La lavvu (prononcé « LAA-voo » et également orthographié lavvo, laavu ou laavo) est une habitation temporaire utilisée par le peuple Sami des régions les plus septentrionales de l’Europe du Nord.
Sa conception est similaire à celle d’un tipi amérindien, mais en moins vertical et plus stable en cas de vents violents. Elle permet aux cultures indigènes des plaines sans arbres du nord de la Scandinavie et du haut Arctique de l’Eurasie de suivre leurs troupeaux de rennes. Elle est toujours utilisée comme abri temporaire par les Samis, et de plus en plus par d’autres peuples pour camper. Cette tente Sami ne doit pas être confondue avec le goahti, un autre type d’habitation Sami, ou le laavu finlandais.
Qui sont les Samis ?
Les Samis (Saami dans leur propre langue), également connus sous le nom de Sámi, Sames, Samés, Sâmesou ou Lapons (en référence à la Laponie), sont les peuples autochtones du nord de la Scandinavie, dans les parties le plus au nord de la Norvège, de la Suède, de la Finlande et de la péninsule de Kola (ou Laponie) en Russie. Les Samis sont l’un des plus anciens groupes autochtones d’Europe.
Qu’est-ce qu’une Lavvu ?
La Lavvu est une habitation temporaire de type tente. Sa simplicité permettait aux Sami de se déplacer rapidement avec leurs troupeaux de rennes semi-domestiqués à tout moment.
Bien que la tente Lavvu puisse être facilement confondu avec le tipi amérindien, ce n’est pas un tipi ! Les différences entre les deux structures se reflètent dans leurs environnements et cultures respectifs. Étant plus centré sur le sol, la Lavvu est plus à même de supporter les vents violents de la toundra scandinave, ce qui en fait une structure plus stable. Peu de structures utilisées par les peuples indigènes, à l’exception de l’igloo inuit (esquimau), sont aussi stables face aux vents forts.
La conception séculaire de la Lavvu reflète également la culture Sami en tant que communauté. Voyageant en petits groupes familiaux, la tente est conçue de manière à ce que même une seule personne puisse l’installer rapidement avec peu d’effort. Les Amérindiens qui voyageaient en groupes plus nombreux et familiaux avaient des mains supplémentaires pour aider à l’assemblage de leur Tipi.
La Lavvu est encore utilisée comme abri temporaire par les éleveurs de rennes Sami du nord de la Scandinavie et comme habitation permanente par les Nenets et les Khants de la Fédération de Russie.
Caractéristiques de la tente
Il existe plusieurs références historiques décrivant la structure de la tente lavvu utilisée par le peuple Sami du nord de la Scandinavie. Ces structures ont les points communs suivants :
- La tente lavvu est soutenue par trois poteaux fourchus ou entaillés qui forment un trépied.
- Plus de 10 poteaux droits non fixés sont posés contre le trépied et donnent forme à la structure.
- Aucun piquet, hauban ou corde n’est utilisé pour donner forme ou stabilité à la structure.
- La forme et le volume sont déterminés par la taille et la quantité de poteaux utilisés.
- Il n’y a pas besoin de poteau central pour soutenir cette structure.
Aucun document historique n’a été mis au jour décrivant les Samis utilisant une structure à poteau unique revendiquée comme une lavvu, ou toute autre variante scandinave du nom de la structure. La définition et la description de cette structure sont assez cohérentes depuis le 17ème siècle.
Le goahti, également utilisé par les Samis, a une configuration de poteau différente. Bien que les arbres adaptés à la fabrication de poteaux de la lavvu soient assez faciles à trouver et souvent laissés sur le site pour une utilisation ultérieure, les quatre poteaux courbés du goahti doivent être transportés.
Lavvu traditionnelle et moderne
La tente lavvu traditionnelle se compose de deux types de poteaux en bois : 1) trois poteaux fourchus ou plus et 2) plusieurs poteaux droits. Les poteaux fourchus ont une fourche à deux tiges à leur extrémité supérieure. Ces trois poteaux sont imbriqués de manière à former un trépied. Sur cet assemblage de poteaux fourchus, les poteaux droits sont posés de manière circulaire. Les peaux de renne étaient utilisées comme couverture jusqu’au milieu du 19ème siècle, lorsque de grandes quantités de textiles britanniques bon marché ont été mises à la disposition des Samis.
Les lavvus traditionnelles sont toujours utilisées, mais pour faciliter le transport, les conceptions modernes ont remplacé les poteaux en bois par des poteaux en aluminium et les textiles plus lourds par des tissus plus légers. De plus, au lieu d’un feu ouvert, un four peut être utilisé. Cela réduit la fumée mais produit moins de lumière, ce qui rend l’intérieur assez sombre. Une lavvu de ce type est plus facile à transporter et constitue une alternative courante aux tentes souvent utilisées pour le camping.
Il existe également de très grandes lavvus pouvant accueillir des dizaines de personnes. Ces lavvus sont généralement utilisés par les familles nombreuses.
Symbolisme des laavus
La tente lavvu a été (et est toujours) un symbole fort du refuge culturel du peuple Sami. Elle a joué un rôle important lors de deux événements au cours du 20ème siècle, car elle était bien plus qu’un simple abri. Le premier s’est produit à la fin de la Seconde Guerre mondiale, pendant l’hiver 1944/45, lorsque les troupes allemandes se sont retirées vers l’ouest dans le nord de la Norvège, incendiant la plupart des habitations des comtés du Finnmark et de l’est du Troms devant l’Armée rouge russe. En raison de cette destruction, de nombreux Sami ont vécu dans des lavvus pendant de nombreuses années en raison du manque de logements et du chômage de cette période. Certains de ces Sami sont encore en vie aujourd’hui, sont nés dans ces lavvus et en ont de bons souvenirs.
Le deuxième événement s’est produit lorsque la lavvu a été utilisée lors de la controverse d’Alta en Norvège de 1979 à 1981. Une lavvu a été installée devant le Storting (bâtiment du Parlement norvégien) qui est devenu un point de mire international alors que plusieurs Samis ont entamé une grève de la faim pour protester contre le projet de barrage qui aurait détruit les pâturages des rennes des éleveurs de la région et inondé le village Sami de Máze. Cette lavvu est devenu le centre de la lutte politique pour les droits des autochtones samis. L’ironie du sort n’a pas manqué de se manifester lorsque la police d’Oslo a rasé la lavvu au bulldozer pendant la manifestation. Ce conflit a donné naissance au Comité des droits des Samis qui s’est occupé des droits légaux des Samis en Norvège, ce qui a donné lieu à la loi Sami de 1987. Cette loi est à son tour devenue le fondement du Sámediggi (Parlement Sami de Norvège), un organe démocratiquement élu pour les Samis de Norvège en 1989, et de la loi Finnmark de 2005.
Le fort symbolisme de la tente lavvu du peuple Sami a également été démontré dans sa forme picturale comme le blason de la municipalité de Guovdageainnu (Kautokeino) et dans la forme physique du bâtiment du Sámediggi, dont le design a été inspirée par la tente des Samis.
Utilisation de la tente Sami
À l’intérieur, il y a un foyer au milieu utilisé pour le chauffage et pour éloigner les moustiques. La fumée s’échappe par le trou au sommet qui est laissé ouvert. Parfois, une couverture grossière est enroulée autour du trou de fumée pour réduire l’ouverture, mais pas au point d’empêcher la fumée de s’échapper. Afin d’empêcher la fumée de s’accumuler à l’intérieur, une bonne circulation d’air est maintenue en laissant une ouverture entre le sol et le couvercle, ou en laissant la porte légèrement ouverte.
Traditionnellement, il y avait une porte plus petite à l’arrière, en face de la porte d’entrée, appelée la porte de l’ours. Elle était utilisée à des fins cérémonielles, comme l’enlèvement des morts (non approprié par la porte d’entrée) et des fonctions similaires. Peu de lavvus aujourd’hui ont cette porte à de telles fins.