La case obus du peuple Mousgoum

La case obus, architecture traditionnelle des Mousgoum du Cameroun, est un exemple étonnant de conception vernaculaire adaptée aux défis climatiques et culturels locaux. Ancrées dans l’histoire et l’ingéniosité de ce peuple du bassin du Logone, ces habitations uniques sont le fruit d’une maîtrise impressionnante des matériaux naturels et d’une recherche esthétique singulière.

Ces hautes habitations coniques faites de boue séchée au soleil ne cessent d’attirer des visiteurs dans la ville de Maga. Et il existe des variétés de conception avec certaines cases ayant une forme inverse en V, et d’autres avec des dessins géométriques. Dénommées « Case Obus » (les Mousgoum l’appellent « Toleukakay » : tolek), ces huttes se dressent comme une preuve indéniable de la force et de la créativité architecturale du peuple Mousgoum, formant des vues incroyables à photographier.

Origines et contexte géographique

Les Mousgoum, vivant au nord du Cameroun et dans le bassin du Logone, sont réputés pour leurs constructions en terre. Cette région, où le climat est aride avec des pluies saisonnières intenses, exige des solutions architecturales capables de résister aux intempéries. Ces habitations vernaculaires, ou cases obus, émergent donc de la combinaison de contraintes climatiques et des ressources disponibles.

Conception et caractéristiques distinctives

La case obus du peuple Mousgoum se distingue avant tout par sa forme caractéristique. Cette structure, qui rappelle un obus ou une ruche, est conçue pour optimiser la stabilité et la répartition des charges. Les parois incurvées suivent un modèle dit d’arc caténaire, une forme naturelle et autoportante qui répartit efficacement les forces gravitationnelles. Ce design minimalise l’usage de supports supplémentaires, permettant aux murs de s’élever sans nécessiter de structures internes de renforcement.

Le sommet a une ouverture ou un orifice destiné à la ventilation. Cela assure une circulation d’air qui tempère la chaleur des journées et réduit l’humidité intérieure. Cet orifice peut aussi être refermé lors des averses, préservant l’intérieur de l’eau tout en favorisant une régulation naturelle de la température.

orifice en haut d'une case obus

Matériaux et techniques de construction

La construction de la case obus Mousgoum utilise des matériaux locaux, principalement de la terre crue, compressée et modelée en briques ou en couches successives. Cette approche utilise une technique de pose en spirale : chaque couche de terre est compactée et séchée avant d’ajouter la suivante, créant ainsi une structure solide et stable. Ce processus rend la construction lente mais robuste.

La terre elle-même joue un rôle dans l’isolation de la case obus du peuple Mousgoum. En effet, ce matériau naturel présente une inertie thermique idéale pour ce climat : il garde la fraîcheur durant la journée et conserve la chaleur la nuit. En optant pour des matériaux de proximité, les Mousgoum réduisent l’empreinte écologique de leurs constructions tout en assurant un confort thermique optimal.

Les parois cannelées : une innovation ingénieuse

L’un des éléments les plus remarquables des cases obus est la présence de parois cannelées. Ces cannelures verticales, sculptées dans la terre, ont un double rôle : elles renforcent la structure tout en facilitant l’écoulement de l’eau lors des pluies torrentielles. Cette particularité limite l’érosion des murs et prolonge ainsi la durée de vie de l’habitat. De plus, les cannelures permettent aux habitants d’escalader la case pour effectuer des réparations ou ajuster l’ouverture de ventilation située au sommet.

cases obus

Adaptation climatique et durabilité

Les cases obus illustrent une adaptation ingénieuse au climat extrême du nord Cameroun. L’architecture sphérique et les cannelures contribuent à la résistance de l’édifice face aux vents violents et aux fortes pluies. Le matériau terreux, outre ses propriétés isolantes, absorbe et restitue progressivement l’humidité ambiante, ce qui prévient les dégradations rapides causées par les changements climatiques.

Dans un contexte contemporain, où les constructions durables gagnent en importance, ces habitations présentent une solution inspirante. Elles montrent qu’avec des ressources minimales et une connaissance approfondie du milieu naturel, il est possible de créer des espaces de vie résilients et écologiques.

Symbolique et valeur patrimoniale

Les cases obus sont un symbole identitaire pour le peuple Mousgoum. Leur architecture particulière fait partie intégrante de leur culture et constitue un repère visuel fort dans la région. En tant que témoignage de savoir-faire ancien, elles incarnent aussi un patrimoine précieux, valorisé pour sa singularité.

Avec les évolutions de modes de vie et l’arrivée de nouveaux matériaux, les constructions en terre compressée tendent à disparaître. Cependant, des efforts de conservation sont entrepris pour préserver cet héritage culturel et encourager les nouvelles générations à maintenir ces techniques. Les cases obus sont un lien entre passé et présent, un rappel de l’adaptabilité et de la richesse culturelle des Mousgoum.

case obus mousgoum

L’avenir de l’architecture vernaculaire des Mousgoum

Bien que les cases obus du peuple Mousgoum soient de moins en moins construites de nos jours, elles suscitent un intérêt grandissant dans les milieux académiques et touristiques.

Leur ingéniosité inspire les architectes et écologistes cherchant des solutions locales et durables. En revisitant ces techniques anciennes, il devient possible d’imaginer des habitations qui répondent aux enjeux climatiques actuels tout en s’intégrant harmonieusement dans leur environnement.

Les cases obus incarnent une architecture vernaculaire alliant esthétisme, adaptation climatique et durabilité. Ce modèle architectural, façonné par les contraintes locales et les savoir-faire ancestraux, illustre une compréhension fine de l’environnement et une volonté de créer des habitats en harmonie avec la nature. En étudiant et en préservant ces édifices, nous contribuons à sauvegarder un patrimoine unique, mais également à enrichir notre vision de l’architecture durable pour l’avenir.

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2 réflexions au sujet de “La case obus du peuple Mousgoum”

  1. Combien coûte la construction d’une des cases? Je rêve en avoir un jour ,
    Merci

    • Je ne sais pas du tout, désolé.

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