Au Liberia, les maisons traditionnelles racontent l’histoire des peuples, des climats, des ressources locales, et des techniques transmises de génération en génération. Bien que le pays soit marqué par une urbanisation croissante, les habitations vernaculaires, encore visibles dans les campagnes et les villages, témoignent d’une architecture pragmatique, résiliente et liée à son environnement.
Comprendre ces différents types de maisons, c’est aussi saisir une façon d’habiter fondée sur le bon sens, la simplicité et l’efficacité thermique. Ces constructions tirent parti de la terre, du bois, du chaume ou encore du palmier raphia pour créer des habitats adaptés au climat tropical humide.
Les huttes circulaires
Dans certaines communautés comme celles des Kpelle ou des Bassa, on trouve encore des huttes de forme ronde, construites selon des méthodes ancestrales. Le choix de la forme circulaire n’est pas uniquement esthétique. Il favorise une meilleure répartition de la pression sur les murs et renforce la stabilité. Voir les huttes du peuple Kpelle pour en savoir plus à ce propos.
Ces habitations sont souvent édifiées avec des pieux en bois ou en bambou, comblés avec de la boue mélangée à des fibres végétales. Le toit, toujours en pente, est couvert de chaume ou de feuilles de rônier séchées. Il déborde largement des murs pour éviter les ruissellements.
À l’intérieur, le sol est battu, parfois enduit d’un mélange de cendres et de terre pour plus de solidité. Les meubles sont très rares : nattes, tabourets bas, objets suspendus aux poutres. Le minimalisme est une réalité dictée par le climat, la culture et la mobilité de ces peuples libériens.

Dans certaines régions du Liberia, notamment chez les peuples Mandé, l’habitat s’organise autour d’une cour centrale. Ce type de disposition favorise la vie collective et protège l’intérieur des vents violents. Les maisons sont alors disposées en carré ou en cercle, reliées par des murs ou des clôtures en bambou.
Chaque famille y dispose d’un espace privé, mais les tâches du quotidien – cuisine, lessive, réunions – se déroulent dans la cour. Ce modèle architectural reflète l’importance de la vie communautaire et permet aussi de mutualiser certaines ressources, comme un four à bois ou un puits.
Les matériaux sont les mêmes : terre, bois, chaume. La cour peut être dallée ou simplement en terre battue, et l’ombre y est assurée par les toitures qui débordent ou les arbres plantés stratégiquement.


Les maisons en terre crue
Dans de nombreuses régions rurales du Liberia, la terre crue est le matériau de construction principal. Souvent utilisée sous forme de torchis ou de briques moulées séchées au soleil, elle offre une solution à la fois locale, peu coûteuse et performante sur le plan thermique.
Les murs épais en terre maintiennent une température intérieure stable, même sous les fortes chaleurs. La toiture, faite de paille, de feuilles de palmier ou de tôle ondulée, protège contre les pluies abondantes. L’absence de fondation profonde n’est pas un oubli, mais un choix réfléchi, lié à la nature du sol et au caractère temporaire ou renouvelable de la construction.
Ces maisons traditionnlles du Liberia prennent généralement la forme de simples rectangles ou cercles, avec une à deux pièces et un toit conique ou en bâtière. Le plan est fonctionnel : un espace de repos, un coin pour cuisiner, parfois un auvent ou un petit porche pour s’abriter du soleil.


Les influences afro-américaines
Le Liberia a cette particularité historique d’avoir été fondé par d’anciens esclaves afro-américains au XIXe siècle. Ces colons ont apporté avec eux une architecture inspirée de celle du sud des États-Unis.
À Monrovia et dans d’autres centres urbains, on trouve donc des maisons dites “de style américain”, avec vérandas en bois, toitures à deux pans, escaliers extérieurs et balustrades sculptées. Ces maisons, plus grandes et plus segmentées que les habitations rurales, utilisaient à l’origine du bois local mais suivaient des plans clairement influencés par la culture occidentale. Bien que construites avec des matériaux tropicaux, ces maisons témoignent d’un métissage architectural, souvent peu connu en dehors du pays. Certaines sont devenues des bâtiments historiques, mais beaucoup ont été modifiées ou détruites.

Les maisons de style colonial
Le dernier groupe de maisons au Liberia se trouve le long de la côte, où les premiers colons ont fait leurs maisons. Ce style est varié par de belles anciennes maisons à ossature, sur la base de ce qui est connu sous le nom de style colonial, que les colons avaient apporté. La migration de la campagne vers les villes, cependant, en particulier à Monrovia, a conduit à la création de bidonvilles, et à une semaine de devenir président, Dr. Tolbert, après avoir visité un de ces lieux, a promis de remédier à la situation.
Depuis lors, de grands progrès ont été réalisés dans la création de logements modernes décents dans les villes. Parmi les améliorations les plus frappantes sont les lotissements « Amical Cabral Housing Estate » à Sinkor, « Stephen Allen Tolbert Memorial Housing Estate » à Gardnersville, et « Everett Jonathan Goodridge Memorial Housing Estate » à Barnersville. Ces domaines, construits par l’Autorité nationale du logement, fournissent des maisons à près de 7000 personnes, et beaucoup sont encore prévus.


Des adaptations de l’architecture traditionnelle
Aujourd’hui, on assiste à une forme d’hybridation. Les nouvelles constructions rurales ou semi-urbaines s’inspirent des formes traditionnelles mais adoptent la brique cimentée, la tôle, ou le parpaing. Le toit en chaume est souvent remplacé par une tôle ondulée plus durable, quoique plus bruyante sous la pluie.
Cette transition s’explique par un besoin de solidité, une aspiration à la modernité, mais aussi par la disparition progressive de certains savoir-faire. Pourtant, dans certains projets communautaires, des architectes locaux et ONG travaillent à réhabiliter les techniques anciennes, tout en les combinant avec des solutions modernes : enduits stabilisés, charpentes renforcées, ventilation naturelle, etc.

L’architecture libérienne comme modèle de sobriété
Ce qui frappe dans les maisons traditionnelles du Liberia, c’est l’intelligence de leur conception. Chaque matériau est local, chaque forme a sa logique, chaque espace a sa fonction. Ce sont des maisons sobres, adaptées, pensées pour durer sans excès ni apparat. Dans une époque où la construction durable devient un enjeu mondial, ces modèles mériteraient d’être davantage étudiés. Le confort n’y est pas dicté par des équipements énergivores, mais par des choix d’orientation, de ventilation, de matériaux.
Un patrimoine à redécouvrir et à préserver
Les maisons traditionnelles du Liberia ne sont pas des vestiges figés dans le passé. Elles sont le fruit d’une logique environnementale, sociale et économique. Elles montrent qu’on peut bâtir avec peu, mais avec bon sens, en s’adaptant au climat et à la culture. En les valorisant, en les adaptant avec justesse aux besoins actuels, le pays dispose d’un véritable socle architectural. Un modèle modeste et ingénieux, que de nombreux architectes regardent aujourd’hui avec un œil neuf. Ces maisons traditionnelles libériennes méritent d’être connues, transmises, et pourquoi pas, revisitées dans les projets de demain.