Rothenburg ob der Tauber est une ville médiévale fortifiée dans le centre-nord de la Bavière fondée à l’origine en 1170. Elle est restée intacte malgré de multiples conflits, comme la guerre de 30 ans et la seconde guerre mondiale. Rothenburg est une ville médiévale sur la légendaire route romantique en Bavière. Elle est connue partout dans le monde et attire des millions de visiteurs chaque année. L’attention est méritée. Une visite à Rothenburg est incontournable lorsque vous visitez l’Allemagne.
Les routes pittoresques, les maisons à colombages et un mur de fortification intact vous donnent une idée de ce qu’était une ville médiévale en Allemagne il y a près de 1000 ans. Rothenburg ob der Tauber a une pléthore de maisons à colombages entourées de murs médiévaux. Il existe des lignes infinies ruelles pavées et de bâtiments à colombages, offrant une opportunité sans fin pour des clichés parfaits.
Histoire des maisons à colombages de Rothenburg
L’architecture à colombages de Rothenburg ob der Tauber est le fruit d’une longue évolution historique qui remonte au Moyen Âge. Dès le XIIᵉ siècle, la ville connaît un essor rapide grâce à sa position stratégique au carrefour des routes commerciales reliant la Franconie au sud de l’Allemagne. À cette époque, Rothenburg devient une ville libre d’Empire au sein du Saint-Empire romain germanique, ce qui lui permet d’atteindre une importante autonomie économique et politique. Cette prospérité se traduit par un développement urbain dense et la construction de nombreuses demeures en pan de bois.
Entre le XIIIᵉ et le XVIᵉ siècle, les maisons à colombages deviennent la norme dans le centre-ville. Après le XVIᵉ siècle, l’histoire de Rothenburg bascule. La guerre de Trente Ans (1618–1648) et les crises économiques qui suivent entraînent un déclin brutal. Faute de ressources financières, la ville n’entre pas dans la période de transformations baroques et néoclassiques qui modifient d’autres cités allemandes. Paradoxalement, ce ralentissement contribue à préserver son patrimoine médiéval. Les maisons à colombages restent intactes, conservant leur silhouette gothique tardive ou Renaissance allemande.
Au XIXᵉ siècle, le romantisme découvre Rothenburg : écrivains et peintres, fascinés par son authenticité médiévale, en font un symbole de l’Allemagne « idéale » d’autrefois. La ville attire historiens, architectes et voyageurs. Des campagnes de restauration commencent, visant à préserver et valoriser les façades.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Rothenburg est bombardée en mars 1945. Près de 40 % du centre historique est touché, mais une grande partie du patrimoine à colombages est sauvée grâce à la reddition volontaire de la garnison locale, évitant une destruction totale. Après la guerre, une restauration est menée, respectant les techniques traditionnelles de charpenterie franconienne et matériaux locaux.
Aujourd’hui, Rothenburg est l’un des ensembles médiévaux les mieux conservés d’Europe. Ses maisons à colombages forment un tissu urbain d’une cohérence exceptionnelle, témoin vivant de l’architecture bourgeoise et artisanale des villes libres d’Allemagne entre le Moyen Âge et la Renaissance.
Architecture des maisons à colombages de Rothenburg
Les maisons à colombages de Rothenburg sont emblématiques de l’architecture traditionnelle allemande. Leur forme, leurs proportions et leurs détails constructifs répondent à des règles issues du savoir-faire médiéval, adapté au climat de Franconie et aux contraintes urbaines d’une ville marchande.
Une structure en bois apparente
Le principe du colombage repose sur une ossature en bois apparente en façade. Les charpentiers utilisaient du chêne, réputé imputrescible, et parfois du sapin rouge lorsque les ressources locales étaient limitées. Les pièces de bois sont assemblées selon une logique de stabilité verticale et diagonale :
- Montants (poteaux porteurs) disposés régulièrement
- Poutres horizontales (sablières hautes et basses)
- Écharpes ou croix de Saint-André pour contreventer la structure
Ces pièces sont taillées et assemblées par tenons et mortaises, parfois renforcées par des chevilles en bois taillées sur mesure. Cette méthode assure une bonne résistance mécanique tout en permettant de compenser les déformations du sol ou le retrait naturel du bois au fil des saisons.
Remplissage des parois : torchis et briques
Les espaces entre les pièces de bois sont comblés selon les ressources disponibles :
- Torchis (mélange d’argile, paille et fibres végétales)
- Briques séchées ou cuites
- Moellons calcaires locaux dans les niveaux bas
La façade est souvent enduite à la chaux pour protéger le remplissage des intempéries. La structure bois reste volontairement visible, formant des motifs géométriques devenus décoratifs à partir du XVIᵉ siècle.
Étages en encorbellement
Beaucoup de maisons de Rothenburg présentent des étages en encorbellement, typiques de l’architecture urbaine médiévale. Ce léger débord des étages supérieurs avait plusieurs fonctions :
- Gagner de la surface habitable sans élargir l’emprise au sol
- Protéger les façades des pluies
- Éviter certaines taxes foncières basées sur la largeur du rez-de-chaussée
Ce principe donne aux rues médiévales leur silhouette si caractéristique, avec des façades qui semblent se pencher au-dessus des rues et ruelles. Il crée aussi une impression d’intimité architecturale.
Toitures abruptes adaptées au climat
Les maisons sont coiffées de toits à forte pente (40 à 60°), indispensables pour évacuer la neige hivernale. Ces toitures sont couvertes de tuiles en terre cuite, souvent plates ou légèrement galbées, de teinte rouge-orangée. Les hauts pignons triangulaires, très présents à Rothenburg, sont typiques de la région franconienne. Ils renforcent la verticalité des façades et contribuent à la silhouette pittoresque de la ville.
Couleurs et ornementation
Contrairement à une idée reçue, les maisons à colombages médiévales de Rothenburg n’étaient pas sobres. Elles affichaient au contraire des couleurs traditionnelles :
- Bois teintés rouge foncé ou brun
- Enduits blancs, ocres ou jaunes
- Encadrements peints autour des fenêtres
- Motifs sculptés sur les sablières ou linteaux (rosaces, symboles religieux, blasons)
Ces décors reflétaient souvent la profession ou le statut social du propriétaire, surtout chez les marchands et artisans influents. Ils affirmaient une identité familiale tout en participant à la mise en scène urbaine.
Fonctionnalité et organisation intérieure
Les maisons à colombages de Rothenburg ob der Tauber ne sont pas uniquement décoratives. Elles sont fonctionnelles et organisées selon une logique de vie urbaine médiévale :
- Rez-de-chaussée : atelier, boutique, taverne ou boucherie
- Premier étage : espace de vie principal (Stuben), chauffé par un poêle
- Combles : stockage des réserves ou dortoirs
Cette superposition reflète une conception typique des villes marchandes allemandes : production, commerce et vie quotidienne réunis dans un seul bâtiment.
Plönlein
Plönlein est l’image emblématique de Rothenburg ob der Tauber. Cette petite placette en pente, encadrée par deux tours médiévales et dominée par une magnifique maison à colombages étroite, résume à elle seule l’esthétique de la ville. Son nom, dérivé de l’ancien allemand « kleines Plätzlein » (petit endroit), illustre merveilleusement bien son caractère intime et pittoresque.
Au centre se trouve une maison à colombages aux proportions étonnantes, construite sur un plan étroit et légèrement incliné. Elle est accompagnée d’une petite fontaine en pierre, élément essentiel dans toute ville médiévale pour l’approvisionnement en eau. L’ensemble est mis en scène par un jeu de volumes serrés et de pignons inclinés, typique de l’urbanisme médiéval allemand.
Plönlein est encadré par deux portes fortifiées du XIIIᵉ siècle : Siebersturm à gauche, qui contrôlait autrefois l’accès à la ville intérieure, et Kobolzeller Tor à droite, qui ouvrait vers la vallée de la Tauber. Ce face-à-face architectural crée une perspective unique qui attire les photographes. Malgré sa renommée, Plönlein conserve une atmosphère simple et authentique, fidèle à l’histoire de Rothenburg.
Fleisch- und Tanzhaus
Situé sur la Marktplatz, au cœur de Rothenburg, le Fleisch- und Tanzhaus (littéralement « Maison de la viande et de la danse ») est un édifice public singulier de la ville. Son grand pignon à colombages, très élancé, domine la place et témoigne de la prospérité urbaine à la fin du Moyen Âge.
Construit au XIIIᵉ siècle sur les fondations de l’ancienne mairie détruite par un incendie en 1240, le bâtiment (ci-dessous à gauche) avait une fonction double. Le rez-de-chaussée abritait les étals des bouchers de la ville, métiers essentiels dans l’économie locale. À l’étage supérieur, une vaste salle voûtée servait de lieu de danse, de réunion et de festivités pour les guildes et la bourgeoisie locale.
Son architecture imposante mêle fonctionnalité et prestige. Les colombages soulignent la structure tout en créant un effet décoratif puissant sur la façade. Par sa position et son rôle social, le Fleisch- und Tanzhaus illustre bien la place centrale des corporations dans la société médiévale de Rothenburg.
Gerlachschmiede
Dans un angle de rue au sud-ouest de la vieille ville, Gerlachschmiede est l’une des maisons à colombages les plus charmantes de Rothenburg ob der Tauber. Sa façade triangulaire, son toit pentu et ses fenêtres aux encadrements fleuris lui donnent un aspect presque féérique, qui attire immédiatement le regard. Son nom signifie « la forge Gerlach », en référence à son ancien propriétaire.
La maison actuelle date de 1951, mais c’est une fidèle reconstruction d’une forge du XVIIᵉ siècle détruite lors d’un bombardement en 1945. Elle appartenait autrefois à Georg Gerlach, un forgeron réputé de la ville, dont les armoiries (un serpent couronné) ornent encore la façade. Derrière ses murs, on forgeait outils, ferrures et pièces pour les charrettes, indispensables à la vie artisanale locale.
La silhouette de la Gerlachschmiede, isolée et légèrement en retrait, lui donne une grande force visuelle dans le paysage urbain. Restaurée selon les techniques traditionnelles, elle incarne l’attachement de Rothenburg à son patrimoine. C’est un symbole de résilience et de fidélité à l’histoire locale.
Marien-apotheke
Située sur la Marktplatz près de la Fleisch- und Tanzhaus, la Marien-Apotheke est l’un des bâtiments historiques les plus remarquables de Rothenburg ob der Tauber. Derrière sa superbe façade à colombages se cache une longue tradition d’accueil et de services à la population. Son nom signifie « Pharmacie Sainte-Marie », mais son histoire commence bien avant son usage actuel.
Le bâtiment, connu à l’origine sous le nom de Jagstheimerhaus, fut construit en 1448 par le maire Heinrich Jagstheimer. Son emplacement prestigieux à côté de la Maison de la viande et de la danse témoigne du statut élevé de son propriétaire. Au fil des siècles, il a hébergé plusieurs invités de marque, dont l’empereur Maximilien Ier, ce qui renforce son importance dans l’histoire locale.
Depuis 1812, l’édifice abrite une pharmacie en activité continue. L’intérieur conserve encore des éléments d’origine, comme des boiseries anciennes, des étagères d’apothicaire et des objets d’époque.
Cette continuité d’usage fait du bâtiment de la Marien-Apotheke un lieu unique où le patrimoine architectural et l’activité quotidienne se rencontrent encore aujourd’hui.
Staudt House
La Staudt House est l’une des plus anciennes demeures patriciennes de Rothenburg ob der Tauber. Située dans la Herrngasse, la rue la plus prestigieuse de la ville médiévale, elle témoigne de la puissance sociale et économique des grandes familles qui y résidaient autrefois. Sa façade sobre contraste avec les colombages plus expressifs du centre, affirmant une esthétique plus statutaire.
Édifiée au XIIᵉ siècle, c’est l’un des rares bâtiments à avoir traversé les siècles sans transformations majeures. Elle appartient à la famille Staudt depuis 1644, d’où son nom actuel. Les Staudt étaient une lignée influente, liée à la vie politique de Rothenburg et impliquée dans le commerce régional.
La maison conserve encore son caractère d’origine : un volume massif, de hauts murs en pierre, des ouvertures maîtrisées et une charpente traditionnelle. À l’intérieur, des éléments architecturaux médiévaux subsistent, comme des voûtes ou des menuiseries anciennes. La Staudt House incarne cette architecture patricienne solide et discrète qui a façonné l’identité urbaine de Rothenburg.
Rothenburg et Disney : une source d’inspiration
Rothenburg ob der Tauber n’est pas seulement un joyau médiéval admiré par les amateurs d’architecture. Son centre historique a aussi marqué l’imaginaire populaire en inspirant certains décors de l’univers Disney. Walt Disney lui-même visita l’Allemagne dans les années 1950 et fut séduit par l’atmosphère médiévale intacte de cette ville franconienne. Les ruelles pavées, les pignons à colombages et les toits abrupts lui donnèrent l’image parfaite de la ville européenne de conte de fées.
Cette influence apparaît dans le film d’animation Pinocchio (1940). Le village natal de Geppetto reprend des caractéristiques directement inspirées de Rothenburg : maisons en encorbellement, façades à colombages aux couleurs chaleureuses, enseignes artisanales et ruelles resserrées. Le design artistique du film, dirigé par Gustaf Tenggren, puise aussi dans l’esthétique germanique et alpine, mais Rothenburg reste la référence la plus reconnaissable pour les amateurs d’architecture.
Rothenburg aurait également influencé certains éléments visuels du parc Disneyland en Californie. Le quartier de Fantasyland, avec son architecture médiévale reconstituée, reprend nettement la silhouette de façades comme celles du Plönlein ou du Fleisch- und Tanzhaus. Les colombages décoratifs, les toitures en tuiles rouges et les volumes asymétriques rappellent cette influence. Sans jamais être copiée littéralement, Rothenburg est devenue un archétype architectural repris par les studios Disney pour représenter un imaginaire européen « authentique ». Cette esthétique a ensuite été reprise dans d’autres parcs Disney à travers le monde, renforçant l’image universelle de la petite ville médiévale idéale.
Cette association entre Rothenburg et l’univers des contes a renforcé son rayonnement touristique à l’international. La ville est souvent comparée à un décor de film, ce qui plait aux visiteurs américains et japonais. Pourtant, l’architecture qui semble être un décor de cinéma est bien un héritage historique réel, patiemment préservé depuis le Moyen Âge. Rothenburg n’est pas une ville-musée artificielle ; c’est un vrai témoin du passé médiéval allemand qui a inspiré la culture populaire moderne.