Situé sur les pentes de Signal Hill au-dessus du centre-ville, Bo-Kaap est l’un des quartiers résidentiels les plus fascinants (et colorés) de la ville sud-africaine du Cap. Le quartier est en effet caractérisé par des maisons aux couleurs vives qui remontent au 18ème siècle.
Histoire du quartier
Les résidents de Bo-Kaap sont des descendants d’esclaves qui ont été importés par les Hollandais en provenance de Malaisie, d’Indonésie, d’Inde, du Sri Lanka et de plusieurs pays africains au cours des 16e et 17e siècles. Ces esclaves étaient appelés « Malais du Cap », même s’ils n’étaient pas tous d’origine malaisienne. Après que les britanniques ont saisit Cap aux Néerlandais en 1795, une série de changements positifs ont suivi au cours des quatre décennies suivantes, y compris la liberté religieuse, l’abolition de la traite négrière et enfin, un terme à l’esclavage. Les esclaves affranchis ont formé une nouvelle communauté à Bo-Kaap, qui, aujourd’hui encore, est considéré comme le quartier Malais.
Bo-Kaap est en grande partie une communauté musulmane avec une culture distinctive créée par les mariages entre esclaves du Sud et les pays sud-asiatiques avec ceux de l’Inde, de Madagascar, et les groupes indigènes africains. Beaucoup de femmes locales se sont converties à l’islam pour épouser des hommes musulmans. « Ils ne boivent pas d’alcool, donc ils sont fait pour être de meilleurs maris », explique un guide local. Aujourd’hui, les gens de Bo-Kaap se disent musulmans du Cap.
Histoire des maisons colorées
Les maisons colorées de chaque côté de la rue est une innovation récente qui célèbre l’identité musulmane du quartier. Dans un premier temps, toutes les maisons du Cap ont été peintes en blanc. Puis les habitants de Bo-Kaap ont commencé à peindre leurs maisons aux couleurs vives en préparation pour la célébration de l’Aïd. Les voisins se mettaient souvent d’accord sur les couleurs à utiliser pour ne pas avoir un choc des nuances.
La communauté soudée subit cependant une lente dissolution. Les résidents de longue date ont vendu des propriétés de famille, et le nombre de riches étrangers a augmenté. Cela a été troublant pour certains résidents qui estiment que l’identité et l’histoire unique de Bo-Kaap pourraient être perdues si cela devait se poursuivre. Dans les années à venir, Bo-Kaap pourrait être un endroit très différent.
Défis contemporains et perspectives d’avenir
La gentrification et le tourisme à Bo-Kaap représentent à la fois une opportunité et une menace pour le quartier. D’une part, l’afflux touristique a revitalisé l’économie locale, avec une augmentation des boutiques, des cafés et des entreprises offrant des expériences culturelles authentiques. Cependant, cette même popularité a exacerbé la pression sur le marché immobilier, rendant difficile pour les habitants de longue date de rester dans le quartier en raison de l’augmentation des prix des propriétés et des loyers.
En réponse à ces défis, des groupes communautaires se sont formés pour préserver le patrimoine culturel unique de Bo-Kaap. Ils militent pour la reconnaissance officielle du quartier en tant que site du patrimoine culturel, ce qui pourrait offrir une protection contre les développements futurs non régulés et maintenir l’authenticité du quartier. Des initiatives telles que l’instauration de musées locaux et la mise en place de visites guidées par des résidents sont également envisagées pour éduquer les visiteurs.
Culture et événements
Bo-Kaap est célèbre pour ses festivités, en particulier durant le mois du Ramadan où la communauté se rassemble pour des iftars de rue, ouvrant leurs maisons et partageant des repas avec voisins et visiteurs. Le jour de l’Aïd, le quartier se transforme avec des festivités qui incluent de la musique, de la danse, et bien sûr, une explosion de couleurs encore plus vive que d’habitude.
La cuisine du quartier est un autre point d’attraction majeur. Influencée par une mélange de saveurs malaises, indiennes et africaines, elle attire des gourmands de partout dans le monde. Des plats comme le bobotie (un plat à base de viande hachée et épicée), le bredie (ragoût de tomate et d’agneau) et les koeksisters (dessert tressé sucré) sont des spécialités que l’on trouve souvent dans les menus locaux.
Conclusion
Bo-Kaap continue de lutter pour trouver un équilibre entre préserver son riche héritage culturel et s’adapter aux exigences d’un monde moderne en constante évolution.
Alors que le quartier attire de plus en plus d’attention internationale, la responsabilité collective de respecter, protéger et célébrer son histoire devient indispensable pour son avenir. La communauté de Bo-Kaap reste au cœur de ces efforts, en veillant à ce que leur identité ne soit pas diluée mais plutôt enrichie, faisant du quartier un modèle vivant de résilience et de renouveau culturel.