Un nakamal est un lieu de rencontre traditionnel au Vanuatu. Il est utilisé pour les rassemblements, les cérémonies et la consommation de kava, une boisson rituelle issue des racines de Piper methysticum. Symbole culturel, le nakamal reflète l’importance des liens communautaires et des traditions dans la société ni-Vanuatu. On trouve un nakamal dans toutes les grandes communautés, mais la conception du nakamal et les traditions qui l’entourent varient selon les régions et les coutumes locales.
Étymologie
Le terme nakamal est un mot bichelamar, emprunté à certaines langues océaniques du Vanuatu, comme l’éfaté du Nord. Dans ces langues, une telle forme peut être analysée comme na kamal, combinant l’article commun na et un nom kamal ou kamali. Cet étymon descend des langues proto-océaniques et proto-malayo-polynésiennes. Le terme kamaliR (maison des hommes) souligne son rôle social et rituel.
Les mots apparentés dans d’autres langues austronésiennes incluent le cebuano et le tagalog kamalig, qui désignent un « grenier » ou un lieu de stockage. Cette similitude étymologique témoigne des liens culturels et linguistiques entre les sociétés de l’océan Pacifique et celles de l’Asie du Sud-Est.
Caractéristique du nakamal traditionnel
Au nord et au centre du Vanuatu, le nakamal prend généralement la forme d’un grand bâtiment, construit à partir de matériaux traditionnels avec l’aide de toute la communauté, sous la direction d’un chef.
- Construction et matériaux : au nord et au centre du Vanuatu, le nakamal prend généralement la forme d’un grand bâtiment construit à partir de matériaux locaux, comme le bois, le bambou et les feuilles de pandanus ou de cocotier. Ces constructions mobilisent toute la communauté, sous la supervision des chefs locaux, ce qui renforce les liens sociaux.
- Fonctions sociales : l’entrée du nakamal est souvent réservée aux hommes, bien que certaines régions acceptent également les femmes lors de cérémonies spécifiques. Le bâtiment sert de lieu de couchage et de vie pour les hommes et les garçons célibataires, ainsi que pour accueillir les visiteurs masculins. Le nakamal est aussi un espace où les discussions importantes, les décisions communautaires et les rituels sacrés prennent place.
- Nasara : devant un nakamal, on trouve souvent une clairière aplatie appelée nasara. Cet espace est utilisé pour les danses, les cérémonies et d’autres rassemblements en plein air. La nasara joue un rôle complémentaire au nakamal, en étendant l’espace communautaire à l’extérieur.
- Variations régionales : dans le sud du Vanuatu, les nakamals sont souvent des espaces extérieurs abrités sous de grands banyans, des arbres symboliques qui incarnent la force et la sagesse dans la culture ni-Vanuatu. Cette configuration illustre l’adaptation des pratiques culturelles aux ressources et aux environnements locaux.
- Modernité : à Port Vila, le bâtiment de l’assemblée du conseil national des chefs (Malvatumauri) est conçu sous la forme d’un nakamal, incarnant l’union entre modernité et tradition.
Le nakamal comme bar à kava
Aujourd’hui, le nakamal est souvent associé à la consommation de kava, une pratique culturelle et sociale ancrée au Vanuatu. Voici ce qu’il faut savoir sur le bar à kava du Vanuatu :
- Préparation traditionnelle : dans les zones rurales, le nakamal reste un lieu communautaire où la préparation du kava est une activité collective. Les racines de kava sont broyées ou mâchées, puis mélangées à de l’eau pour en extraire le jus. Cette boisson locale est ensuite partagée entre les différents membres de la communauté dans un cadre convivial et de rituel.
- Bars à kava : dans les villes du Vanuatu et en Nouvelle-Calédonie voisine, le terme nakamal peut aussi désigner un bar à kava. Contrairement aux nakamals traditionnels, ces établissements urbains proposent du kava à la vente, ce qui reflète l’évolution de cette pratique. Ces bars sont facilement reconnaissables grâce à leurs enseignes, les faisant ressembler à des bars typiques.
- Différences entre rural et urbain : les nakamals ruraux et les bars à kava urbains diffèrent dans leur fonction, mais également dans leur ambiance. Tandis que les premiers sont des lieux d’échange gratuit et de solidarité communautaire, les seconds fonctionnent davantage comme des espaces commerciaux tout en conservant l’aspect social de la consommation de kava.