Au cœur de l’île de Djerba et ses habitations typiques, la petite localité d’Erriadh ressemble tout d’abord à un village tunisien traditionnel, avec ses ruelles étroites, ses maisons blanchies à la chaux et ses portes en bois colorées. Mais depuis l’été 2014, ses façades nous montrent une tout autre histoire : celle d’un projet artistique inédit qui a métamorphosé le lieu en musée à ciel ouvert.
Baptisée Djerbahood, cette initiative a rassemblé 150 artistes venus de 30 pays pour offrir au village un nouveau visage, où l’art se mêle à l’architecture vernaculaire et à la vie quotidienne des habitants.
Un musée à ciel ouvert sur l’île de Djerba
Dans le village traditionnel d’Erriadh, les maisons, les écoles, le cimetière et même l’hôtel de ville sont désormais recouverts de fresques réalisées par 150 artistes venus de 30 pays. Ce projet inédit, baptisé Djerbahood, a été initié en 2014 par la galerie parisienne Itinerrance, spécialisée dans l’art de rue. L’objectif était de transformer ce lieu méconnu de l’île de Djerba en un véritable musée à ciel ouvert.
Si les habitants étaient d’abord réticents à l’idée de voir leurs murs repeints par des graffeurs locaux et internationaux, beaucoup d’entre eux se réjouissent aujourd’hui de participer à cette aventure. Le village d’Erriadh attire désormais des visiteurs venus du monde entier, curieux de découvrir les pieuvres, les calligraphies, les visages, les symboles et les motifs colorés peints sur les façades blanches.


Une aventure collective et encadrée
La transformation d’Erriadh ne s’est pas faite au hasard. Le galeriste parisien Mehdi Ben Cheikh, déjà connu pour avoir coordonné une fresque monumentale sur un immeuble parisien promis à la démolition et largement médiatisée dans la presse internationale, a piloté l’ensemble du projet. Avant que les pinceaux et les bombes de peinture n’entrent en action, plusieurs étapes ont été nécessaires :
- obtenir l’autorisation du ministère tunisien du tourisme ;
- sécuriser des financements grâce à des sponsors en France et en Tunisie ;
- recueillir l’accord du maire et des autorités locales pour peindre les espaces publics ;
- et surtout convaincre chaque propriétaire d’accepter qu’un artiste intervienne sur ses murs.
Ce long travail préparatoire a permis de poser les bases d’un projet respectueux du patrimoine bâti et des habitants. Les artistes ont ainsi pu travailler en confiance, en intégrant la culture locale et l’identité architecturale du village. Le résultat est une harmonie entre tradition et création contemporaine.

Un village qui change de visage
Durant l’été 2014, Erriadh s’est métamorphosé. Des façades centenaires sont devenues des toiles créatives, mêlant calligraphie arabe, figures contemporaines et motifs inspirés de la tradition tunisienne.
« La vie a changé ici, le village a changé et c’est une bonne chose », témoigne un habitant assis à l’ombre d’une porte turquoise vieillie. « Nous préférons que notre pays évolue. Et j’espère que cela va continuer. »
Au-delà de l’esthétique, Djerbahood a redonné une vitalité nouvelle à Erriadh. Le projet attire chaque année des visiteurs et contribue à renforcer l’image culturelle et artistique de la Tunisie.
Dans ce décor qui a autrefois servi de toile de fond à la planète Tatooine dans Star Wars, l’art de rue contemporain dialogue désormais avec la mémoire des habitattions du village.


