Les Balinais sont connus pour leur esprit conservateur et traditionnel. Art, musique, cuisine, mode de vie sont des représentations de leurs mœurs. Ce fait est perceptible dans les demeures balinaises. À Bali, l’architecture ne se résume pas à des murs et des toits. Chaque détail de la maison traditionnelle balinaise est chargé de symbolisme. Elle représente une connexion entre les dieux, les ancêtres et les vivants. C’est une invitation à comprendre la culture balinaise, où spiritualité et quotidien se mêlent harmonieusement. Partons ensemble à la découverte de cette architecture imprégnée de significations religieuses.
Un concept architectural dicté par le cosmos
La maison traditionnelle balinaise est construite selon des règles bien définies qui s’inspirent directement du cosmos. Chaque structure et élément architectural trouve son origine dans l’idée d’équilibre entre les forces naturelles et spirituelles. À Bali, l’univers est divisé en trois parties : le monde supérieur des dieux, le monde intermédiaire des humains, et le monde inférieur des esprits malins. Ces trois dimensions, appelées Tri Hita Karana, guident la construction des maisons et leur organisation.
Ainsi, la maison balinaise s’articule en fonction de la direction des points cardinaux, la montagne (le sacré) étant le nord, et la mer (l’impur) étant le sud. Ce principe cosmique oriente la disposition des pièces, permettant une harmonie entre les forces spirituelles et physiques. De cette manière, vous trouverez que les structures sacrées, comme les temples familiaux, sont toujours situées du côté montagne, tandis que les espaces utilitaires, comme les cuisines ou les zones de stockage, se trouvent du côté de la mer.
Ces règles sont issues d’un concept typique balinais : l’Est (Kaja), associé à la montagne et l’Ouest (Kelod), associé à la mer. En lien avec l’itinéraire de direction du soleil : Kaja joint tout ce qui est en rapport avec le levant. Et Kelod, le couchant. De ce fait, tout ce qui est sacré est orienté vers l’Est et le reste vers l’Ouest.
Les croyances liées à la construction
Chaque positionnement est étudié et a une signification. Particulièrement, il est divisé en 3 parties : la partie sacrée (Utama), la partie intermédiaire (Madya) et la partie impure (Nista). Des zones qu’ils lient aux concepts du corps humain. La première partie à la tête, le second au corps et la troisième aux membres.
Dans cette optique, ils placent les pièces de l’amont en aval. Les pièces les plus pures se trouvent dans la zone Utama : le temple. Celles,en lien avec les fonctions sociales sont dans la Madya : lieux de vie et de repos. Tout ce qui est du recyclage ou de l’évacuation se place dans la zone Nista : les toilettes.
Le pavillon : cœur de la vie quotidienne
Contrairement aux maisons occidentales, où toutes les fonctions sont regroupées sous un même toit, la maison traditionnelle balinaise est composée de plusieurs pavillons distincts. Chacun de ces pavillons a une fonction bien définie, qu’il s’agisse de dormir, de cuisiner, ou de recevoir des invités. Cet agencement permet de respecter les principes religieux en attribuant un rôle sacré à chaque pavillon.
Le bale daja, par exemple, est le pavillon le plus sacré et sert principalement de lieu de repos pour les membres de la famille. Il est toujours situé dans la partie la plus haute de la propriété. Le bale dangin, quant à lui, est utilisé pour les cérémonies religieuses et familiales. Les invités sont accueillis dans le bale dauh, qui se trouve à l’ouest. Cette organisation reflète la manière dont la spiritualité structure le quotidien à Bali. Les pavillons symbolisent donc également des lieux de connexion avec l’invisible.
L’importance du temple familial
Le sanggah ou merajan, temple familial, est un élément central de chaque maison traditionnelle balinaise. Ce petit temple est dédié aux ancêtres et aux divinités protectrices du foyer. Chaque jour, les Balinais y déposent des offrandes pour honorer leurs ancêtres et demander leur protection. Ce lieu est indispensable pour maintenir l’équilibre entre les mondes visibles et invisibles.
Le temple est toujours situé dans la partie nord-est de la propriété, la plus proche des montagnes (Utama), car c’est la direction du sacré. À travers ce temple, la maison balinaise s’ouvre aux divinités, les invitant à prendre part à la vie du foyer. Il représente également un lien fort entre les membres de la famille et leurs ancêtres, renforçant ainsi les valeurs de respect et de transmission intergénérationnelle.
Des matériaux en harmonie avec la nature
Vous ne trouverez pas de maisons en béton dans la tradition balinaise. Ici, chaque élément de construction est tiré directement de la nature. Les Balinais pensent que l’usage de matériaux naturels permet de maintenir une harmonie entre l’homme et son environnement. Ainsi, les pavillons sont principalement construits en bois, bambou et pierre. Les toits sont souvent en chaume ou en feuilles de palmiers tressées, ce qui leur confère une intégration parfaite avec la végétation environnante.
Les matériaux sont choisis pour leur disponibilité ou leur esthétique. Ils sont aussi sélectionnés pour leurs propriétés spirituelles. Le bois, par exemple, est considéré comme un matériau pur, tandis que la pierre incarne la solidité et la stabilité. Ce choix témoigne de l’attention portée à chaque détail, renforçant l’idée que ce n’est pas qu’un lieu de vie, mais un espace de communion avec les forces naturelles et divines.
Un agencement favorisant la circulation de l’énergie
La maison traditionnelle balinaise est également conçue pour favoriser une circulation fluide de l’énergie, ou prana. Ce concept, présent dans plusieurs cultures asiatiques, est fondamental à Bali. L’architecture balinaise s’attache à maximiser cette énergie vitale en laissant circuler librement l’air et la lumière à travers les pavillons. L’absence de murs solides entre les pavillons permet à la lumière naturelle et à l’air de se déplacer sans contrainte, renforçant ainsi le bien-être des habitants.
Les jardins jouent aussi un rôle dans cet équilibre. Souvent, les pavillons sont entourés de végétation luxuriante, qui embellit l’espace, et participe à purifier l’air et à offrir des endroits ombragés propices à la méditation et au repos. Le jardin, à l’image des pavillons, fait partie du mode de vie balinais. Il n’est pas rare d’y trouver des bassins d’eau ou des statues de divinités, renforçant l’ambiance spirituelle.
Le rôle des rituels dans la maison balinaise
Vivre dans une maison balinaise, c’est vivre au rythme des rituels religieux. Ces derniers rythment le quotidien et marquent les moments importants de la vie familiale, qu’il s’agisse d’une naissance, d’un mariage, ou de la construction de la maison elle-même. En effet, la construction d’une maison balinaise est précédée par une série de rituels destinés à bénir le terrain et à demander la protection des esprits.
Ces cérémonies ne s’arrêtent pas à la construction. Chaque jour, des offrandes sont faites pour apaiser les esprits et attirer la bienveillance des dieux. Cela peut prendre la forme de petits paniers remplis de fleurs et de riz, placés devant le temple familial ou à l’entrée de la maison. Ces rituels, bien que discrets, sont d’une grande importance pour maintenir l’équilibre spirituel du foyer.
Une architecture ancrée dans la communauté
La maison traditionnelle balinaise n’est pas isolée ; elle s’inscrit dans une communauté soudée, appelée banjar. Chaque famille fait partie d’une banjar, qui est à la fois une organisation sociale et un centre spirituel. Cette appartenance communautaire renforce le rôle religieux de la maison, car les familles partagent les mêmes croyances et rituels. Les décisions importantes, telles que les cérémonies collectives, se prennent au sein de la banjar, soulignant ainsi l’importance de l’unité et de la solidarité.
La maison, bien qu’intimement liée à la famille, reflète donc aussi un engagement envers la communauté et les divinités locales. Cette interaction entre espace personnel et vie collective renforce l’idée que l’architecture balinaise est un miroir des croyances et des valeurs spirituelles partagées.