La Guinée équatoriale, située sur la côte ouest de l’Afrique centrale, combine un territoire continental (Río Muni) et plusieurs îles, dont Bioko et Annobón. Son climat équatorial, chaud et humide, influence directement l’architecture vernaculaire. Les précipitations abondantes et la forte hygrométrie imposent des choix constructifs adaptés : toitures inclinées pour évacuer rapidement l’eau, matériaux respirants pour limiter la condensation, et structures surélevées dans certaines zones à risque d’inondation.
Matériaux et modes de construction
Les maisons rurales font largement appel aux ressources locales. Le bois est omniprésent, qu’il provienne d’essences locales ou de planches sciées issues de scieries régionales. Les murs sont faits de planches horizontales clouées sur une ossature, parfois récupérées de matériaux recyclés. Dans certaines zones, on observe également un mélange de planches, de panneaux de contreplaqué et de tôles.
Pour les couvertures, la tôle ondulée domine, même lorsqu’elle est rouillée ou cabossée. Ce choix s’explique par sa disponibilité et sa résistance à la pluie. Toutefois, elle entraîne une surchauffe en journée et un refroidissement rapide la nuit. Plus rarement, surtout dans les zones reculées, on trouve encore des toitures en feuilles de palmier séchées, tressées et posées sur une charpente légère.
Dans quelques villages, certaines habitations conservent des murs en clayonnage recouvert de torchis ou en nattes de feuilles séchées, ce qui procure une meilleure régulation thermique .

Organisation des villages et implantation des maisons
Les habitations sont dispersée le long de chemins en terre ou groupées en petits noyaux. Cette organisation permet de conserver des espaces de culture et de jardinage entre les maisons. Les potagers, séchoirs et petits bâtiments annexes (abris pour le bois, ateliers) font partie du paysage domestique.
Les maisons rurales de Guinée Équatoriale sont majoritairement de plain-pied, avec un plan rectangulaire. Certaines possèdent un petit auvent ou une avancée de toit à l’avant (mais cela reste toutefois assez rare), servant d’espace ombragé pour les activités quotidiennes et les échanges entre voisins.


Typologies observées
Dans les zones rurales de Guinée équatoriale, l’habitat présente une variété de formes et de techniques. Cette diversité résulte de l’influence des matériaux locaux, des habitudes constructives et des évolutions récentes liées aux moyens économiques des habitants. Voici les typologies les plus fréquentes :
1. Maisons en bois peint avec toiture en tôle
C’est la forme la plus courante dans les campagnes. Les murs sont faits de planches jointives, peintes ou non, avec parfois un soubassement en béton pour protéger la structure de l’humidité. Les volets et portes sont souvent peints dans des couleurs vives, apportant une touche d’identité visuelle. La toiture en tôle, posée sur une charpente en bois, présente une pente modérée pour l’évacuation de l’eau.


2. Maisons mixtes bois-béton
Dans les zones où les ressources économiques sont légèrement plus élevées, les murs inférieurs peuvent être réalisés en parpaings ou en briques ciment, tandis que la partie supérieure reste en bois. Cette combinaison offre une meilleure résistance aux intempéries tout en limitant le coût.

3. Maisons en maçonnerie simple
Certaines localités, souvent plus proches des routes principales, présentent des maisons entièrement en parpaings crépis, avec des toitures en tôle. Ces constructions plus durables sont toutefois moins adaptées au climat humide si elles ne disposent pas d’une bonne ventilation.

4. Maisons traditionnelles en végétaux
Moins fréquentes mais encore visibles, notamment dans les zones plus reculées, elles sont construites en tiges et feuilles de palmier. Les murs sont constitués de nattes verticales, et la toiture est en chaume. Ce type de maison présente un confort thermique supérieur mais demande un entretien constant.

Caractéristiques architecturales communes
- Plan rectangulaire : quasi systématique, pour optimiser la construction et l’aménagement intérieur. Cela facilite également la répartition des espaces intérieurs.
- Toiture à deux pentes : la solution la plus répandue, permettant un écoulement rapide des eaux pluviales. Elle limite également les risques d’infiltration pendant la saison des pluies.
- Ossature bois : facile à mettre en œuvre avec les outils disponibles localement.
- Volets pleins ou persiennés : protégent contre la pluie tout en laissant circuler l’air.
- Élévation limitée : rarement d’étage, pour limiter le coût et la complexité de la structure.

Aménagement intérieur
Les maisons rurales comprennent généralement une ou deux pièces principales, parfois séparées par des cloisons en bois ou en panneaux légers. La cuisine peut être intégrée ou se trouver dans un petit bâtiment annexe, afin de réduire la chaleur et la fumée à l’intérieur. Les sols sont en terre battue, en ciment brut ou recouverts de planches. Le mobilier est fonctionnel : lits, tables, chaises, étagères.
Entretien et adaptations
L’entretien des maisons en bois nécessite une vigilance constante face aux termites et à l’humidité. Les habitants remplacent régulièrement les planches abîmées et appliquent, quand c’est possible, une couche de peinture pour protéger le matériau. Les toitures en tôle peuvent être réparées avec des plaques récupérées ou de nouveaux segments cloués par-dessus les zones endommagées.


Transformations récentes
La généralisation des matériaux industriels entraîne une homogénéisation progressive du bâti rural de la Guinée Équatoriale. Même dans les zones isolées, la tôle et le ciment remplacent peu à peu le chaume et le torchis. Ces changements répondent à une recherche de durabilité et de réduction de l’entretien, mais modifient également le confort thermique et l’identité architecturale des villages.
Rôle social de l’habitat
Au-delà de sa fonction résidentielle, la maison est le centre des relations familiales et communautaires. Les façades peintes, les volets colorés ou les plantations décoratives reflètent l’attention portée à l’apparence extérieure et à l’accueil des visiteurs. Dans certains cas, les habitations abritent aussi une activité économique, comme un petit commerce ou un service (coiffure, atelier).

Perspectives de préservation et d’évolution
Préserver l’architecture rurale de Guinée équatoriale ne signifie pas figer les techniques anciennes, mais plutôt intégrer leurs qualités dans des constructions adaptées aux besoins actuels. Cela passe par l’amélioration de la ventilation, l’utilisation raisonnée du ciment, la valorisation du bois local et la formation aux techniques d’entretien. Elle assure la pérennité en préservant l’identité des villages.