Il existe différentes typologies d’habitations traditionnelles en Sardaigne, telles que la maison haute dans les régions vallonnées et montagneuses, construites en pierre et en bois, et les maisons avec cour en ladiri (briques de terre crue) du Campidano (voir mon article sur les maisons en terre crue de Sardaigne). Il y a aussi le stazzu en Gallura (qui est originaire de Corse) et le furriadroxiu et le medau dans le le Sulcis et le Sulcis-Iglesiente.
Mis à part ces habitations traditionnelles, les maisons typiques en Sardaigne sont le plus souvent construites en pierre (locale lorsque c’est possible) avec un toit de tuiles rouges traditionnel. La pierre reste parfois apparente ou est recouverte d’un enduit qui sera ensuite peint en blanc. Le toit est toujours le traditionnel toit en tuiles rouges.
Mais beaucoup de maisons en Sardaigne sont également peintes dans les tons jaunes et ocres et on trouve aussi des maisons de toutes les couleurs (bleu, vert, jaune, rouge, mauve, etc) comme à Bosa, un superbe village dans la province d’Oristano, sur la côte ouest de l’île.
Dans les grandes villes de Sardaigne, on trouve beaucoup de bâtiment de deux ou trois étages avec des appartements. Selon les villes ou les régions, ces bâtiments sont parfois délabrés ou rénovés. Je dirai que la plupart sont rénovés, bien plus qu’en Corse en tout cas.
Lors de mon séjour en Sardaigne, j’ai remarqué que de nombreux habitants plaçaient des plantes en pot devant leur maison. C’est souvent le cas dans les villages mais aussi dans les plus grandes villes et cela donne un vrai charme aux rues et ruelles !
Certains villages sont également de vrais musées à ciel ouvert, avec de nombreuses maisons recouvertes de fresques, comme Orgosolo. De nombreux murs du centre historique sont magistralement peints par les mains d’un artiste de rue. Il y a des femmes qui manifestent pour défendre leurs droits, il y a un soldat qui ne veut plus aller à la guerre, il y a un De Andrè qui chante et il y a l’histoire de quand les habitants d’Orgosolo se sont opposés à l’armée italienne. Et avec le temps, c’est devenu une attraction touristique incontournable.
Les peintures murales sont nées comme une forme artistique de protestation et d’expression créative libre contre le pouvoir. Orgosolo peut être définie comme la capitale du muralisme italien avec ses 150 peintures murales qui attirent des milliers de touristes. La première est signée par Dionysos en 1969, nom collectif d’un groupe d’anarchistes, auquel d’autres ont été ajoutés pour honorer la Résistance et la libération de l’Italie du fascisme nazi. La passion politique et sociale a donné lieu à des peintures murales collectives avec des personnages qui racontent la vie des bergers, la misère et les luttes pour la terre dans les années 60 et 70 et les transformations de la société italienne dans les deux décennies suivantes. Des peintures à l’eau extrêmement périssables sont utilisées pour peindre. Lorsqu’elles sont endommagées, les œuvres ne sont repeintes que si la communauté en ressent le besoin sinon elles sont vouées à disparaître. Les styles des peintures sont assez divers et vont de l’impressionnisme à l’hyperréalisme, de la peinture naïve au réalisme.
Même des villes comme San Sperate, Villamar, Serramanna, Tinnura (en photographie ci-dessous), Suni, Palau et Montresta ont cultivé au fil des années ce phénomène artistique et social qui s’exprime encore aujourd’hui sur des enjeux mondiaux et internationaux. Il existe également des dizaines de peintures murales qui ornent de nombreux autres villages de l’arrière-pays sarde, comme ceux de Fonni ou de San Gavino, qui racontent avec leur propre langue les coutumes et la culture des gens qui y vivent.
À Carbonia, Iglesias, Ozieri et San Teodoro, les maisons qui bordent les voies de transport sont devenues au fil du temps les toiles d’une expérimentation artistique globale. Les peintures murales sardes représentent aujourd’hui une nouvelle forme de mobilier urbain mais dans la plupart des cas elles gardent le message d’un art collectif et populaire inchangé, sous le jugement de ceux qui viennent les admirer chaque jour.