Sugar Mill Tower : une maison étonnante à Lance aux Épines

Située à Lance aux Épines, cette maison de vacances étonnante, nommée « The Sugar Mill Tower », propose un jardin avec une piscine extérieure. Sugar Mill Tower signifiant Tour du Moulin à Sucre. La Sugar Mill Tower se situe au sein du domaine de L’Anse aux Épines House & Gardens, sur la rive de Prickly Bay, au sud de l’île de Grenade (paroisse de Saint-George). Le domaine comprend une grande maison principale et, plus bas dans les jardins, une tour indépendante en bord d’eau. Les acteurs touristiques locaux présentent l’ensemble : maison principale + Sugar Mill Tower en annexe détachée.

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Réinterprétation plutôt que vestige

Point clé pour un lecteur orienté « architecture » : la Sugar Mill Tower n’est pas un moulin historique conservé, mais une construction contemporaine conçue pour recréer la silhouette et l’atmosphère des anciens moulins à sucre caribéens (tour circulaire/tronconique en maçonnerie, belvédère sommital, percements étroits). Les propriétaires la décrivent explicitement comme « conçu pour recréer la belle architecture des sucreries classiques des Caraïbes ». L’usage est résidentiel : deux chambres en suite, des espaces de vie ouverts et des terrasses en gradins qui donnent sur la baie.

piscine sugar mill tower grenade

La maison de domaine : ancrage XIXᵉ siècle

Le cadre architectural du site, lui, s’enracine dans l’époque coloniale britannique : L’Anse aux Épines House est décrite comme une ancienne demeure de style colonial anglais dont l’architecture remonte au début du XIXᵉ siècle, lourdement rénovée et agrandie au XXIᵉ siècle. Ce socle historique explique l’esthétique globale du domaine (galeries, varangues, charpentes et menuiseries apparentes), à laquelle la tour « sugar mill » fait écho, mais dans un registre réinventé pour l’hébergement.

Lecture architecturale de la tour

La tour adopte la forme cylindrique / légèrement tronconique caractéristique des moulins antillais, mais sans mécanismes ni contraintes industrielles. La superstructure se conclut par un belvédère (toit à quatre pans léger, ouvert sur la vue), assumé comme un dispositif panoramique plutôt que technique.

Le parement de maçonnerie (aspect pierre locale) et les galeries/terrasses en bois renvoient à un vocabulaire caribéen, tandis que les ouvertures en arc et les escaliers extérieurs orchestrent la circulation entre niveaux (cuisine ronde en partie basse, séjours ouverts, chambres, toits-terrasses). On lit ici une composition « paysage » : plans horizontaux en lames bois, murets, plateformes, puis émergence verticale de la tour. Cette composition allège visuellement la masse verticale de la tour.

La tour est traitée en unité d’hébergement autonome (2 chambres, 2 salles d’eau, petites pièces de service), avec terrasses superposées et petite piscine reliée au ponton privatif quelques mètres en contrebas : une mise en scène contemporaine, centrée sur la vue et le rapport immédiat à l’eau.

sugar mill tower grenade

Mise en perspective : ce que la tour raconte

Un signe architectural inspiré d’une histoire sucrière régionale. Dans toute la Caraïbe, les moulins à sucre du XVIIIᵉ-XIXᵉ siècles dessinaient des silhouettes de tours en pierre visibles de loin. La Sugar Mill Tower s’approprie cette image pour fabriquer un marqueur paysager et identitaire au sein d’un domaine balnéaire. Contrairement à un vestige industriel (où l’on trouverait des bases d’arbres de transmission, des meules, des plateformes à cannes, etc.), ici la fonction est 100 % résidentielle.

Dans un jardin tropical. La grande maison coloniale rénovée sert de bâtiment-pivot ; la tour joue le rôle d’annexe-signal au bord de l’eau. L’ensemble évoque les paysages de domaines où coexistaient, autrefois, maison de maître et bâtiments de production — mais en version récréative contemporaine.

Intérêt architectural de cet édifice

  1. Réemploi d’une iconographie industrielle : la tour transpose un archétype vernaculaire (moulin à sucre) dans un programme d’hébergement haut de gamme, en assumant la part de fiction constructive — utile pour discuter identité, récit et hospitalité.
  2. Dialogue « villa-paysage » : gradins, passerelles, varangues et belvédère fabriquent une mise en scène de la baie exemplaire pour des sites littoraux tropicaux : protéger du soleil et canaliser les vues tout en ventilant les pièces (plan ouverts, auvents profonds).
  3. Cas d’école en médiation patrimoniale : le projet n’usurpe pas la patrimonialité industrielle (il ne prétend pas être un moulin restauré) mais déclare sa filiation formelle, ce qui peut nourrir des débats sur authenticité vs. évocation dans les paysages post-plantation.

The Sugar Mill Tower est une annexe résidentielle qui réinterprète de façon assumée la silhouette des moulins à sucre caribéens, au sein d’un domaine historique du XIXᵉ siècle rénové, en bord de mer.

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