Kaskinen est une singularité dans le paysage urbain finlandais : une petite ville portuaire dont le centre historique, presque entièrement bâti en bois, a traversé les siècles sans perdre son caractère originel.
Fondée au XVIIIᵉ siècle sur une petite île de la côte ouest, elle devait incarner un projet d’expansion. La réalité fut tout autre : la croissance n’est jamais venue, mais ce ralentissement a finalement permis à la ville de conserver un ensemble d’habitations en bois parmi les plus homogènes du pays.
Parcourir ses rues, c’est saisir d’un coup d’œil l’histoire architecturale du littoral botnien, depuis les maisons de notables jusqu’aux dépendances modestes des artisans. Kaskinen offre un aperçu rare de l’urbanisme finlandais d’autrefois, tout en étant habité et façonné par ses propres usages.
Histoire de la ville de Kaskinen
La décision d’établir une ville à Kaskinen a été prise dès 1765. De grands espoirs ont été appliqués à la nouvelle ville, qui devait devenir un bourg prospère avec 548 sites résidentiels potentiels. Pour assurer la croissance de la nouvelle ville, les mesures de promotion appliquées à Vaasa et à Kristiinankaupunki furent temporairement suspendues et leurs habitants furent contraints de s’installer dans la nouvelle ville.
Malgré cet effort promotionnel, Kaskinen n’a jamais vraiment prospéré. La structure urbaine décrite dans le plan d’urbanisme n’a jamais été mise en œuvre dans la pratique, car il n’y avait pas assez d’habitants.
Dans les années 1840, 150 lots avaient été construits. Aujourd’hui, Kaskinen est la plus petite ville de Finlande, avec 1300 habitants, et les places et les paysages de rues envisagés dans le plan d’urbanisme du 18ème siècle ne sont toujours pas entièrement réalisés. Cette ville de bois sur la côte ouest de la Finlande est connue pour le fait qu’elle est la plus petite de Finlande. Il est très rare qu’une ville finlandaise ait conservé la plupart de ses vieilles maisons en bois. Kaskinen a été fondée en 1785 sur une île par le roi Gustav III de Suède et depuis lors, la ville a été l’un des ports les plus importants de la Finlande.
La Maison Bladh, le cœur de la ville
Le fondateur de la petite ville de Kaskinen, Peter Johan Bladh a construit cette habitation en bois au 18ème siècle. Selon la rumeur, elle a été construite à l’origine en Suède, puis mise en pièces, transférée en Finlande par bateau et reconstruite sur son emplacement actuel en 1788.
Le bâtiment et ses 24 chambres ont longtemps servi de logement à la famille Bladh, mais aussi comme église, clergé, école, palais de justice, magistrat, poste de police et mairie pendant ses 230 ans d’existence. Aujourd’hui, c’est un centre culturel qui peut également être loué pour des événements privés. En raison de ses multiples fonctions, la maison Bladh porte aussi le nom de « cœur de la ville ».
Cette autre habitation en bois sur la droite, construite en 1879, appartenait au médecin Uno Fleege. Avant cela, le site faisait partie du domaine de Bladh. C’est aujourd’hui une boutique de potier.
Un plan urbain du XVIIIᵉ siècle resté partiellement théorique
Les archives nationales finlandaises (Kansallisarkisto) conservent le plan d’urbanisme de 1765, établi selon les principes rationnels du siècle des Lumières : une trame orthogonale, de larges parcelles destinées aux maisons principales et à leurs dépendances, des rues assez larges pour limiter la propagation des incendies, et des espaces publics prévus pour l’administration, le commerce et les pratiques religieuses.
Toutefois, ce plan resta en grande partie sur le papier. Une enquête menée en 1810 relève que des parcelles étaient encore vides et que la croissance économique promise ne s’était jamais concrétisée.
Au XIXᵉ siècle, les quelques tentatives de densification échouent faute d’activité commerciale significative. Kaskinen s’installe alors dans un rythme lent, qui explique en grande partie la bonne conservation actuelle de son bâti : la pression immobilière, faible, n’a pas entraîné de destructions massives.
Une architecture en bois d’une grande homogénéité
L’un des attraits est l’aspect homogène de son tissu bâti. La majorité des maisons sont des constructions en bois typiques du littoral ouest finlandais, mêlant influences suédoises et traditions locales.
Le registre national finlandais des bâtiments protégés (Museovirasto, RKY – Rakennettu Kulttuuriympäristö) décrit Kaskinen comme « un ensemble urbain exceptionnellement intact, où le bâti des XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles a conservé sa volumétrie d’origine et ses alignements sur rue ».
Les caractéristiques les plus fréquentes :
- maisons en madriers (hirsitalo) avec bardage peint ;
- couleurs sobres : ocre, vert pâle, brun rouge, blanc cassé ;
- toitures à double pente relativement faibles, adaptées aux vents du golfe de Botnie ;
- dépendances en bois à l’arrière des parcelles, souvent encore présentes.
Vie quotidienne et patrimoine immatériel
Si Kaskinen est avant tout une petite ville portuaire, les habitations en bois témoignent également d’un mode de vie façonné par l’isolement relatif et par les rythmes saisonniers.
Les journaux paroissiaux du XIXᵉ siècle attestent d’une vie communautaire dense : fêtes de village, entraide, utilisation collective des saunas, pratiques de pêche et de transformation du poisson.
Aujourd’hui, plusieurs associations locales (notamment Kaskisten Kotiseutuyhdistys) œuvrent à la transmission de ces pratiques. Elles organisent des visites guidées, des ateliers de menuiserie traditionnelle et des événements culturels et assiociatifs dans les maisons historiques de la ville.
Enjeux contemporains : conservation et usage
La ville de Kaskinen travaille depuis plusieurs années avec Museovirasto (Agence nationale du patrimoine finlandais) pour concilier modernisation progressive et préservation stricte du tissu ancien.
Parmi les défis actuels :
- la rénovation énergétique des maisons construites en madriers, qui doit respecter leurs capacités naturelles de diffusion de l’humidité.
- l’actualisation des réseaux (électricité, eau, télécommunication) dans un tissu urbain très ancien.
- la valorisation touristique sans créer de pression excessive sur les habitants.
Des programmes de subvention existent pour encourager les restaurations selon les méthodes traditionnelles, notamment le remplacement de sections de madriers abîmés, l’utilisation de peintures minérales, ou encore la réhabilitation de dépendances anciennes.
Autres villes célèbres pour leurs maisons en bois
Au-delà de la petite ville de Kaskinen, la Finlande compte plusieurs villes où les quartiers en bois constituent un patrimoine central. Les plus emblématiques sont Rauma, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO pour sa vieille ville médiévale en bois exceptionnellement bien préservée, et Porvoo, célèbre pour ses entrepôts rouges au bord de la rivière et son centre ancien aux ruelles pavées.
Loviisa et Kristinestad, toutes deux fondées au XVIIᵉ ou XVIIIᵉ siècle, ont aussi un tissu urbain harmonieux de maisons basses, souvent peintes dans des teintes traditionnelles contrôlées par les services du patrimoine. Uusikaupunki, avec ses maisons de pêcheurs, et Pietarsaari, dont le quartier de Skata compte plus de 300 bâtiments anciens, figurent aussi parmi les ensembles les mieux conservés du pays.
Ces villes partagent des caractéristiques communes relevées dans les inventaires RKY (Rakennettu Kulttuuriympäristö) : structures urbaines relativement intactes, prédominance du bois comme matériau principal et continuité historique du bâti. Elles diffèrent cependant par leur plan (médiéval à Rauma, régulier et suédois à Kristinestad), leurs fonctions économiques d’origine (ports marchands, centres religieux, villes artisanales) ou leurs palettes de couleurs. Ensemble, elles constituent un réseau cohérent de villes en bois qui témoignent de la diversité des influences scandinaves et finlandaises, tout en offrant aujourd’hui des exemples remarquables de conservation et de revitalisation urbaine.