La Médina de Fès est un site du patrimoine mondial de l’UNESCO et possède plus de 3000 maisons traditionnelles. Il existe plusieurs types de maisons à Fès et dans les styles il y a un large éventail d’architecture qui est intéressante. Voici une liste des habitations de Fès, au Maroc.
Les riads de Fès
Les maisons de la médina sont de différents types. Le plus connu d’entre eux est le riad. Un riad (également orthographié Ryhad) est un exemple classique de ce genre de maisons à Fès. En général, les riads sont composés de plusieurs niveaux avec au moins deux salons autour d’une cour centrale. Une fontaine siège généralement au centre de la cour avec un salon central pour les réunions et les visiteurs.
Une grande porte d’entrée contenant une petite porte qui est utilisée pour la plupart des occasions conduit les visiteurs de l’extérieur (souvent austère) vers les intérieurs richement ornés. Ces portes sont sculptées et peintes sur certains des riads les mieux préservés ou restaurés et possèdent généralement au moins un heurtoir de fer lourd, ce qui leur donne un charme très particulier.
A l’intérieur, arbres fruitiers, plantes décoratives, plâtre sculpté, et fleurs se combinent pour former un salon chaleureux et luxueux ou un espace ludique destiné à inspirer les invités.
Au rez-de-chaussée, les salons sont remplis avec des coussins tissés, des tapis épais et des canapés confortables de faible hauteur qui bordent les murs. Au niveau de la rue, toute l’attention est concentrée vers l’intérieur et ce n’est qu’en montant les escaliers étroits qu’il y a des fenêtres. Cette particularité était faite pour la sécurité de la famille, puisque les femmes, en général, ne quittent pas la maison sans voile, mais à l’intérieur elles portent des vêtements plus confortables pour gérer la maison et se détendre. Ainsi, ces hautes fenêtres étaient pour la sécurité et pour protéger le harem des regards indiscrets.

Outre les salons, la cuisine et les toilettes sont habituellement sur le rez-de-chaussée, bien que cela ait été changé dans de nombreux travaux de rénovation ces dernières années. De nombreuses fontaines publiques existent à Fès, principalement parce que l’eau courante n’était pas à l’intérieur des maisons communes de la Médina. Aujourd’hui, la plupart des riads ont l’eau… dans le passé seuls les plus riches pouvaient se permettre de la plomberie en terre cuite qui apportait de l’eau à l’intérieur.
Un escalier très étroit (ou parfois deux) conduit au deuxième étage. Ce niveau était principalement utilisé pour le stockage ou le divertissement des femmes lorsque des visiteurs masculins extérieurs à la famille arrivaient en visite. Les étages supérieurs étaient utilisés pour dormir pendant les mois d’hiver, lorsque la chaleur naturelle remonte. L’inverse est également vrai (et pratique) en été.
Le niveau du toit, traditionnellement le domaine des femmes et des enfants, offre une vue sur la médina. Certains toits ont aussi un beau salon et une zone de terrasse pour manger des repas ou se divertir. Dans les temps anciens, il était courant d’entourer le toit avec de hauts murs pour protéger la vie privée, surtout les femmes engagées dans le lavage, la cuisson et la préparation des denrées alimentaires.


Les dars de Fès
Les dars sont de plus petites versions des riads, bien que ce ne soit pas toujours vrai. Typiquement, ils ne contiennent ni le jardin, ni la fontaine. S’ils ont une cour centrale, elle est souvent beaucoup plus petite que dans un Riad, mais encore une fois, il y a toujours des exceptions. L’architecture et la disposition est similaire mais le plus souvent réduite à une grandeur moins palatiale. Ci-dessous : Dar Mounadim à Fès.
Dans la médina de Fès, les dars se distinguent par leur dimension résolument domestique et leur fonction résidentielle. Généralement occupés par des familles urbaines de la classe moyenne ou artisanale, ces habitats sont conçus pour optimiser l’espace sur de petites parcelles, tout en préservant l’intimité des occupants. Les pièces s’organisent autour d’une cour intérieure exiguë, qui assure la ventilation et la fraîcheur. L’absence de végétation ou de fontaine ne nuit pas au raffinement du lieu : on y trouve souvent un sol en zellige, des enduits sculptés et des boiseries ouvragées, témoignant du savoir-faire local.
Contrairement aux riads, les dars n’ont pas vocation à impressionner, mais à offrir un cadre de vie confortable, fonctionnel et protégé du tumulte de la rue. Ils incarnent une autre facette de l’architecture traditionnelle fassie : discrète, ingénieuse et adaptée à la densité de la médina. Beaucoup de ces dars ont été restaurés et transformés en maisons d’hôtes ou en résidences d’artisans, participant à la préservation du tissu urbain historique et à la redécouverte de modes de vie anciens, enracinés dans l’histoire de Fès.


Les massreiyas de Fès
Les massreiyas (ou msriyya, masriya) désignent à Fès des appartements traditionnels situés à l’étage, au-dessus d’un commerce ou d’un atelier, dans la médina. Contrairement aux riads et aux dars, ces logements ne possèdent généralement ni cour centrale, ni fontaine, ni jardin intérieur.
L’espace de vie s’organise autour d’un ou deux salons et de chambres, disposés en enfilade ou autour d’un couloir, le tout accessible par un escalier étroit qui monte directement depuis la rue. Ce type d’habitat est né de la densification urbaine : il permettait à des familles, souvent modestes ou artisanes, d’occuper un espace indépendant tout en profitant de l’animation du quartier.
Si certaines massreiyas bénéficient d’éléments décoratifs de qualité (zelliges marocains, plâtres sculptés ou boiseries), la plupart sont simples et fonctionnelles, loin du faste des grandes maisons fassies. Le rez-de-chaussée abrite généralement un magasin, un atelier ou un espace de stockage. Autrefois, ces appartements étaient destinés aux membres de la famille élargie, par exemple un fils aîné, ou mis en location. L’absence de cuisine ou d’eau courante était fréquente dans les massreiyas traditionnelles, mais la majorité a été rénovée pour répondre aux exigences actuelles de confort. Ce mode d’habitat témoigne de l’ingéniosité urbaine de Fès et complète la diversité des formes résidentielles de la médina.

Les caravansérails de Fès
Les caravansérails étaient utilisés par les voyageurs sur les grandes routes des caravanes du Sahara de Tombouctou à Fès. Puisque ceux-ci ne sont pas des logements pour la famille et que les femmes ne voyagent pas non accompagnées, ces bâtiments ont été construits pour les hommes. Les hommes avec des chameaux, des chevaux, et de grandes quantités de marchandises qui avaient besoin d’être stockées et protégées. En raison de la nature mercantile de ces logements, ils étaient parfois les plus richement décorés de la médina, mais ce n’est plus vraiment le cas. De nos jours, les habitants de la médina se réfèrent souvent à eux avec le terme arabe standard pour hôtel « fondouk » ou même « fundook ».
Ces fondouks, disséminés dans les principaux quartiers marchands de Fès, ont une architecture fonctionnelle adaptée à leur double usage (hébergement et dépôt de marchandises). Le bâtiment s’organise autour d’une vaste cour, bordée de galeries à arcades desservant des cellules individuelles sur plusieurs niveaux. Les rez-de-chaussée étaient réservés aux animaux et marchandises, et les étages accueillaient les chambres des marchands et voyageurs. Les portails massifs, ornés de zelliges et de bois sculpté, témoignent de l’importance commerciale de ces lieux à l’époque des grandes caravanes.
Aujourd’hui, plusieurs fondouks historiques de Fès ont été restaurés ou reconvertis pour accueillir des artisans, des ateliers ou des expositions, tout en préservant leur structure d’origine. C’est le cas du fondouk Nejjarine (en photographie ci-dessous) qui a été transformé en musée. Ils demeurent un témoignage vivant du passé marchand de la médina et offrent aux visiteurs l’occasion de découvrir une facette méconnue du patrimoine urbain marocain, entre traditions commerciales et savoir-faire artisanal.


Les ksars de Fès
Enfin, pour ceux qui étaient des classes dirigeantes, bien sûr, il y avait de véritables palais qui étaient construits sur le même plan général qu’un riad mais à une échelle beaucoup plus grande. Ces palais sont appelés « ksar » (pensez « château ») et sont en général constitués de vastes terrains, de plusieurs maisons, avec un niveau d’opulence qui assommait littéralement les visites royales européennes. Un exemple est le magnifique Musée Batha (ci-dessous), qui appartenait autrefois à un sultan marocain.
À Fès, les ksars se distinguent par l’ampleur de leur conception et la sophistication de leur organisation spatiale. Microcosmes urbains, ils comprennent plusieurs cours intérieures, de vastes jardins plantés d’orangers, de palmiers et d’essences rares, ainsi que des pavillons annexes destinés aux invités, aux domestiques ou à l’administration. Les espaces de réception rivalisent de raffinement : stucs finement sculptés, plafonds en cèdre peint, sols recouverts de zelliges et collections de fontaines, le tout mis en scène pour mettre en valeur le prestige de leurs propriétaires. L’agencement des pièces répond à un protocole strict, séparant les zones réservées à la vie publique des parties plus privées.

Au-delà de leur vocation résidentielle, les ksars de Fès ont souvent servi de centres de pouvoir, d’administration ou de diplomatie. Ils accueillaient des audiences, des fêtes fastueuses et des réunions politiques, renforçant ainsi la stature de leurs occupants dans la société marocaine. Aujourd’hui, beaucoup de ces palais ont été transformés en musées, en institutions culturelles ou en résidences de prestige, permettant ainsi au grand public d’admirer la richesse architecturale et artistique de ce patrimoine exceptionnel. Le Musée Batha, par exemple, offre un témoignage éloquent de l’art de vivre raffiné et du génie décoratif qui caractérisaient les grandes demeures de l’élite fassie.