Parfaitement adapté au terrain et au style de vie dure de la Mongolie, le ger est appelé yourte par de nombreux étrangers. Mais, les Mongols n’aiment pas cet étiquetage russe de leur logement national, qu’ils appellent ger. Une tente ronde couverte de feutre durable et étanche est la plus simple description de cette maison portable. Des gers blancs modernes et coûteux sont construits en Mongolie, mais de nombreux ruraux ont conservé leur mode de vie traditionnel, dont le ger est une partie intégrante.
Histoire du ger
Les origines du ger remontent à plusieurs millénaires. Cette habitation nomade, apparue il y a plus de 3000 ans, s’adaptait parfaitement au mode de vie des peuples des steppes d’Asie centrale. Les premiers gers, bien que rudimentaires, étaient conçus pour résister aux vents violents et aux températures extrêmes de la région. Contrairement aux gers actuels, ils étaient massifs et montés sur des chariots tirés par des attelages d’animaux, souvent de robustes yaks. Ces premières versions, non pliables, nécessitaient parfois jusqu’à une vingtaine de bêtes pour être transportées d’un campement à l’autre, ce qui limitait leur déplacement et les rendait plus encombrantes pour les migrations.
Au fil du temps, les Mongols ont perfectionné le design du ger pour le rendre plus léger et facilement transportable. Afin de répondre aux besoins de mobilité des nomades qui se déplacent fréquemment au gré des saisons, le ger a évolué vers une structure démontable, pouvant être chargée sur le dos d’animaux comme les chevaux ou les chameaux. Cette version moderne, qui est toujours utilisée aujourd’hui, permet aux Mongols de continuer leur vie itinérante tout en conservant un habitat résistant et confortable. Cette évolution ingénieuse du ger incarne un savoir-faire traditionnel, mais également une formidable adaptation aux contraintes environnementales et climatiques de la steppe mongole.
Caractéristiques principales
Le ger mongol a une architecture ingénieuse et des éléments qui répondent aux exigences du climat et du mode de vie nomade. Sa structure repose sur un cadre en bois, formé de panneaux appelés khana, qui sont assemblés en une forme ronde pour offrir une résistance maximale aux vents violents des steppes. Les poteaux centraux, appelés uni, soutiennent le toit incliné, permettant au ger de rester stable même lors de tempêtes. Au sommet, un cercle en bois appelé toono laisse s’échapper la fumée du poêle, tout en permettant à la lumière de pénétrer. Traditionnellement, 88 poteaux en bois, d’environ 1,5 mètre chacun, sont utilisés pour former la charpente, créant un équilibre entre solidité et légèreté.
Le feutre, réalisé à partir de laine de mouton, fait office d’isolation. Épais et durable, il recouvre la structure en bois et offre une bonne protection contre le froid en hiver et la chaleur en été. Le feutre est souvent doublé de toiles imperméables pour garantir une résistance aux intempéries. Contrairement à son aspect extérieur simple, le ger est conçu de manière à être monté et démonté rapidement, pour les déplacements fréquents des nomades. Cette conception fait du ger un symbole d’ingéniosité, permettant de mener une vie nomade dans un confort étonnant malgré les conditions de l’environnement.
Assemblage du ger
L’assemblage d’un ger est un processus rapide et méthodique, pensé pour répondre aux besoins de mobilité des nomades. Tout commence par la mise en place du cadre en bois, formé par les sections de khana (panneaux en treillis) que l’on déploie en cercle. Ensuite, les deux poteaux centraux, appelés uni, sont érigés pour soutenir le toit. Ces colonnes sont placées au milieu du ger, pour stabiliser la structure. Une fois les uni en place, le toono est installé pour permettre la ventilation et l’évacuation de la fumée.
Une fois le cadre dressé, le ger est recouvert de plusieurs couches de feutre pour garantir une isolation optimale. Dans les régions où le froid est intense, on ajoute parfois des couches de feutre pour renforcer la protection thermique. Parfois, le ger est monté sur un plancher en bois pour une meilleure isolation du sol, mais dans de nombreux cas, il est posé directement sur la terre, selon les traditions locales. La porte, orientée vers le sud, est la dernière pièce ajoutée. Cette orientation permet de maximiser la lumière naturelle et de protéger l’entrée des vents dominants. Grâce à ce montage ingénieux, le ger peut être monté en quelques heures, offrant une flexibilité et un confort précieux aux familles nomades.
La vie à l’intérieur
Un ger moyen est divisé en trois zones. Il y a des sections hommes et des sections féminines et une zone khoimor à l’arrière du ger. La zone des hommes est sur le côté ouest ou gauche du ger. C’est là que l’homme garde ses brides, son koumis et son arkhi (vodka de lait). Les femmes ont traditionnellement le côté est du ger, où elles gardent les ustensiles de cuisine, leurs propres enfants et leurs biens. Il est de coutume pour un homme d’entrer dans une yourte du côté ouest et une femme à l’est.
Le khoimor, en face de la porte,sert à stocker ou afficher les objets de valeur, ainsi qu’un petit éclat bouddhiste. La plupart des familles gardent aussi un collage de photos de parents et d’amis à l’arrière du ger. C’est la partie la plus importante et les invités sont assis au khoimer. Les deux colonnes centrales sont les seules choses de soutènement de toute la structure et peu importe combien de personnes sont dans le ger (vous seriez étonné de voir combien de gens peuvent s’adapter et dormir dans un ger), elles ne s’appuieront jamais contre une des colonnes de soutien. C’est considéré comme très déplacé.