Changer d’univers sans bouger les murs, c’est possible. Grâce à la décoration, chaque intérieur peut raconter une histoire différente, refléter une personnalité, un rythme de vie, une envie de renouveau. Aujourd’hui, deux courants tirent leur épingle du jeu dans les magazines, les réseaux et les showrooms : le style japandi et le style maximaliste. Deux approches opposées, mais tout aussi séduisantes, que nous allons décortiquer pour mieux comprendre comment les adopter chez soi.
Le style japandi : sobriété et naturel maîtrisés
Le terme “japandi” naît de la fusion entre “japonais” et “scandinave”. Ce mariage surprenant mêle le dépouillement zen des intérieurs nippons à la douceur chaleureuse du design nordique. Il s’agit de créer un espace épuré, où chaque objet est à sa place et a une raison d’être. Ici, pas de surcharge ni de décoration superflue. L’objectif ? Apaiser l’esprit et adoucir le quotidien.
Les matériaux ont un rôle central dans le style japandi. On privilégie le bois clair ou patiné, le lin, le coton lavé, la céramique brute. Les murs se parent de blancs cassés, de beiges chauds, parfois de gris doux. Les meubles ont des lignes simples, parfois basses, toujours fonctionnelles. Un banc en bois brut, une table basse rectangulaire sans fioriture, une lampe en papier de riz : voilà des choix typiques.
Côté agencement, la circulation est fluide. On cherche la clarté, la lumière naturelle, l’harmonie. Les fenêtres ne sont jamais étouffées sous de lourds rideaux. Au sol, un tapis tissé à la main ou en jute rappelle le lien à la terre. Les plantes vertes ont leur place, mais sans exubérance : une grande fougère dans un pot artisanal ou un bonsaï soigneusement taillé peuvent suffire.
Adopter le style japandi, c’est aussi adopter une philosophie. Moins d’objets, plus de calme. Moins d’accumulation, plus de respiration. Cela demande parfois de faire du tri, de repenser ses habitudes, voire de modifier l’usage de certaines pièces. Une salle à manger peut ainsi devenir un lieu de méditation ou de lecture, grâce à une table basse, quelques coussins et une bibliothèque aux lignes sobres.
Ce style convient particulièrement aux petits espaces. Il évite les encombrements et permet de structurer visuellement une pièce sans cloison. Dans un studio ou un appartement ancien, le japandi transforme la contrainte en avantage. Il apporte également une cohérence dans les rénovations : les artisans peuvent se concentrer sur des finitions simples mais soignées, avec des matériaux faciles à entretenir.

Le style maximaliste : l’art d’oser sans se perdre
À l’opposé du minimalisme, le style maximaliste prône l’abondance assumée. Couleurs vives, motifs mêlés, meubles anciens et modernes côte à côte : ici, on célèbre l’expression personnelle sans retenue. Chaque mur devient un terrain d’expérimentation, chaque objet raconte une anecdote.
Le maximalisme n’est pas une accumulation désordonnée. Il repose sur une règle d’or : créer une harmonie dans la diversité. Cela passe par un travail subtil de contraste, d’équilibre des volumes, de jeux de matières. Un canapé en velours vert peut être accompagné d’un tapis à motifs ethniques, d’un miroir doré et d’une lampe tulipe des années 1970, tant que les teintes dialoguent.
Les teintes sont franches, audacieuses, presque théâtrales. Bleu Klein, orange brûlé, rouge carmin, vert sapin… Il faut oser les faire cohabiter. Le mur devient toile. Peinture, papier peint panoramique, tentures murales, cadres dorés : tout est permis si l’ensemble crée une atmosphère dense, mais cohérente.
Le mobilier chiné a une place de choix. Un fauteuil baroque peut cohabiter avec une table basse industrielle, une armoire provençale ou un tabouret cubique. Le but n’est pas de respecter une époque, mais de composer un univers unique, à mi-chemin entre galerie d’art et appartement de collectionneur.
Le maximalisme demande une certaine maîtrise. Il ne s’improvise pas. On conseille souvent de partir d’une pièce forte : un canapé coloré, une œuvre grand format ou une suspension spectaculaire. Autour de ce point d’ancrage, les autres éléments doivent venir en renfort, sans voler la vedette. C’est un peu comme une composition musicale : un thème, des variations, une rythmique, un silence bien placé.
Ce style s’adapte parfaitement aux grandes surfaces ou aux appartements haussmanniens. Les plafonds hauts, les moulures, les parquets anciens servent d’écrin à cette richesse visuelle. Mais on peut aussi l’appliquer à une chambre ou un bureau, en misant sur des accessoires forts et une palette audacieuse.

Comment choisir entre japandi et maximalisme ?
Ces deux styles répondent à des envies très différentes. Le japandi plaisent aux personnes qui cherchent à alléger leur quotidien, à retrouver un équilibre intérieur. Le maximalisme attire les esprits curieux, créatifs, amateurs de mélanges et de liberté audacieuse. Avant de choisir, vous devez vous interroger : avez-vous besoin de calme ou d’énergie ? Votre logement est-il lumineux, spacieux, traversant ? Préférez-vous investir dans quelques belles pièces ou accumuler les trouvailles au fil du temps ? Vos enfants sont-ils du genre à tout chambouler ou apprécient-ils les objets bien rangés ?
Il n’existe pas de réponse universelle. Certains mélangent même les deux approches avec intelligence. Une base japandi dans le salon, pour la sérénité du quotidien, et une chambre maximaliste, pour l’évasion. Ou une cuisine japandi et un bureau maximaliste, pour séparer les fonctions et les humeurs.
L’important est de ne pas se contenter d’un copier-coller d’inspiration. Il faut adapter les idées à son propre usage, à la lumière disponible, au volume des pièces. Un décorateur peut vous aider à poser les bases, mais vous seul pouvez faire vivre votre intérieur.
Conseils d’expert pour une mise en œuvre réussie
- Pour un style japandi, pensez aux jeux d’ombres et de lumières naturelles. Privilégiez les rideaux en lin et les ampoules à température chaude.
- Dans une pièce maximaliste, regroupez les objets par thématique ou par couleur. Cela évite la confusion visuelle.
- Faites confiance aux matériaux bruts : bois, pierre, terre cuite, verre dépoli ou laiton vieilli. Ils traversent les modes et gagnent en caractère avec le temps.
- Le choix du sol est fondamental. Un parquet clair se mariera avec le japandi ; un carrelage à motifs anciens conviendra au maximalisme.
- N’hésitez pas à solliciter un artisan local pour des finitions sur mesure : meuble suspendu, tête de lit en bois sculpté, bibliothèque en niches.
- Avant tout changement radical, réalisez un croquis ou un plan 3D. Cela évite les mauvaises surprises et permet d’anticiper la cohérence générale.
Affirmer son style, sans se perdre dans les tendances
Les tendances changent, mais le confort reste. Un bon style d’intérieur n’est pas celui qui impressionne les invités, c’est celui qui vous accueille chaque soir avec évidence.
Le japandi apaise, le maximalisme réveille. À vous de choisir ce qui vous ressemble. Et surtout, de le faire évoluer au fil du temps, sans jamais renier ce qui vous fait vous sentir chez vous.