Les maisons à travers l’Inde

L’Inde, vaste pays de diversité, présente une multitude de styles architecturaux. Ces styles reflètent les variations climatiques, géographiques, culturelles et historiques. Chaque région a développé des maisons qui répondent aux besoins spécifiques de ses habitants. Cet article explore les types de maisons les plus courantes en Inde, en soulignant leurs caractéristiques et les régions où on peut les trouver.

Les haveli du Rajasthan

Le Rajasthan, connu pour ses forts et palais, abrite aussi les haveli. Ces grandes demeures de style traditionnel servaient autrefois de résidences pour les riches marchands et nobles. Construites autour d’une cour centrale, les haveli ont des façades richement ornées. Les balcons en bois sculpté, les jharokhas (fenêtres en saillie) et les détails architecturaux témoignent de l’habileté artisanale locale.

Dans la ville de Jaisalmer, on trouve de nombreux haveli bien conservés (voir notre article sur les haveli de Jaisalmer). Le Patwon ki Haveli et le Nathmal ki Haveli en sont des exemples emblématiques. Ces maisons servaient non seulement de résidences, mais aussi de centres d’affaires pour les riches marchands, particulièrement ceux qui étaient impliqués dans le commerce sur les routes de la soie.

Les maisons traditionnelles du Kerala

Les maisons traditionnelles du Kerala se distinguent par leur construction en bois et leurs toits en pente. Elles sont adaptées au climat tropical humide de la région, favorisant la ventilation naturelle et la protection contre la mousson. Le Kerala abrite plusieurs styles de maisons, les plus connues étant les nalukettu, qui possèdent une cour intérieure ouverte (appelée nadumuttam) favorisant l’aération.

Les maisons ettukettu et pathinarukettu, plus grandes que les nalukettu, sont également présentes dans la région. Ces demeures sont souvent construites selon les principes du Vastu Shastra, une ancienne science architecturale indienne qui assure un équilibre énergétique dans l’habitat. Les matériaux utilisés incluent principalement du bois de teck, du bambou et des tuiles en terre cuite.

Les maisons traditionnelles du Kerala ne sont pas que des habitations fonctionnelles ; elles incarnent aussi un patrimoine culturel et spirituel, où l’esthétique et la fonctionnalité coexistent en harmonie avec la nature. Ces maisons sont visibles dans des régions comme Alappuzha, Thrissur et Kozhikode.

maison naluketu

Les maisons en terre crue

Dans les zones rurales à travers l’Inde, les maisons sont construites à partir de matériaux naturels comme la boue, l’argile, le bambou et la paille. Elles sont écologiques et économiques, adaptées aux ressources locales. Leurs murs épais offrent une isolation naturelle, gardant les intérieurs frais en été.

Le ¾ de la population de l’Inde vit dans des villages où les maisons sont fabriquées à partir d’un mélange d’argile, de paille et de la bouse de vache. Ce mélange est dur quand il est sec, il est donc très utile et aussi moins cher que des briques ou des pierres. Les maisons ont des murs épais et cela conserve les maisons fraîches en été. Même si les familles font tout ce qu’elles peuvent pour garder la maison fraîche, elles dorment souvent à l’extérieur sur les toits plats où il y a du vent et du frais la nuit.

Ces maisons, qu’elles soient en adobe ou en briques de terre crue, sont courantes dans des États comme le Madhya Pradesh, le Bihar, l’Orissa, et également au Pendjab. Dans les zones rurales du Pendjab, les maisons rurales pendjabis sont adaptées au climat chaud et sec de la plaine indo-gangétique.

Dans certaines régions comme le Kutch au Gujarat, ces maisons sont décorées de motifs géométriques ou floraux, peints à la main par les habitants. Au Pendjab, ces maisons incarnent aussi un style rustique qui reflète l’héritage rural de la région, souvent accompagnées de cours ouvertes et de jardins familiaux.

Ces maisons de terre crue sont des exemples d’architecture indienne vernaculaire, parfaitement adaptées aux conditions climatiques locales et respectueuses de l’environnement.

Les bungalows coloniaux

Les bungalows coloniaux en Inde sont répandus dans les anciennes villes comme Mumbai, Kolkata et Chennai. Ces maisons, souvent de plain-pied ou à un ou deux étages, sont entourées de jardins. Les bungalows se caractérisent par leurs vérandas, leurs larges fenêtres et leurs toits en pente.

À Mumbai, les quartiers de Bandra et Juhu possèdent encore des bungalows qui témoignent du passé colonial de la ville. Ces maisons offrent un mélange d’architecture coloniale et de design traditionnel. Avec l’urbanisation rapide, ces bungalows sont de plus en plus rares, remplacés par des immeubles.

bungalow colonial en Inde

Les bhunga du Kutch

Dans la région aride du Kutch au Gujarat, les bhunga sont des maisons rondes en terre. Leur forme circulaire et leurs murs épais les protègent des vents violents et des tremblements de terre fréquents. Le toit conique, recouvert de chaume ou de tuiles, empêche la chaleur de s’accumuler à l’intérieur.

Les bhunga sont souvent décorées de miroirs et de peintures élaborées, créant un contraste coloré avec le paysage désertique. Ces maisons traditionnelles sont visibles dans le village de Hodka et d’autres villages autour du Rann de Kutch. Elles sont un exemple unique d’architecture vernaculaire.

Les huttes Toda

Les huttes Toda sont des habitations traditionnelles des Todas, un peuple tribal vivant dans les collines des Nilgiri au Tamil Nadu. Ces huttes semi-cylindriques sont construites en bambou et recouvertes d’herbe. Leur forme unique leur permet de résister aux fortes pluies et au vent.

Les huttes n’ont ni portes ni fenêtres conventionnelles, juste une petite ouverture pour entrer, qui nécessite de se baisser. Cette structure maintient l’intérieur chaud pendant les nuits froides. Les huttes se trouvent principalement autour d’Ooty, une station de montagne célèbre dans le Tamil Nadu.

hutte du peuple toda

Les maisons traditionnelles de l’Assam

Dans l’Assam, une région sujette aux inondations et aux tremblements de terre, les maisons traditionnelles sont construites sur des pilotis pour éviter les dégâts causés par les inondations. Les murs sont faits de bambou tressé ou de bois, et le toit en pente est en tôle ondulée ou en chaume.

La maison de type Assam est un autre type de maison traditionnelle de la région, elles sont présentes dans les zones rurales ainsi que dans les petites villes comme Jorhat et Dibrugarh. Elles sont conçues pour être flexibles, ce qui leur permet de résister aux secousses sismiques fréquentes dans la région. Ces maisons sont un exemple parfait de l’adaptation humaine aux conditions naturelles.

Les zawlbuk des Mizo

Dans l’État montagneux du Mizoram, les zawlbuk servaient autrefois de maisons communautaires pour les jeunes hommes Mizo. Ces structures étaient construites au centre du village et servaient de lieux de rassemblement pour la formation militaire et l’apprentissage des traditions tribales.

Ils étaient fabriquées en bambou et bois, avec un toit en chaume. Bien que ces maisons communautaires aient perdu de leur importance avec la modernisation, elles restent un symbole culturel fort pour les Mizo. Aujourd’hui, on peut voir des répliques dans des musées culturels ou lors de festivals locaux.

zawlbuk

Les maisons de fortune

En Inde, un grand nombre de personnes vivent dans des conditions de grande précarité, surtout dans les zones urbaines densément peuplées et en périphérie des villes. Ces personnes n’ont pas les moyens de construire des maisons permanentes ou d’accéder à des logements officiels. À défaut, elles construisent leurs abris de fortune avec des matériaux qu’elles peuvent trouver, comme des morceaux de bois récupérés, des tôles, du tissu, de la paille, et parfois même des bâches en plastique. Ces abris temporaires, souvent installés dans des espaces publics ou des terrains vagues, sont vulnérables aux intempéries et à l’instabilité sociale, ne répondant pas aux critères minimaux de sécurité et de confort.

Ces maisons de fortune se retrouvent dans les grandes villes comme Mumbai, Delhi et Kolkata, où les migrations massives en quête d’emploi et de meilleures conditions de vie exacerbent la crise du logement. Ces zones informelles abritent des millions de personnes dans des conditions insalubres, souvent sans accès à l’eau potable ou aux infrastructures de base. Malgré la pauvreté extrême, les habitants parviennent parfois à créer des communautés soudées, s’entraidant pour améliorer leurs abris ou accéder à des services essentiels, même si les conditions de vie demeurent très difficiles.

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