Les maisons à travers l’Érythrée

En Érythrée, les maisons ne sont pas simplement des bâtiments fonctionnels ; elles sont le reflet d’une richesse culturelle unique, marquée par les influences arabo-ottomanes, coloniales italiennes et les savoir-faire locaux. Que l’on se promène dans les rues d’Asmara avec ses bâtisses Art déco, que l’on découvre les maisons coralliennes de Massawa sur la mer Rouge ou que l’on explore les habitations circulaires des peuples Saho, chaque région dévoile des trésors architecturaux qui incarnent l’âme de ce pays. À travers cet article, nous vous proposons un voyage au cœur des maisons érythréennes.

Les Hidmo : les maisons de la région du Tigré

Les maisons hidmo, typiques des régions rurales, en particulier dans les hauts plateaux du Tigré, incarnent une architecture traditionnelle bien ancrée dans la culture érythréenne. Ces habitations sont construites en pierre et se distinguent par leur toit plat soutenu par de larges poutres en bois. L’épaisseur des murs en pierre, allant parfois jusqu’à un mètre, garantit une excellente isolation thermique.

Les maisons traditionnelles hidmo sont généralement de forme rectangulaire, et leur toiture plate est conçue pour être fonctionnelle. Les habitants utilisent cet espace pour faire sécher les récoltes ou pour dormir à la belle étoile durant les nuits chaudes. L’intérieur est souvent divisé en deux parties : l’une pour la cuisine et l’autre pour les espaces de vie. Ces maisons typiques représentent un parfait exemple d’adaptation aux conditions climatiques et d’optimisation des ressources locales.

Les maisons du peuple Saho

Les maisons du peuple Saho, visibles dans la région d’Ingale près de Foro au sud de Massawa, diffèrent des habitations en pierre que l’on peut voir dans les montagnes ou les zones rurales plus fraîches. Ces habitations, faites de branchages et de chaume, sont adaptées au climat et aux ressources limitées.

Construites avec des matériaux naturels comme le bois, les branches et des herbes sèches, ces maisons sont légères et faciles à assembler. Les murs sont formés en tressant des branches, puis renforcés avec de la végétation séchée. Le toit en chaume aide à protéger contre la chaleur intense et offre une certaine isolation. Bien que rudimentaires, ces habitations fournissent un abri et sont démontables et peuvent être réaménagées facilement en fonction des besoins de la communauté et des saisons.

Cette architecture minimaliste permet également aux habitants de construire rapidement, en tirant parti des matériaux locaux sans nécessiter de lourds investissements. Les maisons du peuple Saho illustrent bien l’adaptabilité et la résilience des populations face aux contraintes de leur environnement.

maison de branchage et Érythrée

Les maisons de Massawa : un héritage arabo-ottoman

Massawa, ville portuaire sur la mer Rouge, abrite un patrimoine architectural unique en Érythrée, influencé par l’histoire arabo-ottomane et égyptienne. Ici, les maisons traditionnelles se distinguent par des structures en corail et des influences orientales. Les murs sont construits à partir de blocs de corail, un matériau léger mais solide, parfait pour résister à la chaleur humide de la région côtière.

Ces maisons présentent souvent des balcons en bois finement sculptés, rappelant l’architecture arabe, et des fenêtres aux persiennes ajourées, qui permettent de gérer la circulation de l’air. Le rez-de-chaussée est réservé aux activités commerciales ou artisanales, tandis que les étages sont consacrés aux espaces de vie. À l’intérieur, les pièces sont fraîches, grâce à des plafonds hauts et des courants d’air traversants. Les vieilles maisons de Massawa sont un témoignage vivant de l’influence étrangère sur l’architecture locale et illustrent comment le commerce maritime a façonné le style de la ville.

L’architecture coloniale italienne d’Asmara

Asmara, capitale de l’Érythrée, est connue pour son architecture d’influence italienne, héritée de l’époque coloniale. Dans les années 1930, les urbanistes italiens ont conçu la ville en y intégrant des bâtiments modernistes et Art déco, en contraste avec les styles traditionnels érythréens. Les maisons de style colonial se distinguent par leurs lignes épurées, leurs façades colorées et ornées, et leurs balcons.

Certains quartiers d’Asmara ont des maisons individuelles inspirées des villas européennes, dotées de jardins et d’espaces verts, souvent entourés de murets. Les maisons ont de grandes fenêtres, apportant une luminosité naturelle qui tranche avec les maisons plus traditionnelles. L’architecture coloniale d’Asmara est aujourd’hui un trésor national, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle reflète un moment de l’histoire érythréenne et fait de la ville un musée à ciel ouvert pour les visiteurs.

maison italienne à Asmara

Les maisons circulaires des plaines

Dans les régions habitées par les peuples Tigrés, on trouve des maisons rondes, construites en pierre et en terre, avec un toit conique de chaume ou de tôle. Ces maisons circulaires, appelées appelée Tukul en langue Tigre et Agudo en Tigrinya, sont conçues pour maximiser l’espace intérieur tout en offrant une structure stable. Leur forme arrondie aide à répartir la chaleur et à résister aux vents forts.

Le toit en chaume est construit sur une charpente en bois. L’intérieur est sobre, avec un foyer central pour la cuisine, qui sert aussi de source de chaleur pendant les nuits fraîches. La forme circulaire de ces maisons favorise la convivialité et s’inscrit dans une tradition de vie collective. Ce modèle d’habitat témoigne de l’influence des techniques de construction ancestrales, transmises aux générations.

Les maisons modernes en béton dans les villes

Dans les grandes villes érythréennes, les matériaux modernes comme le béton commencent à remplacer les méthodes traditionnelles, en particulier pour les bâtiments à étages. Le béton, bien que plus coûteux, offre une résistance et une durabilité qui conviennent aux besoins croissants en logement urbain. Les habitations modernes sont souvent dotées de balcons et de fenêtres plus larges.

Les maisons modernes adoptent des éléments de confort, salles de bains et cuisines, marquant un écart avec les maisons traditionnelles, où ces espaces étaient séparés. Toutefois, ces nouvelles constructions intègrent parfois des éléments de l’architecture locale, comme des cours intérieures ou des couleurs chaudes inspirées du désert. L’architecture urbaine moderne en Érythrée représente une transition vers un mode de vie plus contemporain tout en conservant un lien avec les racines culturelles.

Asmara
Asmara

Un patrimoine inspirant et ancré dans la vie érythréenne

Les maisons érythréennes, de la simple hidmo de pierre aux maisons coralliennes de Massawa, racontent une histoire riche de diversité et de savoir-faire. Chaque type d’habitat, avec ses matériaux, ses formes et ses agencements, est le reflet de la résilience et de l’adaptabilité des habitants. Ces constructions incarnent une harmonie entre l’homme et son environnement, un équilibre entre tradition et modernité.

Découvrir les maisons à travers l’Érythrée, c’est entrer dans un monde où chaque pierre, chaque poutre et chaque toit raconte une nouvelle histoire. En tant que visiteur ou résident, on ne peut qu’admirer ce patrimoine vivant, témoignage d’une culture profondément enracinée dans son territoire.

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