La Guinée Équatoriale présente un paysage architectural urbain marqué par un mélange d’héritages traditionnels et d’apports coloniaux espagnols. Dans les villes comme Malabo ou Bata, les maisons intègrent souvent des éléments issus de l’architecture vernaculaire adaptée au climat équatorial, tout en reprenant certains codes formels hérités de la période coloniale. Cette hybridation reflète l’évolution des besoins urbains, l’influence des modes de vie contemporains et la disponibilité des matériaux.
Organisation générale des maisons urbaines
Les habitations urbaines traditionnelles sont généralement de plain-pied, avec un plan rectangulaire simple. Les pièces sont disposées autour d’un espace central ou alignées le long d’un couloir. Les zones de vie (salon, salle à manger) se situent côté rue, tandis que les chambres et espaces privés sont placés à l’arrière, parfois ouverts sur une petite cour. Ce schéma répond à la fois à des considérations climatiques et à des habitudes sociales, en séparant l’accueil des visiteurs de la sphère familiale.
Caractéristiques architecturales
Les murs sont souvent construits en briques de terre stabilisée ou en blocs de béton, selon les moyens financiers. La terre stabilisée, obtenue en mélangeant argile, sable et un liant comme le ciment, permet de bénéficier d’une bonne inertie thermique, réduisant la surchauffe intérieure. Dans les zones plus denses, le béton et le ciment enduit prennent le relais, offrant une meilleure résistance aux intempéries.
Les toitures sont généralement à deux ou quatre pentes, couvertes de tôle ondulée galvanisée. Ce matériau, facile à transporter et à poser, présente l’avantage d’évacuer rapidement les fortes pluies. Cependant, il transmet la chaleur à l’intérieur du logement, ce qui conduit certains propriétaires à installer un plafond en bois ou en plaques de plâtre pour améliorer le confort thermique.
Matériaux et finitions
Dans les quartiers anciens, on trouve encore des façades enduites à la chaux, parfois peintes de couleurs vives pour protéger la surface et apporter un caractère distinctif. Les menuiseries sont en bois dur local, capable de résister aux insectes xylophages et à l’humidité, tandis que les habitations plus récentes adoptent l’aluminium pour ses faibles besoins d’entretien. Les sols sont en terre battue compactée dans les maisons modestes, ou en carrelage céramique dans les constructions plus récentes.
Voici une vidéo de maisons de ville que le gouvernement équato-guinéen a financé comme logements sociaux à Bioko Norte. Les maisons ont été vendues à des prix abordables aux Équatoguinéens. C’est un effort du gouvernement pour améliorer le niveau de vie dans la nation ouest-africaine.
Adaptations climatiques
Le climat équatorial chaud et humide impose des solutions spécifiques pour la ventilation et la protection solaire. Les ouvertures sont nombreuses mais protégées par des avancées de toit ou des persiennes, permettant la circulation de l’air tout en limitant l’entrée directe des rayons du soleil. Certaines maisons conservent le principe du vide sanitaire (un léger surélévement de la dalle) afin de réduire l’humidité ascensionnelle et de faciliter la ventilation naturelle par le dessous.
Influence coloniale et transformations contemporaines
L’architecture coloniale espagnole a introduit des éléments tels que les vérandas couvertes, les galeries à arcades et les toitures en tuiles. Ces formes, adaptées au climat, se retrouvent encore dans certaines maisons anciennes réhabilitées. Dans les zones centrales, la pression foncière pousse parfois à remplacer les maisons individuelles par des bâtiments à plusieurs niveaux. Ces nouvelles constructions privilégient le béton armé et adoptent un style plus sobre, mais perdent souvent les caractéristiques thermiques des habitats traditionnels que l’on peut encore voir dans les maisons rurales de Guinée Équatoriale.
Vie communautaire et organisation de l’espace extérieur
Même en milieu urbain, les espaces extérieurs gardent une importance fonctionnelle. Une cour ou un espace en façade sert de lieu de rassemblement, de cuisine en plein air ou de zone de séchage du linge. Dans les parcelles partagées, plusieurs familles cohabitent dans des unités séparées mais reliées par un espace commun, renforçant la dimension collective de l’habitat.
Perspectives et préservation
La modernisation rapide des villes entraîne la disparition progressive de certaines formes architecturales vernaculaires. Mais un intérêt croissant se manifeste pour la conservation des maisons traditionnelles, en particulier lorsqu’elles sont restaurées avec des matériaux locaux et adaptées aux normes. Ce type d’architecture offre une combinaison de durabilité, de confort climatique et de valeur patrimoniale, qui pourrait servir de base à de futurs projets urbains intégrant mieux l’identité architecturale du pays.