Vous cherchez les maisons victoriennes les plus riches en détails de Boston ? Rendez-vous à Jamaica Plain, surtout sur la colline de Sumner Hill et autour de Monument Square. Ce secteur parle de l’essor d’un faubourg desservi par le tramway, quand les familles aisées ont quitté le centre pour des maisons en bois aux volumes généreux, porches profonds et palettes audacieuses. Les habitants les appellent parfois “Painted Ladies” : des demeures où la couleur souligne pignons, tourelles, frises et menuiseries. Ici, la polychromie s’accorde à la lumière des saisons et au dessin des rues arborées.
Partout où vous regardez dans le quartier de Jamaica Plain à Boston, il y a de la couleur. Des peintures murales festives de communautés d’artistes, la palette est lumineuse et variée. Mais certaines des meilleures couleurs proviennent des maisons « Painted Ladies » de l’époque victorienne qui font d’une promenade un festin pour les yeux. Les maisons victoriennes colorées de Jamaica Plain sont nombreuses. Bien qu’elles ne soient pas aussi célèbres que leurs homologues de la côte ouest, les Painted Ladies de San Francisco), les habitations disseminées dans Jamaica Plain sont tout aussi adorables.
Jamaica Plain, faubourg victorien sur colline
Jamaica Plain s’est développé comme “streetcar suburb”. La topographie y crée des enfilades de façades et des points hauts qui mettent en scène les silhouettes : toits brisés, oriels, tours d’angle.
Les rues de Sumner Hill composent un ensemble homogène de maisons de la fin du XIXᵉ siècle, reconnu comme district historique et souvent présenté comme l’un des meilleurs concentrés d’architecture victorienne du secteur bostonien. Des visites guidées à pied y sont proposées par la Jamaica Plain Historical Society, au départ de la Loring-Greenough House.
Deux cœurs historiques : Sumner Hill et Monument Square
Sumner Hill se repère aux parcelles profondes, aux porches enveloppants et à la profusion de bardeaux décoratifs. Le bâti est surtout en bois, avec une variété d’ossatures et de parements. À quelques rues, le district de Monument Square dessine un autre visage, plus mixte : maisons individuelles, équipements civiques et une trame urbaine issue d’anciens domaines réorganisés au tournant du XXᵉ siècle. La notice du registre national signale un spectre large de styles, du Late Victorian au Bungalow/Craftsman. L’église First Church, Eliot Hall et l’Eliot School structurent le paysage urbain autour du monument aux soldats.
Qu’entend-on par “Painted Ladies” à Jamaica Plain ?
Le terme vient des années 1970, mais l’usage local désigne surtout des maisons victoriennes où la peinture met en valeur les moulures, lambrequins, modillons et garde-corps.
À Jamaica Plain, l’expression s’applique autant à des Queen Anne exubérantes qu’à des Second Empire sages repeintes dans des accords à trois, quatre, voire cinq teintes. La presse bostonienne l’emploie pour des demeures de Sumner Hill : couleurs soutenues, vitraux, boiseries travaillées. Cela illustre bien l’esprit du quartier : une mise en couleur qui révèle l’architecture plus qu’elle ne la masque.
Un catalogue de styles
Vous croiserez un patchwork très lisible de typologies. Les Queen Anne dominent : asymétrie, tourelles, bow-windows, toitures complexes. Les Shingle jouent la texture avec des bardeaux en écaille, losange ou queue-de-castor. Les Italianate affichent corniches saillantes, encadrements moulurés et, parfois, un belvédère central. Des Second Empire au toit mansardé ponctuent certaines rues et contrastent avec les grandes villas isolées. Ce mélange vient de la chronologie et d’un marché en plein essor entre 1870 et 1910, quand le tramway rend le secteur attractif et que les catalogues de menuiseries décoratives diffusent les mêmes motifs d’une rue à l’autre. Des reportages récents parlent même de “maisons arc-en-ciel”, façon directe de décrire les palettes franches visibles à l’angle des carrefours.
Détails de façade : lecture et mise en couleur
La façade victorieuse à Jamaica Plain s’organise souvent en trois plans. Le corps reçoit une teinte moyenne qui porte la maison à l’œil. Les garnitures (encadrements, frisettes, bandeaux) prennent une nuance plus claire pour faire ressortir les arrêtes. Les accents (balustres, rosaces, consoles) supportent le ton le plus soutenu. Le quartier offre une leçon de dosage : sur une Queen Anne très découpée, quatre teintes passent aisément ; sur une Italianate aux parois lisses, deux ou trois suffisent. Les gammes dites “historiques”(bruns chocolat, verts sapin, gris bleutés, prune, terre cuite, olive) se rencontrent souvent, mais la règle tacite tient au contraste mesuré et à la cohérence d’ensemble.
Trois rues pour mesurer l’éventail
Autour d’Elm Street et des axes qui montent vers le sommet, les parcelles laissent respirer porches et escaliers, avec des vues obliques où la couleur accroche la lumière. Sur Greenough Avenue, un petit groupe de maisons Second Empire en brique, photographié par la JP Historical Society, rappelle que la polychromie peut aussi vivre par les boiseries, persiennes et portes — pas seulement par les grands pans de mur. Plus bas, du côté de Seaverns et Carolina Avenue, l’association locale documente des maisons où les campagnes successives ont mêlé influences Greek Revival, Gothic Revival puis Queen Anne, ce qui explique la richesse des profils et la diversité des palettes.
Pourquoi cela tient aussi au paysage ?
La colline impose des vues en coupe et des alignements brisés. Les façades se lisent souvent de biais, depuis un trottoir en pente. C’est l’angle où un filet clair sous une corniche, une rambarde plus sombre, ou l’intrados peint d’un porche changent la perception des volumes. Les grands arbres, très présents à Jamaica Plain, filtrent la lumière d’été et verdissent les teintes proches du gris ; en hiver, la neige renvoie une clarté qui avive les tons profonds. Les photographes s’en servent : lumière rasante du matin sur les rues est-ouest, fin d’après-midi sur les rues nord-sud, objectif standard pour respecter les proportions. Ces choix expliquent pourquoi le quartier se prête si bien aux reportages sur les “rainbow houses”.
Une histoire sociale lisible dans les façades
Sumner Hill s’est bâti grâce à des investisseurs et des familles influentes, dans un climat d’engagement civique fort. Les circuits de visite évoquent des propriétaires liés aux mouvements abolitionnistes ou au suffrage féminin. On y cite aussi des destins singuliers, comme James Dole, futur “Pineapple King”, passé par Roanoke Street. Même si certaines sources sont plus anecdotiques, elles rappellent le statut résidentiel du secteur au tournant du siècle et la circulation d’idées qui a accompagné son urbanisation.
À voir pendant une promenade
Un parcours court permet d’embrasser l’éventail. Départ à la Loring-Greenough House sur South Street, puis montée vers Elm Street et Greenough Avenue. Vous longerez des Italianate sobres, des Queen Anne très découpées et quelques maisons Second Empire rares pour le secteur. Faites un crochet par Monument Square pour lire l’assemblage maisons-équipements-monument. Les visites guidées gratuites de la JP Historical Society aident à repérer les détails passés inaperçus lors d’une première balade.
Pourquoi Jamaica Plain marque les esprits ?
Au fil de quelques rues, vous lisez un siècle d’habitudes de bâtir : la maison de bois comme objet d’artisan, la diffusion industrielle des décors, la montée en gamme d’un faubourg desservi par le tram, puis la redécouverte patrimoniale par les habitants. Les “Painted Ladies” de Jamaica Plain révèlent la logique des volumes, elles donnent du rythme aux alignements, elles dialoguent avec les arbres et la pente. C’est ce mélange qui fait revenir les visiteurs et nourrit les visites guidées saison après saison.