La Somalie abrite des vestiges de maisons en pierre, témoins d’un passé glorieux. Ces habitations, construites dans plusieurs villes de la côte et de l’intérieur, illustrent l’apogée des royaumes et cités-États somaliens médiévaux, notamment les sultanats d’Adal, de Mogadiscio, d’Ajuran et de Geledi. À travers ces constructions, se dessine un portrait d’une époque où le commerce, l’architecture et la culture prospéraient sur ce territoire, relié aux routes commerciales de la Corne de l’Afrique.
Des villes en pierre : une époque prospère
Les royaumes et cités-États somaliens médiévaux étaient influencés par leurs réseaux commerciaux, qui s’étendaient au-delà des frontières régionales. Grâce à ces échanges lucratifs, plusieurs dizaines de villes de pierre ont vu le jour à travers la Somalie, aussi bien à l’intérieur des terres que sur les côtes. Ces cités, dont Mogadiscio, Berbera, et Zeila, étaient des centres névralgiques du commerce caravanier et maritime, facilitant les échanges avec des régions aussi éloignées que la péninsule arabique, l’Inde et la Perse.
Ibn Battuta, célèbre voyageur arabe, visitait Mogadiscio au début du 14ème siècle et décrivait cette ville comme « infinie », en raison de sa taille et de son dynamisme. Vasco de Gama, explorateur portugais, notait pour sa part, au 15ème siècle, la présence de grandes maisons en pierre, certaines atteignant jusqu’à cinq étages, ainsi que de magnifiques palais dans le centre de la ville. Ces bâtiments témoignent du savoir-faire architectural et de l’importance de Mogadiscio dans les réseaux commerciaux de l’époque.
Un réseau commercial florissant
Les maisons en pierre somaliennes incarnaient la prospérité de leurs propriétaires, souvent des marchands, qui profitaient des échanges commerciaux entre la Somalie et d’autres centres économiques de la Corne de l’Afrique et au-delà. Les villes côtières comme Merca, Barawa et Bulhar étaient des plaques tournantes de ce commerce longue distance, reliant les routes caravanières aux routes maritimes.
Le commerce intérieur, florissant à l’époque médiévale, a laissé des traces sous la forme de villes en ruines à travers la Somalie. Ces cités, aujourd’hui abandonnées, révèlent l’existence d’un réseau commercial dynamique reliant les régions intérieures aux villes côtières.
Des sites comme Amud et Abasa, autrefois prospères au 15ème siècle, comptaient des centaines de bâtiments en pierre, certains s’élevant sur plusieurs étages et avec plusieurs pièces. Ces villes, aujourd’hui en ruines, sont les vestiges d’un passé où le commerce intérieur somalien jouait un rôle central.
Les villes intérieures : des constructions massives
Si les villes côtières comme Mogadiscio sont bien connues pour leur architecture en pierre, les régions intérieures de la Somalie comptent aussi des villes historiques marquées par ce type de construction. Amud et Abasa, par exemple, situées dans les terres, sont deux sites archéologiques majeurs. Au 15ème siècle, ces villes prospéraient grâce à leurs réseaux commerciaux. Elles abritaient plus de 200 bâtiments en pierre, certains dotés de plusieurs pièces et s’élevant sur plusieurs étages. Les ruines s’étendent sur 2,4 km de circonférence, témoignage de l’ampleur de ces cités autrefois florissantes.
Un autre exemple frappant est Goan Bogame, située dans le district de Las Anod. Cette grande ville antique, aujourd’hui en ruines, comptait également environ 200 bâtiments en pierre. Son architecture est similaire à celle des anciens quartiers de Hamar Weine et Shangani à Mogadiscio, ce qui témoigne de la diffusion des styles architecturaux entre les différentes régions du pays. Ces structures massives sont aujourd’hui des témoignages silencieux d’une époque de prospérité économique et culturelle.
Les traces d’un héritage durable
Les maisons en pierre de la Somalie sont le reflet d’une société complexe et avancée, capable de bâtir des structures adaptées à l’environnement et aux besoins. Ces habitations solides, construites avec des matériaux locaux comme le corail et la pierre, symbolisent la capacité d’adaptation des somaliens face aux défis posés par leur climat aride et la nécessité d’assurer des échanges commerciaux continus.
Bien que beaucoup de ces cités soient aujourd’hui en ruines, elles restent un héritage important du passé médiéval de la Somalie. Leur architecture révèle un savoir-faire technique avancé, mais également une société prospère, connectée au reste du monde par des routes commerciales internationales. Les maisons en pierre de Somalie continuent d’enchanter les historiens et les archéologues, qui y voient des témoins directs d’une période d’échanges intenses et de richesse culturelle.
Ces villes, qu’elles soient côtières ou intérieures, montrent l’importance de l’architecture en pierre dans le paysage somalien, une tradition qui perdure encore aujourd’hui dans certaines régions du pays.