On entre et tout de suite le sol parle. Nattes rayées, kilims rouges, coussins brodés. L’assise se fait basse, le regard s’aligne avec les tissus. Voici pourquoi cette pièce respire l’accueil bédouin : on y partage, on y discute, on y sert le café à même le tapis. Au centre, une dallah en métal et de petites tasses sans anse. Le rituel du café arabe structure la visite de ce logement typiquement bédouin. On torréfie, on moud, on fait infuser, puis on sert d’abord l’invité le plus âgé. Ce service rime avec générosité et respect. Les formes de la cafetière, son long bec et son couvercle effilé, renvoient à un savoir-faire répandu dans la péninsule et au Levant. Le geste du service, répété, rythme la conversation et donne le tempo de la rencontre.
Découvrez aussi notre article sur les tentes des bédouins.
Un majlis aux couleurs du désert
Les assises basses et les coussins appuyés contre les murs évoquent le majlis, cet espace social où l’on reçoit, débat et fête. Le majlis n’est pas un salon figé : c’est une scène modulable faite de tapis kilim épais, de dossiers textiles et d’un plateau de service toujours prêt pour le café ou le thé.
La grande pièce bleue aux arches blanches s’y prête bien. La circulation est libre, les seuils encadrent la vue vers la salle à manger et les tapis guident le pas. On s’assoit au ras du sol pour niveler les positions et rapprocher les voix. Cette configuration répond à la logique climatique du sud jordanien.
Sur le tapis, un plateau de jeu en bois attire l’œil : deux rangées de six alvéoles et des graines polies. C’est une variante de mancala, jeu de semailles présent d’Afrique à l’Arabie. Il se joue vite, stimule le calcul mental et accompagne naturellement les longues veillées autour du café.

Entre hospitalité et héritage nomade
Les détails complètent l’ambiance. Pichets en terre poreuse, parfaits pour garder l’eau fraîche. Lanternes posées au sol pour une lumière douce. Couloirs textiles qui guident d’un coin à l’autre. Dans la chambre, des matelas posés au sol et des couvertures épaisses répondent au climat : on dort près du sol quand il fait chaud. Les arches stuquées, peintes en blanc, cadrent l’espace et structurent la lumière.
Nous sommes à Petra, ancienne ville caravanière creusée dans le grès. Entre désert et montagne, elle fut un carrefour de peuples et de styles. Cette culture de l’échange se lit encore dans l’intérieur : tout converge vers l’accueil. Le majlis, le café et le jeu forment un trio fidèle à l’esprit bédouin.

Si vous souhaitez retrouver cette atmosphère chez vous, pensez assise basse, superposition de textiles, lumière chaude et un coin café visible. Ajoutez un jeu de semailles sur la table. L’espace deviendra naturellement un lieu de parole.


