Les huttes du peuple Taita

L’architecture vernaculaire du peuple Taita, installé dans la région des Taita Hills au Kenya, témoigne d’une adaptation ingénieuse au climat, aux ressources locales, à l’environnement et à l’organisation sociale traditionnelle. Ces habitations, souvent désignées sous le terme de huttes, font partie intégrante du paysage rural et sont le fruit d’un savoir-faire transmis sur plusieurs générations.

Qui sont les Taita ?

Le peuple Taita, aussi appelé Wadawida ou Dawida, est une communauté bantoue établie principalement dans la région montagneuse des Taita Hills, au sud-est du Kenya, près de la frontière tanzanienne.

Cette population, forte d’environ 300 000 personnes, occupe un territoire vallonné à la végétation dense, caractérisé par un climat tempéré propice à l’agriculture. Ils vivent dans de petits villages organisés autour de la famille élargie. Leur mode de vie repose sur la culture de subsistance : maïs, mil, haricots, patates douces et bananes. L’élevage de chèvres et de bovins complète les ressources alimentaires, tandis que certaines activités artisanales, comme la vannerie ou la poterie, perdurent au sein de la communauté.

La société taita est structurée autour de lignages familiaux et de chefferies locales. Les traditions, les chants et les danses accompagnent les moments importants de la vie collective, comme les rites initiatiques ou les fêtes agricoles. Malgré l’influence croissante de la modernité et des migrations, les Taita conservent un fort attachement à leur patrimoine, à leurs terres et à leurs pratiques architecturales.

Typologie et organisation spatiale

Les huttes taita présentent une morphologie caractéristique : un plan circulaire ou légèrement ovalaire, surmonté d’une toiture conique ou à quatre pans en matériaux végétaux. Ces maisons sont regroupées en petits ensembles familiaux, chaque concession comportant généralement plusieurs unités distinctes (maison principale, cuisine, réserves, abri pour le bétail), disposées autour d’une cour centrale.

Cette configuration répond à des besoins précis : la circulation de l’air est optimisée, la cour sert de lieu d’activités domestiques et de rassemblement, et chaque structure peut être reconstruite ou adaptée sans bouleverser l’ensemble de l’habitat. Elle permet aussi d’adapter l’espace aux besoins du moment.

hutte du peuple Taita

Matériaux de construction

La construction des huttes taita repose exclusivement sur l’emploi de ressources locales. Les murs sont réalisés en terre battue, parfois mêlée de fibres végétales, appliquée sur une armature de pieux et de branches entrelacées. Ce procédé (torchis) offre une bonne inertie thermique et une résistance face aux intempéries. La couleur ocre des parois résulte de la terre ferrugineuse typique des sols de la région.

La toiture est confectionnée à partir de chaume de graminées, disposé sur une structure rayonnante en bois. L’épaisseur du chaume assure une isolation contre la chaleur du jour et conserve la fraîcheur. Le débordement important du toit protège les murs de la pluie et limite l’érosion à la base de l’édifice.

Techniques constructives et savoir-faire

La mise en œuvre des matériaux obéit à des règles précises. Les pieux verticaux, sélectionnés pour leur résistance et leur durabilité, sont enfoncés dans le sol puis reliés par des traverses horizontales, formant une ossature stable. La terre est ensuite appliquée en couches successives, tassée à la main.

Le chaume, récolté en saison sèche, est trié et lié en bottes, puis posé de la base du toit vers le sommet afin de garantir l’étanchéité. L’entretien régulier de la couverture est nécessaire pour prévenir les infiltrations et le pourrissement. Cette maintenance prolonge la durée de vie du toit.

Fonctionnalité et adaptation climatique

L’intérieur des huttes est conçu pour répondre aux besoins du quotidien tout en s’adaptant aux conditions climatiques. L’absence d’ouvertures importantes limite les déperditions thermiques et protège de la poussière. La porte, unique, est orientée pour éviter les vents dominants et renforcer la sécurité.

Le plan circulaire favorise la stabilité structurelle et réduit la prise au vent, tandis que l’épaisseur des murs de terre régule la température intérieure, créant un espace de vie confortable malgré les variations climatiques de la région. Cette disposition optimise le confort en toute saison.

L’habitat traditionnel des Taita illustre une architecture sobre, fonctionnelle et bien adaptée à son contexte, fruit d’une longue tradition artisanale et d’une connaissance fine du milieu naturel.

huttes du peuple Taita

Crédit photos : archidatum.com.

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