Les maisons rurales au Tadjikistan : de l’adobe aux toits du Pamir

La plupart des Tadjiks continuent de vivre en qishlaqs (villages). Ces établissements comprennent généralement des maisons unifamiliales construites le long d’un canal d’irrigation ou au bord d’une rivière. Traditionnellement, des clôtures de boue entourent les maisons et des toits plats les couvrent, et chaque domicile est étroitement lié à un verger adjacent ou à un vignoble. Dans les montagnes, les qishlaqs, situés dans des vallées étroites, forment de plus petites colonies, de 15 à 20 ménages.

Sur les pentes abruptes, le toit plat d’une maison sert souvent de cour pour la maison au-dessus. Ce mode de construction domiciliaire rend les villages de montagne du Tadjikistan très vulnérables aux dommages causés par les forts tremblements de terre fréquents qui caractérisent cette région.

Matériaux et organisation de l’habitat

Les maisons rurales tadjikes sont traditionnellement construites en adobe (terre crue moulée et séchée au soleil), en pierre sèche ou en pisé, selon la disponibilité locale des matériaux.

Dans les vallées du sud et de l’ouest, où le climat est plus doux, les murs sont souvent réalisés en briques de terre crue renforcées par des poutres en bois. Dans les régions montagneuses du Pamir et du Haut-Badakhchan, la pierre domine : les murs massifs, épais de plus d’un mètre, apportent une inertie thermique essentielle face aux hivers rigoureux. Les toits plats sont recouverts d’une couche de terre battue qui assure l’isolation et peut être utilisée pour le séchage des fruits, du foin ou du bois.

L’organisation intérieure des maisons traditionnelles du Tadjikistan suit généralement un schéma fonctionnel précis. L’entrée conduit à une cour fermée où l’on trouve l’étable, le four en terre (tandir) et parfois un petit jardin potager. La pièce principale, appelée mehmonkhona (salle des invités), est soigneusement décorée et constitue un espace central de sociabilité. Les tapis (qolins) et les coussins disposés au sol permettent de transformer l’espace en lieu de réception, de repas ou de repos. Cette flexibilité spatiale reste l’une des caractéristiques fondamentales de l’habitat tadjik.

Les maisons pamiriennes : un cas particulier

Dans les hautes vallées du Pamir, les maisons présentent une architecture spécifique, connue sous le nom de chid. Leur toit repose sur cinq poutres maîtresses symboliques, représentant les saints de l’islam ismaélien, religion majoritaire dans la région du Haut-Badakhchan. L’éclairage provient d’une ouverture carrée dans le toit, appelée chorkhona (« quatre coins »), qui sert à la fois de fenêtre, de puits de lumière et d’évacuation pour la fumée du foyer. Cet élément structurel est à la fois pratique et spirituel, puisqu’il renvoie à la cosmologie pamirienne. Voir notre article sur la maison traditionnelle du Pamir.

Les maisons pamiriennes sont aussi des espaces collectifs, utilisés pour les cérémonies religieuses, les mariages et les réunions communautaires. Chaque famille investit une grande part de son identité et de son prestige dans l’entretien de cet espace. L’UNESCO a d’ailleurs reconnu la valeur patrimoniale de cette architecture en soutenant des projets de préservation depuis les années 2000.

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