Richmond Great House est une grande maison en bois posée sur une colline, face à l’Atlantique. Vous la trouverez côté est de Tobago, au-dessus de Belle Garden, vers Glamorgan. L’endroit est calme, avec une vue large. On y vient pour voir une architecture coloniale encore debout et, surtout, pour regarder en face ce qu’a été la vie d’une plantation. Le site accueille des visites, parfois des séjours, selon les périodes.
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Où se trouve la maison et comment y aller ?
Depuis Scarborough, suivez la Windward Road vers Roxborough, puis montez à gauche en direction de Belle Garden. Des panneaux indiquent la propriété. Le dernier tronçon grimpe dans la végétation, jusqu’au portail. Vous êtes alors au-dessus de la côte, avec un vent régulier et des vues sur les cultures et la mer. Certains circuits organisés intègrent un arrêt ici, ce qui simplifie l’accès et la prise de rendez-vous.
Petit conseil pratique : il arrive que le portail de Richmond Great House soit fermé en dehors des visites. Téléphonez au numéro indiqué ou passez par un tour opérateur local qui gère l’ouverture. Un récit de voyage signale qu’un appel a suffi pour être accueilli et guidé dans les pièces principales.
Une chronologie courte pour situer
La maison date du XVIIIᵉ siècle. Des sources de voyage et de presse la situent en 1766. Elle fait partie des rares “great houses” encore visibles sur l’île. On l’a d’abord connue au cœur d’un domaine sucrier. À la fin du XIXᵉ siècle, comme beaucoup d’exploitations de Tobago, l’activité s’est tournée vers le cacao puis la noix de coco. Les vestiges des anciennes sucreries subsistent encore dans le paysage.
Jusqu’en 1973, la propriété a appartenu à des familles anglaises. Elle a ensuite été achetée par le professeur Hollis R. Lynch, historien, Tobagonien, longtemps enseignant à l’université Columbia à New York. C’est un point important pour comprendre l’esprit du lieu aujourd’hui.
Ce que l’on voit en arrivant
Le bâtiment principal est en bois, surélevé, avec un escalier en façade. Une galerie court le long des pièces. Les ouvertures sont grandes, souvent à persiennes, et la charpente laisse circuler l’air. Sous la maison, des espaces en demi-niveau protègent de la pluie et du soleil. Le but est de : s’abriter, ventiler, capter la lumière sans surchauffe. Ces choix sont typiques des grandes maisons antillaises, adaptées à l’humidité, au vent et aux pluies tropicales. Les murs, peints dans des tons clairs, réfléchissent la lumière et limitent la chaleur, une astuce reprise dans de nombreuses demeures coloniales de la Caraïbe.
Le jardin compte une piscine moderne et des arbres d’ombrage. On distingue des immortelles, utilisées autrefois comme abat-soleil naturels au-dessus des cacaoyers. Ce détail rappelle la conversion agricole du domaine après l’âge du sucre. Plus loin, quelques alignements de pierres marquent encore l’emplacement des anciennes terrasses de culture, témoins silencieux d’un travail patient et régulier.
L’histoire courte d’une industrie longue
Tobago a vécu du sucre pendant près de deux siècles. Cette richesse reposait sur le travail forcé de femmes, d’hommes et d’enfants réduits en esclavage. Après l’abolition, le modèle des plantations a vacillé. Certaines ont disparu, d’autres se sont reconverties. Richmond a suivi la pente du cacao et de la noix de coco, plus adaptés à l’époque et au marché. Dans la maison, la grande salle, les chambres et les pièces de réception parlent d’un mode de vie fondé sur un fort déséquilibre social.
Un propriétaire qui change le récit intérieur
Depuis les années 1970, le professeur Hollis R. Lynch a donné un autre sens aux lieux. Les meubles d’origine ont en grande partie disparu. Il a installé, à la place, des cartes, des tableaux et des objets issus du continent africain. L’idée est claire : faire entrer la mémoire africaine dans une demeure construite sur l’exploitation de personnes d’ascendance africaine. Le geste est sobre, sans effet. Il permet de visiter en pensant aux trajectoires humaines, pas seulement à l’esthétique des boiseries.
Une maison d’hôtes… selon les périodes
La maison a longtemps accueilli des voyageurs. On y a compté une dizaine de chambres, un séjour à l’ancienne, des terrasses aérées. Les réservations ont connu des pauses. Certains sites indiquent une mise en sommeil temporaire. D’autres affichent encore des pages de présentation.
Architecture : ce que le plan raconte
Le plan de la Richmond Great House est hiérarchisé. Les pièces de réception dominent la façade et la vue. Les chambres principales s’alignent le long de la galerie. On circule en enfilade, avec des portes qui laissent l’air passer. Les sols en bois craquent un peu. Les hauteurs sous plafond allègent la chaleur. Les auvents protègent les façades des pluies obliques. À l’étage, les baies à jalousies et fenêtres à guillotine répondent à un besoin simple : ventiler sans ouvrir en grand pendant les grains.
À l’extérieur, le perron, la galerie et les marches invitent à vivre à la limite dedans/dehors. On comprend pourquoi ces maisons se perchaient : vues dégagées, brise constante, défense de l’humidité. Quand on lève les yeux, la charpente raconte l’art des charpentiers locaux. C’est un savoir-faire ancré dans toute la Caraïbe plantationnaire, visible aussi dans d’autres “great houses” de la région, avec des variantes.
Pourquoi cette maison compte à l’échelle de Tobago
Richmond Great House figure parmi les plus anciennes et les mieux conservées des maisons de plantation de l’île. Elle concentre plusieurs couches : l’économie sucrière, la bascule vers le cacao et la noix de coco, l’ouragan Flora qui a nécessité des réparations, puis l’appropriation par un propriétaire qui assume l’histoire africaine de Tobago. Vue ainsi, la maison est un repère pour comprendre la côte est : plantations en bandes, villages accrochés, routes sinueuses, pluies qui montent des vallées.
Une grande maison en bois du XVIIIᵉ siècle, suspendue au-dessus de l’Atlantique, témoin d’une histoire lourde et d’une reconversion agricole. Une visite qui se prépare, se vit au calme et laisse de la place aux questions.