Une pit-house est une maison creusée partiellement dans le sol, coiffée d’une structure légère et couverte de terre ou de végétaux. On la rencontre sur plusieurs continents et à différentes périodes. L’archéologie la documente bien en Amérique du Nord, au Japon (culture Jōmon) et dans le Nord-Ouest du Pacifique. La logique est la même : tirer parti de l’inertie thermique du sol, protéger du vent, stocker et cuisiner, tout en gardant une enveloppe sobre et réparable. Voici pourquoi cette typologie intéresse encore : elle met l’accent sur la régulation climatique passive, l’économie de matière et la modularité domestique.
Repères historiques
Les archéologues situent de nombreuses pit-houses dans le Sud-Ouest nord-américain durant les périodes Basketmaker et Pueblo ancien. À Mesa Verde, les Ancestral Puebloans vivent d’abord sur le plateau dans des villages de pit-houses, avant le passage aux pueblos puis aux habitations troglodytes. Les séquences pédagogiques et rapports du National Park Service détaillent ce continuum et les caractéristiques techniques des structures fouillées, y compris des reconstructions de toitures et d’entrées par le toit. Elles annoncent l’essor d’une architecture collective et partagée.
Plus au nord, la pit-house appartient aux traditions des peuples du Plateau canadien. L’encyclopédie canadienne décrit son usage hivernal, ses plans circulaires ou ovales, et son association avec la pêche au saumon et des réseaux de villages. Les « house pits », visibles aujourd’hui comme creux de terrain, marquent encore le paysage archéologique. Leur trace révèle la densité et l’ancienneté des villages.
Sur la côte pacifique du Canada, certains sites Parcs Canada mentionnent la présence de « house pits » autour d’anciens villages, indices lisibles de l’organisation spatiale et de la durée d’occupation.
En Asie orientale, les fouilles de l’architecture Jōmon mettent en évidence des maisons semi-enterrées disposées en fer à cheval, avec planchers damés et toits végétalisés conçus pour recueillir les eaux de pluie. Les synthèses de Britannica replacent ces habitats dans une très longue durée, avec une culture matérielle riche et des innovations de confort adaptées aux climats locaux.

Anatomie d’une pit-house
Décomposons le sujet. Une pit-house réunit cinq éléments architecturaux récurrents :
- Le creusement : on ouvre une fosse de forme circulaire, ovale ou polygonale. Profondeur variable selon climat, nappe, nature du sol. Le sol sert de plancher. Dans le Sud-Ouest, les fouilles NPS montrent des fosses avec banquettes périphériques et foyers centraux.
- La structure porteuse : quatre poteaux principaux ou un cercle de poteaux supportent des poutres rayonnantes. Le National Park Service illustre cette charpente par des schémas de « pithouses » Basketmaker III : assemblage bois, couverture végétale et terre.
- La couverture : superposition de perches, nattes, herbes, écorces, puis une couche de terre. Objectif : masse isolante et étanchéité. L’ouverture sommitale sert de sortie de fumée et d’accès par échelle. À Mesa Verde, les parcours montrent la filiation vers la salle cérémonielle kiva, qui conserve l’ouverture au toit et certains organes techniques (déflecteur, évent).
- La ventilation et le foyer : feu central sur sole minérale. Tirage par l’oculus. Certains dispositifs ajoutent un évent latéral et un déflecteur pour guider l’air. Cette grammaire constructive se lit dans les rapports de fouille et les reconstitutions didactiques du NPS.
- Les aménagements intérieurs : banquettes, trous de poteaux, zones de stockage. Dans les villages du Plateau, la maison s’inscrit dans une trame d’unités avec variations de diamètre en fonction de la famille. L’encyclopédie canadienne résume ces usages et le lien avec la saisonnalité.
Performances bioclimatiques
La pit-house cherche l’équilibre thermique. Le sol limite les amplitudes. En hiver, la masse du remblai et la profondeur protègent du vent et conservent la chaleur du foyer.
En été, l’inhumation partielle garde la fraîcheur. Cette logique se retrouve sur des sites éloignés géographiquement, signe d’une convergence technique vers une enveloppe peu coûteuse et stable. Les ressources du NPS insistent sur l’adaptation progressive des formes d’habitat à l’agriculture et au stockage, ce qui renforce l’intérêt pour une enveloppe qui lisse les variations climatiques.
Au Japon, les maisons Jōmon montrent une couverture végétale pentue pour la pluie. Les entrées se placent à l’abri du vent dominant. L’organisation en fer à cheval révèle des choix d’orientation et des relations collectives au sein du village. Elle renforce la cohésion et la protection du village.

Vie domestique et organisation des villages
Les villages présentent souvent des groupements d’unités avec espaces ouverts au centre. Dans le Sud-Ouest, les séquences chronologiques NPS montrent la densification progressive des sites et la transition de la pit-house vers des plans en maçonnerie de surface. On voit aussi l’évolution des techniques de stockage, de la vannerie à la céramique, et des outils. Ces évolutions modifient la cuisine, le stockage et les circulations intérieures. Elles traduisent une organisation plus stable et collective de l’habitat.
Dans le Plateau canadien, la trame villageoise se lit aujourd’hui comme des dépressions, souvent appelées « house pits ». Elles se repèrent par centaines sur certains sites. Les synthèses canadiennes rappellent le rôle du saumon, des cycles de mobilité, et la spécialisation saisonnière des lieux.
Construire, entretenir, abandonner
La construction suit une séquence basique : tracer, creuser, poser les poteaux, couvrir, remblayer les rives, percer l’oculus. L’entretien porte sur la couverture et les poteaux exposés aux insectes et à l’humidité. Quand la charpente fatigue, on récupère des bois, on brûle les éléments dégradés, on reconstruit au même emplacement ou juste à côté. Les rapports et notices NPS décrivent ces cycles de vie, visibles en fouille par les superpositions de sols, les colmatages et les niveaux brûlés.
L’abandon laisse un « cratère » doux : la couverture s’effondre vers l’intérieur et forme une cuvette stable. Ce relief persiste durant des siècles. Les parcs du Canada décrivent ces « house pits » comme des marqueurs paysagers lisibles par le public, avec panneaux d’interprétation et parcours guidés.

Lecture technique : ce que l’architecture retient
- Gestion passive du climat : l’inertie du sol amortit les pics de chaleur et de froid. Le toit lourd joue le rôle de manteau isolant. L’oculus permet l’extraction des fumées et un apport de lumière zénithale. Cette leçon inspirera toute approche qui vise la sobriété énergétique.
- Structure claire et frugale : 4 poteaux majeurs, des pannes, un treillis de perches, une couche végétale et de la terre. La hiérarchie constructive se lit d’un seul regard. Cette clarté facilite l’entretien et la réversibilité. Les reconstitutions NPS rendent cette mécanique visible au public.
- Plan domestique compact : un foyer central, des banquettes, des zones de stockage. Le plan concentre les usages autour de la chaleur et de la lumière. Cette compacité reste inspirante pour des micro-logements, des espaces temporaires ou des refuges saisonniers.
- Implantation et paysage : la pit-house est une maille dans un système de villages. Les « house pits » lisibles aujourd’hui témoignent d’une planification paysagère et d’un cycle d’occupation. Les sites gérés par Parcs Canada et NPS proposent des lectures in situ de ces trames.
Préserver et interpréter
La protection juridique et l’interprétation publique façonnent notre accès à ces architectures. En Colombie-Britannique, le gouvernement provincial rappelle que la Heritage Conservation Act protège les sites archéologiques, y compris les « house pits », sur terres publiques et privées. L’actualité récente précise les démarches d’engagement avec les collectivités locales. Cela encadre les travaux et la médiation. Elle associe désormais le recherche et les savoirs autochtones.
Aux États-Unis, le National Park Service publie des ressources pédagogiques, des rapports de fouille et des parcours virtuels. Cette documentation permet de comprendre le passage des pit-houses aux pueblos, puis aux habitats en falaise, et d’observer en plan et en coupe les choix constructifs.