Les yalis, ces élégantes demeures bordant le détroit du Bosphore à Istanbul, incarnent un héritage architectural unique en Turquie. Érigées entre les 18ème et 20ème siècles, ces résidences au bord de l’eau étaient autrefois des refuges estivaux pour l’élite ottomane. Leur emplacement stratégique, à la croisée des cultures européennes et asiatiques, et leur construction principalement en bois en font des symboles de raffinement et d’artisanat. Aujourd’hui, ces bâtisses majestueuses attirent autant les amateurs d’histoire que les passionnés d’architecture, témoignant du faste d’une époque révolue.
Derrière leurs façades sculptées se cachent des histoires de pouvoir, de prestige et de tradition. Des résidences comme la Şerifler Yalısı ou l’Erbilgin Yalısı illustrent cette richesse patrimoniale et continuent d’impressionner par leur splendeur. En dépit des rénovations modernes, les yalis conservent leur charme d’antan, s’intégrant au paysage du Bosphore. Leur popularité dépasse aujourd’hui les frontières turques, attirant l’attention d’architectes, d’historiens et de curieux venus admirer ces trésors des rives d’Istanbul.
Qu’est-ce qu’un yali ?
Un yalı (littéralement « bord de mer, rivage, plage ») est une maison ou un manoir construit au bord de l’eau (presque exclusivement en bord de mer, en particulier sur le détroit du Bosphore à Istanbul) et généralement construit avec un concept architectural qui prend en compte les caractéristiques de la situation côtière. Une famille qui possédait une résidence au bord de l’eau passait quelque temps dans cette résidence généralement secondaire située au bord de la mer, par opposition au konak (« manoir », outre l’utilisation du terme pour désigner des bâtiments à fonctions administratives) ou au köşk (« pavillon », ayant souvent une fonction pratique déterminée, comme la chasse, ou impliquant un caractère temporaire). Ainsi, aller au « yalı » acquérait le sens à la fois d’aller au bord de la mer et de se rendre dans la maison qui s’y trouve. Dans son acception contemporaine, le terme yalı désigne principalement les 620 résidences au bord de l’eau construites aux 18ème, 19ème et 20ème siècles et disséminées le long du Bosphore à Istanbul. Elles constituent ainsi l’un des points de repère du quartier.
Caractéristiques des yalis
Le bois finement travaillé était le matériau de construction prédominant pour les yalıs, comme pour la grande majorité des maisons turques traditionnelles. Les restaurations successives ont souvent entraîné une réduction progressive des parties en bois de la structure globale, mais le bois reste néanmoins le matériau prédominant et distinctif des yalıs historiques. Il n’est pas rare que les demeures les plus récemment restaurées utilisent le bois principalement à des fins de décoration extérieure.
Les yalis les plus célèbres
Le yalı le plus ancien qui subsiste est celui construit par le grand vizir Amcazade Köprülü Hüseyin Pacha (de la très influente famille Köprülü) en 1699 dans le quartier de Kanlıca (dans le district de Beykoz), sur les rives asiatiques du Bosphore. La salle d’audience (divanhane) et ses annexes immédiates ont survécu.
Sur les rives européennes opposées, la plus vieux yali est la « Şerifler Yalısı » dans le quartier d’Emirgan (dans le district de Sarıyer), qui a été construite en 1780 mais porte le nom d’un propriétaire ultérieur.
La demeure la plus chère est la « Erbilgin Yalısı » située à Yeniköy, à Istanbul. En 2007, le magazine Forbes l’a classée la comme la cinquième maison la plus chère du monde avec un prix de 100 millions de dollars.
Cornucopia, un magazine sur les arts, la culture et l’histoire de la Turquie, publie régulièrement un article sur les yalis du Bosphore, leur architecture et leurs intérieurs. Parmi les exemples notables, on trouve « Kıbrıslı Mehmed Emin Pasha », le yali d’Ethem Pertev, le yali de Saffet Pasha et le yali de Zeki Pasha.