Les maisons à Maseru : reflet du Lesotho traditionnel et moderne

Capitale dynamique du Lesotho, Maseru présente un paysage architectural où se côtoient constructions traditionnelles et influences plus récentes. La ville, située sur les bords de la rivière Caledon, s’étend entre collines, vallées et quartiers à l’urbanisme contrasté. L’habitat domestique y témoigne des adaptations successives à l’environnement, aux matériaux disponibles et à l’évolution des modes de vie. Ce panorama met en valeur des savoir-faire, mais aussi les mutations propres aux capitales africaines.

Héritage vernaculaire : la rondavelle

La maison traditoionnelle du Lesotho est la rondavelle, structure ronde caractéristique du pays. Même si la croissance urbaine a favorisé d’autres formes d’habitat, la rondavelle subsiste dans certains quartiers de Maseru, aussi bien dans des ensembles anciens que sous la forme d’extensions ou de dépendances.

Plan, implantation et volume

La rondavelle adopte un plan circulaire, une configuration qui présente plusieurs avantages :

  • Elle optimise la stabilité structurelle et réduit la prise au vent.
  • Le plan rond limite la déperdition de chaleur et facilite la construction d’un toit conique.

Ces maisons traditionnelles sont généralement de taille modeste, d’un seul niveau, organisées autour d’un foyer central. L’espace intérieur, unique ou divisé en zones d’usage, accueille les activités quotidiennes : repos, cuisine, vie familiale. La simplicité de la structure permet une grande adaptabilité.

Matériaux et techniques de construction

La construction d’une rondavelle repose sur l’emploi de matériaux locaux.

  • Murs : ils sont bâtis en pierres collectées à proximité, assemblées à l’aide d’un mortier composé de sable, de terre et parfois de bouse. Ce choix assure robustesse et inertie thermique.
  • Toiture : l’ossature, réalisée à partir de branches ou de pieux de bois local, supporte un chaume dense de graminées (thatch), qui forme une couverture épaisse et imperméable.
  • Sol : fini avec un mélange de terre et de bouse, battu jusqu’à obtenir une surface lisse et résistante.

Ce système constructif garantit une bonne isolation contre les amplitudes thermiques marquées du Lesotho : fraîcheur en été, conservation de la chaleur la nuit et en hiver.

Finitions, organisation et esthétique

Les finitions dépendent des moyens et du statut de la famille. Certains murs sont laissés bruts, d’autres reçoivent un enduit de terre ou de chaux, parfois décoré de motifs géométriques. Les ouvertures (portes et fenêtres) sont petites, afin de minimiser les pertes thermiques et l’infiltration de poussière.

Le toit conique déborde souvent au-delà du mur pour canaliser les eaux de pluie et protéger les murs de l’érosion. Ce débord sert aussi d’abri temporaire, pour les tâches domestiques réalisées à l’extérieur.

Pour un peu de modernité sur l’esthétique de la hutte Basotho, le bâtiment ci-dessous près du centre est une hutte traditionnelle monumentale qui a été réhabilitée dans un style moderne. Elle abrite un musée où vous pouvez en apprendre davantage sur l’histoire, la culture et les traditions de la nation.

bâtiment moderne avec forme traditionnelle

Urbanisation, diversité des formes et nouveaux matériaux

L’expansion de Maseru, accélérée depuis la fin du XXe siècle, a entraîné l’apparition de nouveaux types de logements. Si la rondavelle est ancrée dans l’imaginaire collectif, elle cohabite désormais avec des habitations de plan rectangulaire, des maisons mitoyennes et des constructions plus ambitieuses.

Maisons rectangulaires et hybrides

Le plan rectangulaire s’est naturellement imposé pour sa facilité d’extension et son adaptation à des parcelles régulières. Ce type de maison permet de multiplier les pièces et d’accroître la surface habitable sur un terrain restreint. Les maisons hybrides, associant rondavelles et extensions rectangulaires, sont fréquentes. Elles témoignent d’une transition entre tradition et modernité.

Évolution des matériaux

Dans de nombreux quartiers, l’usage du parpaing s’est généralisé pour les murs. Ce matériau, plus rapide à mettre en œuvre et plus disponible, répond à la demande de constructions solides et durables. Le béton armé apparaît pour les dalles et les poutres dans les constructions de deux niveaux.

La toiture en tôle ondulée supplante progressivement le chaume, notamment pour des raisons de coût et d’entretien. Toutefois, cette évolution n’est pas sans conséquences sur le confort thermique des habitations, la tôle favorisant la surchauffe et l’amplification du bruit lors des pluies.

Répartition spatiale et organisation domestique

Dans la majorité des quartiers, l’habitat s’organise autour d’une cour. Cette disposition assure l’intimité, facilite la gestion des tâches collectives et permet l’implantation de jardins, d’annexes ou de structures utilitaires (sanitaires extérieurs, cuisine séparée). L’habitation principale, qu’elle soit ronde ou rectangulaire, côtoie souvent des bâtiments secondaires : petite grange, espace de stockage, enclos pour le bétail. L’organisation spatiale conserve ainsi un héritage rural, même en contexte urbain.

Enjeux climatiques et adaptations techniques

Le climat du Lesotho, marqué par de fortes variations de température et des périodes de gel, a façonné l’architecture domestique de Maseru. L’épaisseur des murs en pierre ou en parpaing contribue à l’isolation thermique. Le choix du chaume pour les toits traditionnels permet une bonne régulation : il emmagasine la chaleur du jour et la restitue lentement la nuit. Dans les maisons modernes, l’absence d’isolation sous la tôle pose problème : la chaleur s’accumule en été et le froid s’infiltre en hiver. Certaines familles ajoutent des plafonds en panneaux de bois ou de carton, voire des couches de laine de verre.

Les ouvertures des habitations sont réduites en nombre et en taille. Lorsque l’aération naturelle est recherchée, les maisons sont orientées pour tirer parti des vents dominants, et les fenêtres sont placées de façon à provoquer une circulation d’air efficace sans courants d’air directs.

L’accès à l’eau n’étant pas toujours assuré par le réseau municipal, beaucoup de maisons s’équipent de récupérateurs d’eau de pluie. Les toits sont équipés de gouttières conduisant à des citernes. Cette technique, désormais courante, prolonge un usage traditionnel lié à la rareté de la ressource.

maisons contemporaines à Maseru

Significations sociales et usages de l’habitat

L’architecture domestique à Maseru ne se limite pas à des aspects techniques : elle traduit aussi la structure familiale, les modes de vie et les hiérarchies sociales.

Évolution des modes d’habiter

Auparavant, la cellule domestique rassemblait plusieurs générations dans un même ensemble, autour de la cour centrale. La diversification des modes de vie urbains a introduit des séparations plus marquées : chambres individuelles, cuisine séparée, salles d’eau intérieures. Toutefois, le regroupement familial est toujours fréquent, avec plusieurs unités d’habitation construites sur la même parcelle.

Distinction sociale et identité

Les finitions, le choix des matériaux et la taille de la maison sont des marqueurs visibles de la position sociale. Les maisons aux murs enduits et peints, dotées d’un toit en tôle récente, signalent souvent une réussite économique. L’usage du chaume et de la pierre, quand il est volontaire, revendique une appartenance à la tradition et au patrimoine national du Lesotho.

Espaces collectifs et vie de quartier

Dans quelques quartiers, la rue et la cour sont des lieux de socialisation et d’activités collectives. Les enfants jouent à proximité des maisons, les femmes se rassemblent autour des tâches, et les cérémonies familiales se tiennent dans l’espace extérieur, réaffirmant le lien entre habitat, famille et communauté.

Conservation, enjeux patrimoniaux et perspectives

Face à l’urbanisation rapide et à la pression foncière, la préservation de l’architecture vernaculaire pose des défis. La rondavelle, symbole d’un savoir-faire local, tend à disparaître dans les zones les plus denses. Certaines initiatives cherchent à valoriser cette construction, en l’intégrant à des programmes de logements sociaux ou en l’adaptant à des usages contemporains (maisons d’hôtes, ateliers, etc).

Les architectes et artisans locaux sont de plus en plus sollicités pour concevoir des bâtiments alliant tradition et innovations techniques : emploi de matériaux isolants, récupération d’énergie solaire, optimisation des plans pour garantir le confort tout en respectant le caractère vernaculaire.

L’architecture domestique de Maseru poursuit ainsi une évolution où se rencontrent mémoire collective, pragmatisme et aspirations nouvelles. Ce paysage complexe mérite d’être documenté et transmis, car c’est un témoignage du génie constructif des habitants du Lesotho et des dynamiques à l’œuvre.

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