Les habitats traditionnels des Mossi, majoritairement implantés sur le plateau central du Burkina Faso, constituent un exemple emblématique d’architecture vernaculaire adaptée aux conditions climatiques sahéliennes et aux modes de vie agropastoraux. Chaque concession reflète une organisation sociale structurée et précise, et un savoir-faire transmis sur plusieurs générations.
Organisation spatiale de la concession mossi
La maison mossi s’inscrit dans un ensemble plus large : la concession familiale. Celle-ci regroupe plusieurs unités d’habitation autour d’une cour centrale, protégée par une enceinte en banco. L’accès se fait généralement par un passage étroit, parfois coudé, afin de limiter l’intrusion du vent, du sable et des regards extérieurs. La disposition des cases répond à des règles : les logements des anciens, des femmes, des jeunes garçons et des visiteurs sont clairement identifiés. Au cœur de la concession, le grenier à céréales (souvent en forme de petit silo surélevé) occupe une place stratégique.


Techniques de construction et matériaux
La construction repose sur l’utilisation du banco, mélange de terre argileuse, d’eau et parfois de paille hachée. Ce matériau local, modelé à la main puis séché à l’air libre, confère aux murs une forte inertie thermique : il protège les habitants des fortes amplitudes thermiques en journée comme la nuit. Les murs, souvent épais de 30 à 50 cm, présentent une surface extérieure lissée ou parfois décorée de motifs.
La couverture varie selon les sous-groupes mossis et les ressources disponibles. Le toit plat en terre stabilisée, couramment utilisé sur le plateau central, favorise la récupération d’eau de pluie et sert parfois de lieu de séchage ou de repos. Dans d’autres régions, la toiture conique en chaume de mil ou de sorgho se retrouve sur les cases rondes. Ce type de couverture assure une bonne évacuation des eaux et limite la surchauffe intérieure. Aujourd’hui on voit parfois des toits en tôles ondulées, elles ont un symbole de statut bien qu’elles rendent les cabanes plus chaudes et plus bruyantes pendant les pluies.

Typologies d’habitats
La typologie dominante est la case ronde à murs en banco, couverte d’un toit conique en paille. Cette forme optimise la résistance aux vents, réduit les points d’entrée de chaleur et simplifie la maintenance : le chaume peut être remplacé sans toucher à la structure murale. Il y a aussi des cases rectangulaires ou carrées à toiture plate, réservées aux chefs de famille ou utilisées comme cuisines et réserves.
Dans certaines concessions, les bâtiments d’habitation et les espaces annexes sont reliés par des passages couverts ou de petits murs bas. Cette articulation spatiale renforce la cohésion entre les différents membres du foyer tout en facilitant la circulation à l’abri du soleil.


Valeur patrimoniale et enjeux contemporains
Les maisons mossis témoignent d’une remarquable adéquation entre l’architecture, l’environnement et la société. Ce modèle vernaculaire, éprouvé par le temps, inspire aujourd’hui certains projets contemporains valorisant les matériaux locaux, la gestion passive de la chaleur et la modularité des espaces. Cependant, l’exode rural, la pression foncière et l’essor de nouveaux matériaux (ciment, tôle) modifient progressivement l’apparence des villages et la transmission des savoirs constructifs.
Préserver la diversité des architectures traditionnelles mossis, tout en accompagnant leur évolution, contribue à la valorisation d’un patrimoine local et adapté aux défis actuels du climat et de la société. Les maisons mossis illustrent la capacité d’une communauté à construire son habitat en lien avec ses besoins, ses ressources et son environnement naturel. Un habitat à préserger pour les futures générations.