briques, avec des étages souvent en encorbellement.

Ces maisons présentent des façades aux colombages apparents, souvent ornées de motifs géométriques et peintes de couleurs naturelles. Contrairement aux maisons en pierre plus répandues dans les campagnes bretonnes, les maisons à pans de bois sont emblématiques des quartiers commerçants des villes, où elles témoignent encore du riche passé économique et artisanal de la région.

Maisons à pans de bois à Rennes
Maisons à pans de bois à Rennes

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9 réflexions au sujet de “Les maisons traditionnelles en Bretagne : un patrimoine unique”

  1. Je cherche pourquoi les portes sont si basses en Bretagne ( maisons anciennes ?

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    • Bonjour Monique. Je pense qu’à la base c’était pour conserver la chaleur de la maison mais je n’en suis pas sûre.

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    • Parce que les ouvertures en général sont petites pour empêcher le vent et la pluie de rentrer. D’autres part, les gens étaient plus petits à l’ époque, ceci explique cela.

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      • Merci pour la petite précision Gérard 🙂

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  2. bonjour je dois réaliser une sorte de dossier en arts appliques sur les fenêtres et ouvertures originales,je souhaiterai savoir pourquoi les fenêtres bretonnes sont grandes avec des volets bleus (en général)?merci

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    • Bonjour Guillerme, selon moi les fenêtres en Bretagne ne sont pas forcément grandes, en tout cas en tant que bretonne ce n’est pas un critère des fenêtres typiques bretonnes selon moi. Il me semble même que sur les anciennes maisons bretonnes ce sont plutôt des petites fenêtres et portes qui étaient placées à l’origine afin de garder la chaleur au maximum. Pour le bleu des fenêtres, je crois que plusieurs raisons sont avancées sans vraiment savoir laquelle est la bonne (même si je penche pour la première). La première qui me vient à l’esprit est que c’était les restes des peintures qui étaient utilisées pour peindre les fenêtres et les portes : les peintures qui étaient utilisées pour les bateaux, et c’est pourquoi on voit essentiellement des maisons aux volets bleus (et parfois vert) dans les communes de bord de mer (on en voit très peu à l’intérieur des terres bretonnes). J’ai également entendu qu’à une époque on peignait les volets et les charrettes en bleu pour éloigner les mouches et les moustiques. Et d’autres diront que cela rappelle la mer tout simplement…

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  3. Pourquoi la plupart des maisons bretonnes ont-elles 2 cheminées?

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    • Bonjour Céline. Avant la maison traditionnelle bretonne était simple et faite de 4 murs, d’un plafond avec de grosses poutres en bois et bien sûr, d’une couverture en ardoises. À l’intérieur, il y a avait simplement deux pièces séparées par une simple cloison en bois. Au bout de chaque chaque pièce, on construisait un âtre et un conduit de fumée dans le mur et une cheminée dépassait donc sur le toit de chaque côté. C’est ce qui donne cet aspect caractéristique aux maisons traditionnelles bretonnes. De nos jours, pour respecter cette architecture, certaines personnes font construire ces deux cheminées sur le toit, mais en général il n’y en a qu’une qui est utilisée. C’est donc juste une tradition !

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