Le Soudan possède une grande diversité culturelle et architecturale. Cette richesse se reflète dans les différents types d’habitations présentes sur son territoire. Les maisons soudanaises varient selon les régions géographiques, les climats et les coutumes locales. La complexité de l’architecture résidentielle soudanaise s’exprime dans l’utilisation des matériaux locaux et dans les techniques de construction adaptées aux environnements. En analysant les maisons du nord au sud, on découvre l’influence des éléments naturels et des pratiques culturelles sur l’habitat. Voici les différentes maisons au Soudan :
Les maisons nubiennes
Le nord du Soudan, historiquement connu sous le nom de Nubie, présente une architecture singulière. Les habitations de cette région sont souvent bâties en briques de terre crue, un matériau abondant dans le désert. La technique de construction traditionnelle nubienne, transmise depuis des siècles, utilise des voûtes en terre cuite pour les toitures. Ces voûtes sont esthétiques et fonctionnelles. Elles permettent une meilleure circulation de l’air à l’intérieur des maisons, favorisant ainsi la fraîcheur.
La maison nubienne du Soudan se distingue par sa couleur ocre (contrairement aux maisons nubiennes égyptiennes qui sont très colorées), qui se fond dans le paysage désertique. Elles sont souvent construites autour d’une cour centrale, élément de la vie familiale et sociale. Cette cour offre un espace ombragé, protégeant les habitants des rigueurs du climat. L’intérieur des maisons est généralement simple, avec des sols en terre battue et des meubles fabriqués à partir de matériaux locaux comme le bois ou la paille.
Les villages de la Nubie montrent l’importance de la communauté dans les constructions. La solidarité entre voisins se manifeste lors de la construction d’une nouvelle maison. Un lien renforcé par l’architecture même des villages, où les maisons sont disposées de façon à créer des espaces communs.
Les maisons d’influence arabe
Au centre du Soudan, la région de Khartoum et ses alentours présentent une architecture influencée par le monde arabe. Les maisons y sont généralement plus grandes et construites avec des matériaux plus variés, tels que la brique cuite et le ciment. Cette évolution est en partie due à l’influence des échanges commerciaux avec le Moyen-Orient, mais aussi à l’urbanisation croissante de la région.
Les maisons ont une cour intérieure plus vaste et souvent entourée de hauts murs. Ces murs, faits de briques, offrent une intimité nécessaire dans les zones plus peuplées et protègent les habitations des vents chauds. L’architecture s’oriente aussi vers un style plus fermé, avec moins de fenêtres donnant sur l’extérieur. Cette disposition réduit l’impact de la chaleur tout en assurant la sécurité des habitants.
Un autre aspect de ces maisons est l’utilisation de la terrasse sur le toit, très prisée dans les régions chaudes. Les habitants montent sur les toits pour y passer du temps en soirée, quand les températures baissent. Cet espace devient alors un lieu de convivialité, où l’on peut échapper à la chaleur du jour.
Les maisons de cette région centrale montrent également des influences architecturales modernes. Les villes comme Khartoum intègrent de plus en plus des concepts d’architecture contemporaine tout en conservant certains aspects traditionnels. Cela se traduit par des maisons plus hautes et des constructions à plusieurs étages, mais également par l’utilisation de climatisation moderne. Cette cohabitation entre tradition et modernité reflète les dynamiques sociales et économiques de la région.
Les huttes traditionnelles
Les huttes au Soudan et au Soudan du Sud témoignent d’une remarquable diversité, reflet des paysages variés et des modes de vie des nombreuses ethnies de la région. Construites à partir de matériaux naturels comme la paille, le bois, et la boue, ces structures sont une adaptation aux exigences climatiques et aux modes de vie pastoraux ou agricoles. La hutte du peuple Kachipo est circulaire et recouverte de chaume, conçue pour résister aux pluies de cette région tropicale. Leur architecture assure une bonne ventilation, ce qui permet de maintenir une température agréable malgré l’humidité et la chaleur.
Les huttes du peuple Nouba, installés dans les montagnes du Kordofan, sont en cercle plus marqué, avec des murs en terre et des toits coniques en paille. Ces structures sont conçues pour isoler du climat aride de leur région, où les écarts de température entre le jour et la nuit sont importants. Leur disposition en terrasses témoigne d’une volonté de se prémunir des éventuelles crues dans cette zone montagneuse.
D’autres groupes comme les Dinka ou les Dassanech adaptent leur architecture à un mode de vie pastoral. Les Dinka construisent des luaks, des huttes de terre et de chaume. Les toits coniques assurent la ventilation nécessaire dans des zones marécageuses et chaudes. La hutte Dassanech, peuple semi-nomade vivant à la frontière avec l’Éthiopie et le Kenya, est de forme ronde, légère et facilement démontable. Ces structures sont composées de branches et de roseaux ou recouvertes de peaux d’animaux, un choix de matériaux qui permet une grande mobilité. Les Dassanech peuvent ainsi se déplacer à la recherche de pâturages pour leur bétail, démontant et reconstruisant rapidement leurs abris au gré de leurs besoins. Chacune de ces huttes, malgré sa simplicité apparente, illustre l’ingéniosité des peuples du Soudan à façonner leur habitat selon leur environnement et leur mode de vie.
Les maisons en brique de boue
Les maisons en brique de boue occupent une place centrale dans l’architecture soudanaise, surtout dans les régions rurales. La brique de boue, produite à partir de terre argileuse mélangée à de l’eau, est un matériau largement utilisé en raison de sa disponibilité et de son faible coût.
Ce type de construction, bien adapté aux climats chauds et secs du Soudan, offre une isolation thermique naturelle. Les murs épais, une fois séchés au soleil, permettent de maintenir une température intérieure plus fraîche pendant les journées chaudes et de retenir la chaleur durant les nuits fraîches.
Ces maisons se distinguent par leur simplicité et leur robustesse, étant souvent construites avec l’aide de la communauté dans un processus collaboratif qui renforce les liens sociaux au sein des villages.
La flexibilité de la brique de boue permet aussi une variété dans la taille et la forme des maisons, offrant ainsi une architecture modulaire qui s’adapte aux besoins spécifiques des familles.
Dans les régions rurales, ces maisons s’intègrent dans le paysage avec leurs teintes naturelles qui varient selon la composition de la terre locale. Si les influences modernes introduisent parfois des matériaux comme le ciment pour renforcer certaines structures, les maisons en brique de boue, avec leurs toits plats, sont une solution architecturale largement utilisée pour leur efficacité et leur faible coût.
Les tentes nomades
Au Soudan, plusieurs peuples nomades, comme les Toubou, les Bédouins, et les Rashayda, utilisent des tentes conçues pour leur mode de vie mobile. Les tentes des Toubou, faites de matériaux naturels comme des branches et de la paille, sont légères et adaptées à la mobilité, tout en offrant une protection contre le vent et la chaleur du désert. Les Bédouins et les Rashayda, quant à eux, construisent leurs tentes avec des poils de chèvre tissés, un matériau résistant aux conditions désertiques. Ces tentes sont montées sur des structures en bois et peuvent être facilement démontées pour permettre les déplacements.
Dans la région du Darfour, d’autres groupes nomades utilisent des tentes transportables faites de bâches ou de tissus, renforcées avec des branches d’arbres. Bien que chaque peuple ait ses propres variations en termes de forme et de matériaux, les tentes soudanaises partagent un objectif commun : offrir une protection contre les éléments tout en étant faciles à déplacer. Ces tentes sont à la fois un abri et un reflet des modes de vie nomades adaptés aux environnements difficiles du Soudan.