Ce village de bambou au Myanmar, nommé Bamboo House, est situé dans le quartier Nyaung U à Bagan. C’est un très bel hôtel. Toutes les maisons ont été construites de façon traditionnelles comme les maisons rurales en bambou du Myanmar. Voici un point architectural à propos de cet hôtel de bambou.
Un hôtel inspiré de l’architecture vernaculaire
Le projet Bamboo House reprend les principes constructifs traditionnels des maisons rurales en bambou birmanes, tout en les adaptant aux exigences de confort d’un hébergement touristique moderne.
Selon la Food and Agriculture Organization (FAO), plus de 30 % des habitations rurales du Myanmar utilisent encore le bambou comme matériau principal en raison de sa disponibilité, de sa légèreté et de sa résistance en flexion. Le choix du bambou pour ce village-hôtel répond à une double intention : préserver un savoir-faire traditionnel tout en explorant une voie de tourisme durable.
Chaque unité d’hébergement s’apparente à une petite maison reposant sur des pilotis en bois dur ou bambou, une technique adaptée aux zones sujettes aux crues, fréquentes dans les plaines birmanes traversées par l’Irrawaddy. Ce mode de construction sobre limite également l’impact sur le sol et favorise la ventilation naturelle. Il prolonge une logique d’adaptation au milieu.

Matériaux naturels et techniques locales
Les maisons du Bamboo House sont montées selon le principe traditionnel du poteau-poutre en bambou (tek-thin), avec des assemblages réalisés par ligatures végétales ou clous en bois. Les parois sont en bambou tressé (wattle and daub) ou en nattes tissées appelées « thinbaw », enduites localement d’un mélange terre-sable afin de renforcer leur durabilité tout en conservant une bonne régulation hygrothermique. Ce type d’enduit est documenté par CRAterre comme l’une des solutions les plus efficaces pour améliorer la longévité des structures légères en Asie du Sud-Est.

Confort thermique passif et adaptation climatique
L’architecture du Bamboo House applique une logique bioclimatique simple mais efficace. Les maisons comportent de larges débords de toiture pour protéger les façades des pluies de mousson.
Les ouvertures opposées favorisent une ventilation traversante, indispensable dans les plaines sèches de Bagan où la température dépasse régulièrement les 40 °C entre mars et mai. Les dalles de plancher ajourées, une caractéristique typique des maisons rurales de la région, permettent à l’air de circuler également par le bas, évitant l’accumulation de chaleur et d’humidité.
Ces principes rejoignent les recommandations du Myanmar National Building Code – Climate Responsive Design Guidelines, qui promeut des solutions passives avant tout recours à la climatisation. Grâce à ces dispositifs, les pièces restent fraîches sans dépendre d’équipements énergivores.

Préservation culturelle et économie locale
Au-delà de son intérêt architectural, Bamboo House soutient aussi l’économie locale. Les structures et finitions ont été réalisées par des artisans de Nyaung U et de Myinkaba, deux villages réputés pour leur maîtrise du bambou et du tressage traditionnel. Ce recours au savoir-faire local contribue à maintenir une pratique architecturale menacée par l’urbanisation rapide et le remplacement progressif du bambou par le béton dans les zones rurales. Il entretient une filière constructive encore vivante.
Selon une étude de l’Université Technologique de Mandalay (2022), la disparition progressive du bambou dans le secteur de la construction au Myanmar pourrait entraîner, à moyen terme, une perte de compétences artisanales vernaculaires et un appauvrissement du paysage architectural. Bamboo House constitue donc un exemple concret de valorisation culturelle par l’architecture.




