Changer d’assurance emprunteur : combien pouvez-vous économiser ?

Vous avez un prêt immobilier et vous payez encore l’assurance proposée par votre banque ? Vous pouvez souvent faire baisser la note, sans toucher à votre crédit. Et pas besoin d’attendre une date anniversaire : la loi vous autorise désormais à changer quand vous voulez, si les garanties sont équivalentes.

Ce que vous pouvez gagner, très concrètement

La question n’est pas “quelques euros par mois”, mais “combien sur toute la durée”.

Deux façons de calculer existent selon votre contrat :

  • prime sur capital initial (montant fixe chaque année), encore fréquente dans les assurances “groupe” des banques. Ce calcul reste fixe, même quand votre capital diminue.
  • prime sur capital restant dû (qui diminue avec le temps), plus courante chez les assureurs alternatifs.

Prenons un prêt de 300 000 € sur 20 ans, assuré à 100 % par une seule personne.

Cas 1 — Prime sur capital initial

  • Assurance banque : 0,32 % du capital initial = 960 € par an, soit 19 200 € sur 20 ans.
  • Assurance déléguée : 0,08 % du capital initial = 240 € par an, soit 4 800 € sur 20 ans.

Économie potentielle ≈ 14 400 €.

Cas 2 — Prime sur capital restant dû

  • Assurance banque : 0,18 % du capital restant dû en moyenne sur la durée ; coût total ≈ 9 500 €.
  • Assurance déléguée : 0,10 % du capital restant dû ; coût total ≈ 5 300 €.

Économie potentielle ≈ 4 200 €.

Ces ordres de grandeur varient selon l’âge, la profession, le tabagisme, les garanties choisies (décès, PTIA, invalidité, incapacité, éventuelle perte d’emploi), et la quotité si vous empruntez à deux. Mais l’écart entre une assurance “groupe” et une délégation bien calibrée reste souvent massif.

Petit retour d’expérience : un lecteur de 34 ans, non-fumeur, a baissé son coût d’assurance de 38 € à 12 € par mois sur un prêt de 220 000 € en basculant vers une formule sur capital restant dû, garanties identiques validées par sa banque. À l’échelle de 18 ans restants, l’économie représente près de 5 600 €. Rien d’extravagant : juste un contrat mieux ajusté à son profil.

Tendance de fond : la presse spécialisée note que le coût moyen de l’assurance emprunteur a reculé d’environ 40 % depuis 2010, sous l’effet des réformes successives (Lagarde, Hamon puis Lemoine). Cela confirme l’intérêt de faire jouer la concurrence. Selon Malakoff Humanis, les emprunteurs qui comparent plusieurs offres constatent souvent des écarts de tarif encore plus marqués. Certains organismes estiment même que la moitié des assurés paient aujourd’hui beaucoup plus qu’ils ne devraient.

Ce que la loi vous permet aujourd’hui

Depuis septembre 2022, vous pouvez changer d’assurance emprunteur à tout moment pendant la vie du prêt, sans frais de résiliation, à condition de présenter des garanties équivalentes à celles exigées par votre banque. Celle-ci doit répondre dans un délai court et motiver tout refus.

Deux autres points vous aident :

  • Équivalence de garanties : la comparaison ne se fait pas “mot à mot”, mais sur une grille de critères définie au niveau du CCSF (Comité consultatif du secteur financier). Autrement dit, votre nouveau contrat peut protéger de façon équivalente sans reprendre les mêmes intitulés.
  • Droit à l’oubli : pour certaines pathologies, le délai est ramené à 5 ans après la fin du protocole thérapeutique, ce qui facilite l’accès à une assurance compétitive.

Questionnaire de santé : dans quels cas vous y échappez

Vous n’avez pas à remplir de questionnaire de santé si deux conditions sont réunies :

  1. la part assurée de vos prêts est ≤ 200 000 € par assuré ;
  2. le prêt se termine avant vos 60 ans.

Ce point peut changer l’équation : sans formalités médicales, le délai et le stress diminuent. En revanche, certains profils du “segment Lemoine” (petits montants, fin de prêt avant 60 ans) ont vu une légère hausse de prime depuis 2022, les assureurs n’ayant plus le tri médical fin sur ces dossiers.

Sécuriser l’économie : le bon indicateur à regarder

Ne comparez pas seulement une mensualité. Regardez le TAEA (taux annuel effectif d’assurance) si votre banque le fournit, et surtout le TAEG du prêt assurance incluse. Le TAEG additionne tous les frais obligatoires (intérêts, frais de dossier, caution… et l’assurance quand elle est exigée). C’est ce TAEG qui est confronté au taux d’usure.

En clair : si votre nouvelle assurance baisse le TAEG, vous y gagnez. Et vous évitez de frôler le taux d’usure en période de tensions sur les taux.

Quand l’opération est la plus intéressante ?

Vous maximisez l’économie si :

  • il vous reste plus de 10 ans de crédit ;
  • vous êtes non-fumeur et sans risque aggravé ;
  • votre assurance actuelle est calculée sur capital initial ;
  • vous avez un taux groupe typique d’une banque et vous passez à une délégation adaptée à votre âge et à votre métier.

Mais même avec un prêt avancé, un passage d’une prime sur capital initial vers un contrat sur capital restant dû peut encore dégager plusieurs milliers d’euros. Si vous empruntez à deux, jouer sur la quotité (80/20, 70/30, etc.) en fonction de vos revenus et de votre exposition au risque peut aussi faire baisser la note, tout en conservant une couverture cohérente.

Ce qui peut coincer… et comment l’éviter

  • Refus pour non-équivalence : cela arrive quand un détail de garantie diffère (franchise, profession couverte, définition d’invalidité). Anticipez avec la grille CCSF et un certificat d’équivalence.
  • Demande d’ajout de garanties par la banque : parfois elle exige une option rare. Pesez le surcoût ; si la demande sort de la grille, contestez avec des écrits.
  • Phobie administrative : oui, c’est de la paperasse. La plupart des assureurs ou des courtiers montent le dossier pour vous. L’enjeu financier justifie deux ou trois échanges d’e-mails.
  • Usure : si votre TAEG est proche du taux d’usure du moment, un mauvais calibrage peut bloquer une renégociation globale. Suivez les taux publiés trimestriellement.

Santé, droit à l’oubli et AERAS : ne vous autocensurez pas

Si vous êtes concerné par un antécédent de santé, deux leviers existent :

  • Droit à l’oubli à 5 ans pour certaines pathologies (dont de nombreux cancers) ; au-delà du délai, vous n’avez rien à déclarer sur cet épisode.
  • Convention AERAS : elle encadre l’accès à l’assurance et peut ouvrir l’accès à une offre assurantielle quand un contrat standard est refusé. (Renseignez-vous, c’est prévu pour ces cas précis.)

Et, on le rappelle, pas de questionnaire de santé sous 200 000 € par tête avec fin de prêt avant 60 ans : beaucoup de dossiers entrent dans ce cadre, surtout en province ou sur des durées plus courtes.

Deux mini-scénarios pour vous repérer

Couple 35/33 ans, 320 000 € sur 25 ans, 50/50

  • Assurance banque : 0,34 % sur capital initial, ≈ 1 088 € par an≈ 27 200 € sur 25 ans.
  • Délégation : 0,12 % sur capital initial, ≈ 384 € par an≈ 9 600 € sur 25 ans.
    Gain potentiel : ≈ 17 600 €, à garanties équivalentes.

Emprunteur solo 42 ans, 230 000 € sur 18 ans

  • Éligible sans questionnaire (montant ≤ 200 000 € par assuré ? ici non : 230 000 € → questionnaire requis) : dans ce cas, on passe par des formalités simples ; l’écart tarifaire reste souvent sensible, surtout si l’assurance actuelle est sur capital initial.

Pourquoi agir maintenant ?

Deux raisons simples :

  1. Le cadre légal est favorable et stabilisé : vous pouvez changer quand vous voulez avec la règle d’équivalence et grâce à la loi Lemoine.
  2. Le contexte : le taux d’usure, recalculé chaque trimestre, encadre le TAEG. En choisissant une assurance moins chère, vous allégez le TAEG et vous vous laissez de la marge si vous renégociez.

Votre plan d’action

  • Récupérez la FSI de votre banque.
  • Demandez trois devis en délégation avec cette FSI.
  • Exigez la mention d’équivalence des garanties.
  • Comparez TAEG et coût total sur la durée restante.
  • Lancez la substitution à la date choisie, puis résiliez l’ancien contrat.

Et si vous hésitez encore : gardez en tête que, d’après la presse nationale, les prix ont reculé et que beaucoup d’emprunteurs n’osent pas alors que des milliers d’euros sont en jeu. Vous n’avez pas à forcer la porte : une simple demande chiffrée suffit pour voir si l’économie est là.

Vous pouvez changer d’assurance emprunteur à tout moment, viser des garanties équivalentes, baisser le TAEG… et, selon votre profil, gagner de quelques milliers à plus de dix mille euros sur la durée du prêt.

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