Située au cœur de la Somalie, la ville d’Abasa, aujourd’hui en ruines, est un site historique qui témoigne de l’époque prospère des sultanats somaliens médiévaux. Bien qu’elle soit peu connue du grand public, cette cité offre un aperçu de la grandeur architecturale et de l’organisation urbaine qui caractérisaient cette période. À travers ses bâtiments en pierre et ses grandes structures, Abasa incarne l’héritage d’une société marchande florissante. Découvrons ensemble ce site mystérieux et son importance historique.
Crédit photographies : https://statehorn.com/portfolio/abasa/
Un centre commercial prospère
Abasa était l’une des nombreuses villes de pierre qui ont vu le jour au cours de la période médiévale, à une époque où les royaumes et sultanats somaliens, tels que ceux d’Ajuran et de Geledi, dominaient la région. Située à l’intérieur des terres, cette cité faisait partie intégrante d’un réseau commercial florissant reliant les principales villes somaliennes aux autres centres commerciaux de la Corne de l’Afrique.
À son apogée, Abasa était un carrefour pour le commerce intérieur. Les marchands somaliens utilisaient les routes caravanières pour échanger des produits locaux, tels que l’encens, le cuir et les textiles, contre des marchandises venues d’autres régions du monde. Ce commerce longue distance permettait à Abasa de prospérer et de se développer, attirant de nombreux habitants et marchands. Cela se reflète encore dans les vestiges de la ville, qui comptaient autrefois plus de 200 bâtiments en pierre.
Une architecture en pierre impressionnante
L’architecture d’Abasa est l’un des aspects les plus remarquables de cette ville médiévale. Les bâtiments en pierre, dont il ne reste aujourd’hui que des ruines, témoignent d’un savoir-faire avancé. Contrairement aux habitations nomades en bois et en nattes (l’aqal), les structures en pierre d’Abasa étaient conçues pour durer et représentaient la stabilité de la ville en tant que centre permanent.
Les bâtiments en pierre d’Abasa, dont certains avaient plusieurs pièces et étages, étaient construits à partir de matériaux locaux. La pierre utilisée pour ces structures offrait une solidité à l’édifice et une isolation naturelle contre les températures élevées. Les toits plats, caractéristiques de l’architecture somalienne de l’époque, favorisaient la ventilation et permettaient de capturer l’air frais durant la nuit.
Aujourd’hui, les ruines d’Abasa s’étendent sur une superficie d’environ 2,4 kilomètres de circonférence. Bien que les bâtiments soient pour la plupart en ruines, les archéologues et les chercheurs peuvent encore identifier les anciennes maisons, les marchés et les édifices publics qui constituaient cette ville. Les fouilles sur place ont permis de découvrir des objets qui apportent de précieuses informations.
Un site abandonné, mais toujours en mémoire
Malgré la grandeur qu’elle connut au 15ème siècle, Abasa, comme d’autres villes intérieures de la Somalie, a progressivement décliné. La montée en puissance des villes côtières, telles que Mogadiscio et Merca, a réduit l’importance des cités marchandes à l’intérieur des terres. Abasa a donc été abandonnée, sans doute au début de l’époque moderne, alors que le commerce maritime se centralisait sur les côtes.
Malgré son abandon, Abasa reste un lieu important dans la mémoire collective de la Somalie. Ses ruines, dans le paysage désertique, sont un rappel des époques de prospérité qui ont marqué l’histoire de la région. Les vestiges d’Abasa attirent aussi l’attention des historiens et des archéologues qui cherchent à comprendre comment fonctionnait la ville et quelle était son importance dans le réseau commercial.
Le lien avec d’autres cités médiévales
Abasa ne se trouvait pas seule dans son développement. D’autres villes, comme Amud et Goan Bogame, partageaient un destin similaire. Ces cités étaient des centres commerciaux clés à l’intérieur des terres, où les marchands échangeaient des biens avant de les envoyer vers les villes côtières. L’architecture de ces villes médiévales partage de nombreuses similitudes, notamment l’utilisation de la pierre comme principal matériau de construction et des bâtiments à plusieurs étages.
Les fouilles archéologiques menées à Abasa révèlent également des liens avec d’autres civilisations de l’époque. Les objets trouvés sur le site, tels que des pièces de monnaie et des céramiques, témoignent d’échanges avec des régions comme l’Arabie et l’Inde. Ces artefacts sont autant de preuves que la ville était une plaque tournante pour les échanges commerciaux internationaux.
Abasa, un témoignage du passé somalien
Aujourd’hui, Abasa n’est plus qu’un souvenir de l’époque médiévale somalienne, mais elle reste un symbole puissant des cités marchandes intérieures. Les ruines, avec les maisons en pierre et les édifices publics, rappellent une époque où le commerce et la prospérité définissaient la vie dans la région.
La découverte et la préservation de sites comme Abasa sont indispensables pour mieux comprendre l’histoire de la Somalie. Bien que beaucoup de ses trésors architecturaux soient aujourd’hui en ruines, ils continuent d’intéresser et de susciter des recherches archéologiques.
Le patrimoine de la Somalie, incarné par Abasa, nous rappelle que cette région, souvent associée à ses défis contemporains, a également une histoire riche et complexe. Les maisons en pierre d’Abasa sont un lien tangible avec un passé prospère et un avenir qui pourrait revêtir des significations nouvelles à mesure que les archéologues en apprennent davantage sur cette époque fascinante.