Les maisons traditionnelles de Bagdad, appelées « Hosh », sont un patrimoine architectural riche et complexe qui reflète l’histoire et les besoins spécifiques liés au climat et aux modes de vie locaux. Cet article explore en profondeur les caractéristiques de ces habitations emblématiques de Bagdad.
Bagdad, la capitale de l’Irak, est une ville avec une longue histoire qui s’étend sur plusieurs millénaires. Parmi les témoignages de son passé, les maisons traditionnelles de Bagdad de type « Hosh » se distinguent par leur architecture unique et leur capacité à répondre aux défis environnementaux du climat chaud et sec de la région. Ces habitations, qui datent de plusieurs siècles, incarnent une architecture vernaculaire qui combine fonctionnalité, esthétique, et respect des traditions culturelles.
Le concept de la maison « Hosh »
La maison « Hosh » est caractérisée par un plan centré autour d’une cour intérieure, ou « Hosh », qui sert de cœur à l’habitation. Cette cour joue un rôle central dans la vie quotidienne des habitants, offrant un espace de détente à l’ombre des arbres, souvent des palmiers dattiers ou d’autres arbres fruitiers comme les grenadiers et les orangers amers. Ces arbres embellissent l’espace et fournissent des fruits. La cour permet de maintenir une certaine fraîcheur dans les espaces intérieurs durant les mois chauds.
La conception de la maison Hosh bagdadienne est profondément ancrée dans les notions de « sitr » (voile ou protection) et de « haram » (espace privé), des concepts qui assurent la protection de la vie privée des habitants. Le « haram » est généralement réservé aux femmes et aux membres proches de la famille, tandis que la « dīwān-khānah » est l’espace public dédié aux hommes et aux invités.
Architecture et matériaux de construction
Les maisons traditionnelles de Bagdad sont principalement construites en briques de terre crue, un matériau largement disponible dans la région. Les murs extérieurs sont épais, atteignant souvent 80 cm, ce qui permet de bloquer les rayons du soleil et de maintenir une température intérieure relativement stable. L’usage de briques non cuites rend ces maisons vulnérables à l’eau, d’où l’importance de l’entretien régulier des toits pour éviter les infiltrations d’eau pendant les rares mais intenses averses.
Le « sirdāb », ou cave souterraine, est un autre élément clé de ces maisons. Ce sous-sol est utilisé pour échapper à la chaleur estivale, grâce à un système ingénieux de ventilation naturelle appelé « bādgīr » ou attrape-vent. Ce système dirige l’air frais du nord-est à travers des conduits situés dans les murs épais, refroidissant les espaces intérieurs. Ce mécanisme est essentiel pour les habitants en été.
La cour et les espaces semi-ouverts
La cour intérieure est entourée de divers espaces semi-ouverts, tels que le « talār », une pièce de vie ouverte sur la cour, utilisée à différents moments de l’année selon l’orientation et les besoins de protection contre le soleil ou les vents. Ces espaces permettent une interaction fluide entre l’intérieur et l’extérieur, tout en offrant des zones de transition où l’air circule, contribuant à rafraîchir toute la maison.
Le toit de la maison, ou « sath », est un autre espace caractéristique de la maison traditionnelle de Bagdad. Pendant les chaudes nuits d’été, il sert de lieu de sommeil, permettant aux habitants de profiter des brises nocturnes. De jour, il est utilisé pour diverses tâches domestiques, bénéficiant de la chaleur sèche du climat qui contraste avec l’humidité parfois ressentie dans les espaces intérieurs.
Défis actuels et préservation
Avec l’évolution des modes de vie et l’introduction de technologies modernes telles que la climatisation électrique, de nombreux éléments architecturaux traditionnels, comme les systèmes de ventilation naturelle, ont perdu de leur pertinence. Cependant, ces maisons restent des témoins précieux de l’histoire et de l’ingéniosité architecturale de Bagdad. Leur préservation est vitale pour conserver l’héritage de la région et pour promouvoir des techniques de construction durables adaptées au climat local.
Malheureusement, la préservation de ces maisons est confrontée à de nombreux défis. L’urbanisation rapide, le manque de sensibilisation à la valeur patrimoniale de ces bâtiments, et l’absence de politiques de conservation efficaces menacent leur existence. Des efforts concertés doivent être mis en place, tant au niveau gouvernemental qu’au sein de la communauté, pour restaurer et maintenir ces maisons.
Conclusion sur le « Hosh » bagdadien
Les maisons « Hosh » traditionnelles de Bagdad sont le reflet d’une culture riche, d’une adaptation ingénieuse aux conditions climatiques difficiles, et d’une histoire architecturale qui mérite d’être protégée et valorisée. Alors que le monde moderne continue de progresser, il ne faut pas oublier les leçons du passé, incarnées dans ces maisons, pour inspirer des pratiques architecturales de tradition et durabilité.
Ces maisons ne sont pas que des structures physiques, mais des symboles d’une histoire collective et d’une identité qui ont résisté à l’épreuve du temps. Leur préservation est un devoir pour les bagdadiens et tous ceux qui valorisent l’importance du patrimoine culturel dans la construction d’un avenir commun.
Les maisons de Bagdad symbolisent un mode de vie dans lequel la communauté, l’hospitalité, l’intimité et l’artisanat sont tous d’égale priorité. Ces maisons font partie de l’héritage culturel et continuent d’influencer l’architecture irakienne aujourd’hui.