En 1851, Louis-Napoléon Bonaparte prend le pouvoir après un coup d’État et promeut le nouvel Empire. Le très républicain Victor Hugo est alors obligé de s’exiler pour fuir le régime de Napoléon III. En 1855, il achète une maison sur l’île anglo-normande de Guernesey. Il y vivra jusqu’en 1870 et aura supervisé lui-même toute la décoration et l’agrandissement de la maison. Une extraordinaire curiosité ouverte au public.
Une demeure luxueuse
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la demeure de Victor Hugo était luxueuse. Elle s’étend sur 1 156 mètres carrés et offre une décoration aussi chargée que luxueuse. Le célèbre écrivain a lui-même supervisé la décoration de chaque pièce, ainsi que l’agrandissement de la maison avec la construction d’une serre et d’un look-out sur le toit. Il y écrivait debout, face à la mer, et il y aurait écrit l’intégralité du roman Les travailleurs de la mer.
La première impression que fait cette maison lorsqu’on la visite, c’est celle d’une décoration trop chargée. Un architecte d’intérieur à Paris spécialisé dans le luxe de nos jours aurait travaillé pour obtenir un intérieur plus minimaliste. Cependant, ce n’était pas la mode il y a 160 ans et Victor Hugo n’avait pas lésiné sur les tapisseries, les collections d’assiettes, les peintures et tous les éléments de décoration possibles et imaginables.
Un décorateur inventif
Ce n’est donc évidemment pas avec les yeux d’un décorateur intérieur du XXIe siècle qu’il faut regarder cette maison, mais bel et bien avec ceux de la curiosité historique et artistique. Effectivement, Victor Hugo avait rivalisé d’inventivité pour reproduire un intérieur dans lequel il passa de nombreuses années à regarder les côtes françaises qui lui étaient inaccessibles. Il avait également fait venir certains éléments de décoration de son appartement parisien.
Apparemment, il passait des journées entières à dessiner des meubles et des plans pour construire ensuite lui-même sa propre décoration et superviser les travaux d’agrandissement. Résultat, la décoration est éclectique et chargée. Seul le troisième étage est plus classique. Cet étage était réservé à l’auteur et il y avait sa chambre et son bureau de travail. C’est au troisième étage de cette maison chargée en histoire et en passion que Victor Hugo aurait fini Les Misérables.
Un jardinier émérite également
Lors de la visite de la maison, il ne faut pas non plus oublier d’aller faire un tour du côté du jardin que l’écrivain semblait aimer entretenir également. Il est difficile de savoir exactement ce qu’il y faisait pousser, puisque ces plantes ont depuis longtemps été remplacées. En revanche, Victor Hugo lui-même a laissé quelques écrits sur la question.
Ainsi, il lui arrivait parfois de parler de ce jardin de Guernesey dans lequel il avait installé des figuiers, des asperges et des choux de mer. Bref, cette maison est une incontournable curiosité historique, autant pour les amateurs de décoration intérieure que d’histoire et de littérature. Dans cette maison, se sont écrit des morceaux de l’histoire française, ce qui lui vaut largement son statut de maison hors du commun.