L’architecture en Argentine est constituée d’une collection variée de styles et de modèles qui brossent un tableau de l’histoire du pays, de sa culture, de sa géographie et de ses conditions météorologiques !
L’architecture coloniale
L’ère coloniale espagnole a laissé de nombreux vestiges d’un passé colonial prospère mais ces maisons et bâtiments ont été détruits au fil du temps. Il y a encore quelques endroits en Argentine où vous pouvez vous faire une idée de ce qu’était l’architecture autrefois. La région du Nord-Ouest du pays a la plus grande concentration de cette architecture coloniale bien conservée, en particulier à Salta.
Le Couvent San Francisco, situé au cœur de Salta, est l’un des joyaux les plus emblématiques de l’architecture coloniale en Argentine. Construit au 18ème siècle, ce monument impressionne par sa façade colorée et élégante, où se marient harmonieusement des tons de rouge et de jaune ocre, accentués par des ornements blancs délicatement sculptés. Son clocher, qui culmine à plus de 50 mètres, est l’un des plus hauts d’Amérique du Sud et offre une vue imprenable sur la ville. Ce couvent n’est pas seulement un lieu de culte, mais aussi un symbole vivant de l’histoire de Salta, où l’art, la spiritualité et l’héritage colonial se rejoignent pour offrir aux visiteurs une expérience culturelle et spirituelle.
À proximité, la ville de Jujuy possède également quelques bâtiments coloniaux bien conservés dans le centre, mais un tremblement de terre a fait que ce qui reste se trouve côte à côte avec des ajouts modernes. Corrientes dans la région d’El Litoral est une des plus anciennes villes du pays et a évité la modernisation à tout prix afin de préserver son centre ville colonial attrayant.
Córdoba est aussi idéale, c’est une ville moderne qui a réussi à garder son architecture traditionnelle. Ici vous pouvez voir quelques-uns des meilleurs bâtiments coloniaux de l’Argentine, notamment la cathédrale vieille de 200 ans (la plus ancienne du pays) et le Cabildo du 18ème siècle.
L’architecture du 20ème siècle
En comparaison, Buenos Aires ne possède plus aucun vestige colonial et est idéale pour admirer les édifices du 20ème siècle qui dominent l’horizon. Les quartiers sud de Buenos Aires, comme San Telmo, possèdent tout de même quelques exemples de vieilles demeures coloniales, mais elles sont maintenant dans un état de délabrement total. En ville, il y a des bâtiments vitrés modernes aux lignes épurées et aux concepts innovants, influencés par les styles modernes d’architectes comme Le Corbusier.
Ici, l’évolution architecturale du 20ème siècle a été marquée par une rupture avec les styles traditionnels. Le quartier de Puerto Madero, autrefois un port en déclin, a été transformé à partir des années 1990 en un symbole de renouveau urbain, abritant des tours résidentielles et des bâtiments commerciaux ultra-modernes, conçus par des architectes de renommée internationale. Les gratte-ciels de verre et d’acier qui dominent aujourd’hui cet ancien quartier industriel illustrent parfaitement l’influence du mouvement international, avec une préférence pour la verticalité, les matériaux modernes, et une esthétique minimaliste qui contraste fortement avec les façades ornées du passé colonial.
Ce style moderne est également très apparent dans la ville de Rosario, la troisième plus grande ville d’Argentine qui s’est affirmée au cours du 20ème siècle comme un centre d’innovation architecturale, fusionnant tradition et modernité. Le Monument national au drapeau, conçu par les architectes Alejandro Bustillo et Ángel Guido, est un exemple emblématique de cette époque. Le style brutaliste, caractérisé par l’usage du béton brut et des formes géométriques imposantes, a également laissé son empreinte sur la ville, offrant un contraste saisissant avec les quartiers plus anciens.
Les maisons colorées de La Boca
Les maisons colorées du quartier de La Boca à Buenos Aires sont une image emblématique et photogénique de l’Argentine, reflétant à la fois l’histoire et l’esprit vibrant de cette communauté ouvrière. Situé près de l’ancien port, La Boca était autrefois un quartier d’immigrants, principalement italiens, qui s’installèrent là à la fin du 19ème siècle. Dans ce contexte de pauvreté, les résidents utilisaient les matériaux qu’ils pouvaient trouver pour construire leurs maisons, souvent en tôle ondulée.
Ce sont les restes de peinture provenant des chantiers navals voisins qui furent utilisés pour donner vie aux façades, créant ainsi une palette de couleurs vives et éclectiques. Les murs sont peints en rouge, bleu, vert, jaune, et d’autres teintes éclatantes, chaque maison devenant une œuvre d’art en soi.
Ce phénomène, devenu une marque de fabrique de La Boca, a conféré au quartier une atmosphère unique, où l’audace et la créativité se mêlent à la simplicité. Le Caminito, une rue piétonne emblématique du quartier, est aujourd’hui un musée en plein air où les maisons colorées, associées à des sculptures et à des œuvres d’art, racontent l’histoire de ce quartier ouvrier devenu un symbole culturel.
Les maisons colorées de La Boca ne sont pas seulement une curiosité touristique, elles sont le reflet d’une identité collective, celle d’une communauté qui a transformé la précarité en une explosion de couleurs et d’expressions artistiques, contribuant à l’âme vive et indomptable de Buenos Aires.
Les structures de l’Ouest de l’Argentine
Dans l’ouest de l’Argentine, particulièrement dans la région de Mendoza, l’architecture des maisons a été fortement influencée par la sismicité élevée de la région. Les tremblements de terre fréquents ont façonné un style architectural caractérisé par des structures de faible hauteur, conçues pour résister aux secousses sismiques. Contrairement aux immeubles imposants que l’on trouve dans d’autres parties du pays, les maisons à Mendoza sont souvent construites avec des matériaux légers et flexibles, tels que l’adobe, le bois, et plus récemment, des briques et du béton armé. Ces constructions à un ou deux étages maximisent la sécurité tout en minimisant les risques de dommages en cas de séisme. Les toits sont généralement plats ou à faible pente, renforcés pour empêcher les effondrements.
De plus, l’urbanisme de Mendoza privilégie de larges rues et des espaces ouverts, pour faciliter la circulation de l’air dans cette région aride, mais aussi pour offrir des zones d’évacuation sûres en cas de catastrophe naturelle. Cet ensemble de caractéristiques donne à l’architecture de Mendoza un aspect à la fois fonctionnel et adapté à son environnement naturel, démontrant la manière dont l’ingéniosité humaine s’adapte aux défis géologiques pour créer des habitats sûrs et durables.
L’architecture européenne
En Patagonie, dans les villes de Bariloche et San Martín de los Andes, l’architecture reflète une influence européenne distincte, rappelant les chalets alpins d’Allemagne et d’Autriche.
Ces villes, nichées au cœur des montagnes, se caractérisent par des maisons traditionnelles construites à la fin du 19ème siècle par des immigrants européens. Les murs en lattes de bois, souvent issus des forêts locales, confèrent aux habitations une chaleur rustique qui se fond dans l’environnement naturel. Les toits rouges lumineux, inclinés pour s’adapter aux hivers neigeux, ajoutent une touche de vivacité.
Bariloche, en particulier, est souvent comparée à une station alpine suisse, avec son architecture pittoresque qui comprend des maisons, des hôtels, des églises et des édifices publics construits dans le même style alpin. Le centre-ville est un mélange d’éléments de pierre et de bois, avec des balcons fleuris et des pignons dentelés, créant une atmosphère qui évoque les villages européens.
De son côté, San Martín de los Andes conserve une ambiance plus intime et tranquille, avec ses rues bordées de maisons en bois, reflétant la simplicité et l’élégance de l’artisanat traditionnel. Cette influence germanique et autrichienne a donné à la Patagonie argentine une identité architecturale unique, où les traditions européennes rencontrent la beauté sauvage et majestueuse des Andes.
L’architecture galloise
Plus au sud, dans la vaste vallée du Chubut en Patagonie, l’architecture prend une tournure unique grâce à l’influence des colons gallois qui s’y sont établis au milieu du 19ème siècle. Ces pionniers ont apporté avec eux leurs traditions architecturales distinctives, créant un paysage étonnamment gallois au cœur de l’Argentine. La vallée du Chubut, et en particulier les villages comme Gaiman, est parsemée de petites maisons charmantes, construites dans le style typiquement gallois. Ces maisons, souvent en briques rouges ou en pierre, se distinguent par leurs toits en ardoise, leurs cheminées caractéristiques et leurs jardins soignés, reflétant le souci du détail et la simplicité élégante des habitations rurales galloises.
L’une des caractéristiques les plus remarquables de cette région est la présence de plus de trente chapelles galloises, disséminées dans la vallée. Ces petites églises, construites en bois ou en pierre, sont des témoins précieux de la foi et de la communauté des colons gallois, et leur architecture simple mais harmonieuse s’intègre parfaitement dans le paysage naturel.
Gaiman, en particulier, est un trésor pour les amateurs d’architecture et d’histoire. Le village est célèbre pour ses maisons traditionnelles, mais aussi pour ses salons de thé gallois, où l’on peut encore aujourd’hui déguster des pâtisseries et des thés selon les recettes d’antan. Cette fusion de culture galloise et de paysage patagonien crée une atmosphère unique, où le passé européen se mêle à la Patagonie.