La technique de la voûte nubienne : construire avec la terre crue

En architecture, une voûte nubienne est une surface incurvée formant une structure voûtée. Construire un toit solide sans bois ni tôle. C’est ce que permet la voûte nubienne, une méthode ancienne qui revient sur le devant de la scène. Elle est simple, locale, et adaptée à des régions où le bois est rare.. La technologie est préconisée par les écologistes comme respectueuse de l’environnement et durable puisqu’elle fait usage de la terre pure sans le besoin du bois. La technologie est d’origine Soudanaise Nubienne.

Une technique venue du Nil

La voûte nubienne, comme son nom l’indique, vient du nord du Soudan et du sud de l’Égypte. On la retrouve le long du Nil, là où les ressources sont limitées. Depuis des siècles, les maisons nubiennes sont bâties avec cette technique. Et ils continuent. Ce n’est pas un effet de mode. C’est une solution à un problème concret : comment couvrir un espace quand on n’a ni charpente ni planches ?

Un des avantages clés de la voûte nubienne est qu’elle peut être construite sans aucun support ou coffrage. Les briques de terre sont posées inclinées en légère pente contre les murs en pignon dans une voûte en longueur, comme sur la photo ci-dessous d’un bâtiment en ruine d’Ayn Asil en Égypte. Le même principe peut être utilisé pour construire des dômes, comme pour la case obus du peuple Mousgoum.

voûte nubienne

Le principe, simplement

La voûte nubienne repose sur une idée simple. On utilise de la terre crue, souvent sous forme de briques, pour construire les murs, mais aussi la toiture. Pas besoin d’un coffrage ou d’un support temporaire. On pose chaque brique à plat, légèrement inclinée, en appui sur le mur de départ, puis sur la brique précédente. On avance comme ça, brique après brique. À la fin, la voûte se tient toute seule.

Pourquoi la terre crue ?

La terre crue est partout, facile à façonner, à réparer et à recycler. Elle garde la fraîcheur à l’intérieur, même quand il fait chaud dehors. Elle isole bien du bruit. Et surtout, elle ne coûte presque rien. Dans beaucoup de villages, c’est le seul matériau disponible. Pas besoin d’importer. Pas besoin d’usine.

Comment ça se construit ?

Pour construire une voûte nubienne, il faut d’abord des fondations solides. On commence par monter deux murs parallèles. Ils vont servir de support à la voûte. Ensuite, on prépare les briques de terre. Elles sont moulées à la main ou à l’aide de moules simples, puis séchées au soleil.

La clé de la technique de la voûte nubienne, c’est l’angle d’inclinaison. On pose la première rangée de briques contre le mur, en la faisant déborder un peu vers l’intérieur. Chaque brique suivante vient s’appuyer sur la précédente. Pas besoin de coffrage ni de cintre. On avance rangée par rangée, jusqu’à ce que les deux murs soient reliés par la voûte. Un ouvrier peut construire seul, sans gros outillage.

La forme de la voûte

La voûte n’est ni complètement ronde ni pointue. Elle suit une courbe régulière, assez basse. On parle souvent de “voûte en berceau”. Ce n’est pas un hasard : cette forme répartit bien le poids sur les murs, et elle est stable. On peut construire des voûtes de plusieurs mètres de long. Pour couvrir des espaces plus larges, on place plusieurs voûtes côte à côte, séparées par des murs de refend.

intérieur d'une maison en voûte nubienne

Un savoir-faire local

Cette méthode demande de la précision et de l’expérience. On apprend souvent sur le chantier, avec les personnes qui savent déjà le faire. Les gestes sont transmis d’une génération à l’autre.

Ce n’est pas une technique figée. Chaque maçon adapte le procédé à la terre du lieu, au climat, à la taille des briques. Il faut s’ajuster, parfois improviser. Mais le principe de base ne change pas.

Avantages au quotidien

Une maison à voûte nubienne, c’est d’abord un abri solide. Les murs sont épais, la voûte résiste bien au temps. Il y a peu d’entretien. En cas de fissure, il suffit de réparer avec un peu de terre et d’eau.

Ensuite, la maison garde une température agréable. La terre crue emmagasine la fraîcheur la nuit, la restitue le jour. L’hiver, elle garde la chaleur intérieure. On peut vivre sans climatisation.

Autre point et grand avantage : cette technique de construction limite les importations de matériaux coûteux. Tout est fait sur place. Cela crée de l’emploi local et valorise le savoir-faire traditionnel.

Limites et adaptations

La voûte nubienne n’est pas adaptée à tous les climats. Dans les régions très humides, la terre crue peut se déliter. Il faut alors stabiliser les briques, par exemple en ajoutant un peu de chaux, ou protéger la toiture avec un enduit imperméable. Dans certains cas, une avancée de toit permet aussi de limiter l’impact.

Autre limite : la portée des voûtes reste modeste. Pour de grands espaces, il faut diviser la pièce ou ajouter des appuis intermédiaires. Mais ce n’est pas forcément un problème dans les villages, où les pièces sont de taille modérée. Cette contrainte encourage souvent à concevoir des habitations plus compactes.

Une technique qui inspire

Depuis 2000, une ONG franco-burkinabé dénommée La Voûte Nubienne, en simplifiant et en codifiant la technique VN (Voûte Nubienne), a favorisé la construction de plus de 1600 bâtiments voûtés au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal , mais aussi une église catholique, plusieurs mosquées, des écoles, des centres d’alphabétisation et un dispensaire. Ces bâtiments ne nécessitent ni tôles importées pour la toiture, ni ciment pour les murs, ni poutres en bois coûteuses et de plus en plus rares.

Plus de 260 maçons ont été formés à la technique et il y a autant d’apprentis actuellement en formation sur le chantier. Le programme organisé par La Voûte Nubienne « Toits de terre pour le Sahel » connaît une croissance d’environ 30% d’une année sur l’autre en réponse à la demande des familles rurales, avec de nombreuses demandes d’aide et de conseils techniques venant des pays du Sahel et de plus loin (Un programme a été lancé en Zambie début 2009 sous l’égide d’AVN-Belgique).

Des ONG et des coopératives locales reprennent la méthode, l’adaptent, l’enseignent. Certaines combinent la voûte nubienne avec d’autres techniques, comme les murs porteurs en pierre ou en béton de terre. L’important, c’est de garder l’essence du procédé : faire beaucoup avec peu.

Une réponse à la crise du logement

Dans plusieurs régions, la population augmente vite. Les villes s’étendent. Construire des logements décents devient urgent. Le bois coûte cher, le ciment également. Beaucoup de familles n’ont pas les moyens d’acheter ces matériaux. La voûte nubienne apporte une réponse locale, adaptée, durable. Elle permet de construire vite, à moindre coût, en utilisant les ressources du sol.

Un impact écologique limité

Construire en terre crue, c’est limiter l’empreinte carbone. Il n’y a pas de cuisson, donc pas d’émission de CO2. Pas de transport longue distance. Pas de déchets toxiques. Quand la maison est abandonnée, elle retourne à la terre. Rien n’est perdu. La maison se fond dans la nature, sans impact durable.

L’isolation naturelle évite le recours à la climatisation ou au chauffage électrique. Cela permet de réduire la consommation d’énergie sur la durée. Même si la technique n’est pas parfaite, elle s’inscrit dans une logique de sobriété. On vit ainsi confortablement sans gaspiller d’énergie.

maisons en voûte nubienne

Exemples de réalisations

Aujourd’hui, on trouve des villages entiers construits avec cette technique, du Soudan au Burkina Faso. À Boromo, au Burkina, un centre de santé entièrement voûté a vu le jour. À Dédougou, plusieurs écoles utilisent ce principe. Ces bâtiments sont solides, confortables et adaptés à leur environnement.

Des architectes comme Francis Kéré ou Hassan Fathy se sont intéressés à la voûte nubienne. Fathy, dans les années 1940, a démontré que l’on pouvait construire des maisons belles, durables et bon marché avec cette méthode. Kéré, plus récemment, s’en est inspiré pour ses projets en Afrique.

La technique de la voûte nubienne ne date pas d’hier. Elle est pourtant très actuelle. Elle montre qu’on peut faire simple, efficace, local. Elle ne résout pas tout. Mais elle offre une solution là où le bois manque et où la terre ne coûte rien. Redonner sa place à la voûte nubienne, c’est valoriser des gestes anciens. C’est aussi parier sur l’intelligence collective, le partage du savoir-faire, la sobriété et la résilience.

2 réflexions au sujet de “La technique de la voûte nubienne : construire avec la terre crue”

  1. Hello vINCENT,

    TU CONNAIS LA VOUTE NUBIENNE, CELA VAUT LA PEINE DE S’INTERESSER à CE TYPE DE CONSTRUCTION DURABLE , éCOLO ET à MOIDNRE COÛT POUR LE DISPENSAIRE DU bURKINA.
    bISES

    af

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  2. Bonsoir a tous.
    Je suis intéressé par cette technique et je veux experimenter en tant technicien du bâtiment, entrepreneur prometteur et surtout ici dans le Sahel mais mon problème est au niveau du plancher haut s’il s’agit du R+1.
    Faut faire une dalle en béton armé ?

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