Les maisons à pans de bois de Guingamp

Entre 1500 et 1800, on peut aisément imaginer que la plupart des maisons qui dominaient la place du Centre de Guingamp étaient des maisons à pans de bois. Il en reste une dizaine aujourd’hui dans la ville, entre cette place centrale et les bords du Trieux. Les maisons à pans de bois de Guingamp sont devenues des trésors de la ville.

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Les maisons à pans de bois de Guingamp, dont certaines sont âgées de plus de 600 ans, ont survécu aux ravages du temps, aux incendies, à la misère après des années fastes, et au désintérêt d’une époque aussi. Elles ont aujourd’hui retrouvé leurs lettres de noblesse, après de belles restaurations pour certaines d’entre elles.

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Plusieurs façades du centre-ville ont conservé leur configuration d’origine. Quelques autres dorment sous une couche de ciment. La maison aux bois marron foncé (à gauche) serait la plus ancienne.

Si les maisons à pans de bois ont été pour la plupart délaissées au 19ème et au début du 20ème siècle, ces belles maisons à pans de bois de Guingamp vont être sauvées d’une mort annoncée à partir des années 1950. L’architecte et historien Daniel Leloup, spécialiste du sujet, explique que « les choses vont changer après les deux guerres mondiales. Des villes vont être détruites et les gens vont prendre conscience qu’il faut préserver le patrimoine. Avant 1939-45, il n’y avait pratiquement pas de maisons à pans de bois classées. En 1900, on ne comptait que deux maisons classées Monument Historique en Bretagne, celle de la Duchesse Anne à Morlaix et une autre à Rennes. »

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Il a fallu plusieurs mois de travaux, en 2011, pour redonner à la grande bâtisse du bas de la place du Centre toute sa splendeur d’antan (ci-dessous). Les plaques de béton qui garnissaient sa façade ont été supprimées et les pans de bois de couleur rouge bœuf font de nouveau resplendir cette maison du 16ème siècle.

La magnifique maison Pasquiet (en photographie ci-dessous), l’un des joyaux du centre-ville de Guingamp, a eu la chance d’être étudiée au peigne fin. Daniel Leloup explique : « Nous avons eu recours à la dendrochronologie pour l’étudier. C’est un système de datation qui consiste à faire un prélèvement au cœur du bois. L’analyse permet de savoir précisément la date d’abattage du bois. » Et la conclusion de Daniel Leloup est bluffante : « Les bois ont été abattus à l’automne 1497, ce qui nous permet de dater la maison en 1498. » C’est l’une des plus anciennes maisons à pans de bois de Guingamp. En sachant que « le pan de bois est apparu au 15ème siècle en Bretagne. »

À pans de bois ou à colombages ?

Les deux, à une petite nuance près. À colombages est le terme d’origine, qui a perduré dans les régions ou la tradition s’est perpétuée au fil du temps, notamment en Alsace, en Normandie ou au Pays-Basque. Ailleurs, c’est le terme pans de bois qui a été utilisé (comme les belles maisons à pans de bois de Dinan), notamment en Bretagne où la pierre s’est imposée (le bois est totalement abandonné à la fin du 16ème siècle).

Source : l’écho de l’armor et l’argoat n°3586