Les maisons à pans de bois de Dinan

L’histoire de Dinan, dans les Côtes d’Armor en Bretagne, est connue à partir du 11ème siècle, bien que le site ait sans doute été occupé depuis l’Antiquité. La ville de Dinan est une très jolie ville médiévale, avec un centre typique de petites ruelles et de rues pavées, des remparts imposants et un château d’époque, et surtout la fameuse rue du Jerzual, la célèbre rue qui relie la ville haute avec le port.

La ville de Dinan possède aussi un patrimoine de plus d’une centaine de maisons à pans de bois. La cité médiévale ne compte pas moins de 115 maisons à pans de bois ! Maisons à encorbellement ou maisons à porche, devenues boutiques ou restaurants, séduisent les amateurs de shopping et les épicuriens.

Les maisons à pans de bois, signatures visuelles de la ville, attirent autant les passionnés d’architecture médiévale que les curieux venus s’imprégner d’une atmosphère authentique. Dans ce labyrinthe de ruelles, l’harmonie des formes et des matériaux révèle une diversité de modèles insoupçonnée. Peu de villes françaises permettent d’apprécier avec autant de justesse la richesse de leur architecture urbaine.

Particularités des maisons à pans de bois de Dinan

Sur chacun des itinéraires qui serpentent entre remparts et places animées, il n’est pas rare d’admirer une succession de maisons classées monuments historiques dont les façades rivalisent de détails. L’utilisation du bois en structure principale, associée à la pierre pour le soubassement, confère une allure solide à ces édifices. Ces éléments participent à la renommée du patrimoine architectural dinannais.

Le pan de bois, technique typique de l’époque médiévale, consiste à assembler des poutres apparentes pour former la trame porteuse du bâti. Remplis de torchis ou de briques selon les époques, ces remplissages offraient isolation et résistance aux intempéries. On perçoit ainsi le souci permanent d’adapter les techniques de construction aux contraintes locales et aux ressources disponibles.

L’encorbellement presque systématique

Un des traits marquants est l’usage fréquent de l’encorbellement, ce mode de construction où chaque étage supérieur dépasse légèrement celui du dessous. Ce procédé architectural a longtemps permis d’agrandir la surface habitable sans empiéter sur la rue, tout en soignant l’effet visuel. L’encorbellement donne ainsi aux habitations une silhouette unique, emblématique de l’architecture médiévale bretonne.

Cette avancée caractéristique projette les ombres sur les devantures commerçantes et elle donne toute sa dynamique à l’alignement irrégulier des bâtisses. Le dialogue entre lumière et matière confère alors aux promenades un charme presque théâtral, renforçant l’atmosphère médiévale du centre historique.

Une diversité de modèles présents

Du simple logis aux hôtels particuliers, Dinan offre une palette étonnante de déclinaisons à pans de bois. Certaines habitations présentent de sobres assemblages verticaux, tandis que d’autres multiplient les motifs géométriques, les croisillons ou les chevrons en guise de signature esthétique. Cette diversité architecturale fait la richesse du patrimoine local et témoigne de l’ingéniosité des bâtisseurs.

Au fil des siècles, la conservation et la transformation de certains bâtiments ont accentué cette variété, convertissant maints lieux privés en commerces ou ateliers d’artisans. Cette diversité des modèles illustre bien les mutations auxquelles s’est adaptée l’architecture urbaine dinannaise.

  • Façades colorées mêlant enduits traditionnels et tuiles de bois
  • Bâtiments à silhouette étroite et parcimonieusement espacés en hauteur
  • Boursouflures et figures sculptées servant parfois de repères symboliques aux habitants
  • Pignons à redents ou à volutes, soulignant l’influence venue d’ailleurs
maison à pans de bois et encorbellement à Dinan

Techniques de construction : savoir-faire des anciens

Les maisons à pans de bois témoignent du perfectionnement de gestes ancestraux transmis durant des générations. Charpentiers et maçons conjuguaient précision, créativité et adaptation face aux aléas du climat breton. Ce savoir-faire reste visible dans chaque détail de la construction traditionnelle.

Souvent, le choix du bois local favorisait la robustesse des poteaux et traverses, permettant de défier le temps sans crainte d’effritement trop rapide. Ces constructions se voulaient aussi évolutives : il était courant que plusieurs familles rachètent et réunissent différentes parties d’un bâtiment pour moduler l’espace intérieur, montrant ainsi une grande adaptabilité dans les techniques de construction.

Où se situent ces maisons dans Dinan ?

Les maisons à pan de bois de Dinan sont essentiellement construites en cœur de ville et sur le port. Elles se reconnaissent par leurs pans de bois de large section, de 35 à 40 cm.

Dinan doit son cachet si particulier à la conservation active de quartiers entiers, notamment autour de la rue du Jerzual et de la place des Merciers. Impossible de manquer les maisons à pans de bois qui dominent ces artères, tant elles semblent contribuer à l’identité du centre historique.

Certains immeubles affichent encore fièrement leur datation des maisons inscrite en façade ou gravée discrètement dans la charpente. Ces points de repère offrent une lecture chronologique de l’évolution de l’urbanisme local et permettent d’apprécier la richesse de l’héritage médiéval.

La maison de la Harpe (ci-dessous), une bâtisse à pans de bois et à porche, en plein centre de Dinan (rue de l’Horloge : la plus touristique de la ville), fut construite en 1559 à Lanvollon (près de Guingamp) et mise en pièce en 1934 avant d’être reconstruite à Dinan en 1939. Le premier étage en avancée sur la rue, repose sur trois colonnes en granit. Ses pièces maîtresses sont en bois, les murs en torchis et sur deux des façades, des petits personnages ont été sculptés et peints, en costume du seizième siècle.

Quels outils et quels procédés sont utilisés ?

L’équilibre global dépendait de la technicité de l’assemblage. Chaque pièce, travaillée à la main, devait trouver une place exacte pour offrir solidité et facilité d’entretien. Point de clou industriel : on préférait chevilles en bois et tenons-mortaises. L’usage d’alliances complexes assurait la rigidité tout en absorbant les mouvements naturels du matériau, garantissant la longévité de la structure à pans de bois.

La couverture, généralement réalisée en ardoise, renforçait la verticalité des lignes tout en apportant cette touche graphique reconnaissable parmi tant d’autres villages anciens de Bretagne.

Pourquoi les maisons classées monuments historiques occupent-elles une place centrale à Dinan ?

Une partie du charme indéniable du centre historique provient de la protection officielle accordée à de nombreux édifices emblématiques. Ces maisons classées monuments historiques garantissent la transmission fidèle des techniques constructives employées par les artisans autrefois.

Le recours à des restaurations menées par des professionnels formés au respect du patrimoine architectural contribue à préserver l’aspect extérieur, et les ambiances intérieures. Bois patiné, escaliers tournants, vitraux anciens : autant de trésors à redécouvrir lors d’une visite à Dinan.

  • Règlement strict encadrant les interventions (couleurs, matériaux, proportions)
  • Mise en valeur via signalétiques pédagogiques et visites guidées
  • Soutien aux propriétaires pour la rénovation respectueuse du bâti ancien
maison du gouverneur
Maison du gouverneur

Datation des maisons : comment s’y retrouver ?

Chaque époque a laissé sa trace sur les façades, et la datation des maisons devient parfois un exercice d’observation minutieuse. Les plus anciennes, édifiées dès le XVe siècle, arborent des colombages massifs souvent sombres. Progressivement, l’apparition de nouvelles influences (gothiques puis renaissantes) teinte de nuances différentes l’ensemble urbain et enrichit la complexité du patrimoine.

Ces bâtisses sont souvent  maladroitement assimilées au Moyen Âge. De la période de la fin du Moyen Âge restait la célèbre maison de la Mère Pourcel, l’un des joyaux de la place des Cordeliers, qui date de la fin du 15ème siècle. Elle a hélas été dévasté suite à un incendie en 2019, mais elle devrait être reconstruite à l’identique. Les autres, maintes fois remaniées, datent du 16ème siècle (la Renaissance exige des maisons mieux éclairées) ou bien du 17ème siècle (période de prospérité économique).

Au 16ème siècle, les pièces de bois vont diminuer dans les bâtiments, le décor devient Renaissance. Le mode de vie à l’intérieur des maisons change, la prise de conscience de donner plus de lumière est effective : les maisons sont construites avec de larges façades aux vitrages plus conséquents, ce n’est plus le principe du pignon sur rue, on aère ! Exemple, la maison du Gouverneur rue du Petit Fort, construite entre 1570 et 1580 et la maison avec porte à panneaux en haut de la rue du Jerzual.

Au XIXe siècle en France, on démolira les maisons à pans de bois qui dérangent. Et si la ville de Dinan possède un si beau patrimoine aujourd’hui avec plus de 115 maisons recensées, c’est qu’à cette époque, elle était pauvre et qu’elle n’a pu moderniser toutes ses habitations à pans de bois avec de la pierre. D’où la chance aujourd’hui, de pouvoir bénéficier de ce parc assez unique en Bretagne.

Dinan : une identité architecturale distinctive

On aime comparer Dinan à un livre ouvert où chaque page fait dialoguer passé et présent. Le tissu urbain ne cesse de surprendre par la cohérence trouvée malgré la diversité des modèles. Espaces publics, placettes, jardins suspendus et passages couverts révèlent tour à tour la recherche de distinction propre à l’architecture urbaine de Dinan. Tout comme les maisons à pans de bois de Guingamp.

Ce patrimoine architectural attire aujourd’hui artistes, riverains et visiteurs avides d’authentique, conscients de marcher sur les traces de bâtisseurs visionnaires qui ont su allier tradition et innovation.

Admirer une maison à pans de bois dinannaise, c’est surtout comprendre combien l’humain reste au centre du processus créatif architectural. Malgré les siècles, rien ne fige vraiment ces constructions, puisque leur usage évolue constamment, tout comme les attentes des habitants et les besoins de la société actuelle. Elles incarnent une forme de modernité enracinée dans la tradition.

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2 réflexions au sujet de “Les maisons à pans de bois de Dinan”

  1. J’ai la chance d’habiter tout près de Dinan, et la vieille ville est magnifique. Les maisons à pans de bois sont toutes plus belles que les autres, et le fait que la ville ait conservé l’une de ses anciennes portes (en haut de la rue du Petit-Fort) rajoute beaucoup de cachet.
    Toujours dans cette même rue, il y a aussi une belle tannerie toute en bois (certes beaucoup plus récente puisque datant du XIXème), avec tout un étage en claire-voies magnifiques qui se fond à merveille dans le décors.

    Merci pour votre beau travail et vos documentations toujours très pertinentes, c’est passionnant de pouvoir approfondir ses connaissances en architectures ainsi qu’en histoire par le biais d’articles complets, riches en photos et fluides à lire. 🙂

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    • Merci beaucoup Arthur, en voilà un message qui fait plaisir ! Je suis très fan de Dinan, j’ai vécu pendant 3 ans sur Caulnes (vous devez certainement connaître) et nous adorions aller flâner dans le centre de Dinan. J’ai d’ailleurs partagé quelques belles autres photos de ses belles maisons à pans de bois sur mon instagram, notamment celle au-dessus du comptoir de la vape que j’aime beaucoup (https://www.instagram.com/p/Bs3pphSlUS-/).

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