Vientiane, la capitale du Laos, possède un riche héritage d’architecture coloniale française qui reflète l’histoire tumultueuse et la diversité culturelle du pays. Au cours de la période coloniale française à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, la ville de Vientiane a subi une transformation marquée par l’introduction de styles architecturaux et de principes d’urbanisme européens.
Les bâtiments coloniaux français de Vientiane, caractérisés par leurs façades élégantes, leurs balcons en fer forgé et leurs proportions grandioses, parsèment le paysage urbain, servant de rappels tangibles du passé colonial du Laos. Des édifices gouvernementaux et des bureaux administratifs aux résidences privées et aux établissements commerciaux, l’architecture coloniale française de Vientiane présente un mélange unique de sophistication européenne et de charme d’Asie du Sud-Est.
Histoire coloniale du Laos
L’union indochinoise française a été créée en 1887 par l’assimilation des possessions françaises au Vietnam et au Cambodge. À l’époque, le Laos existait sous la forme de deux provinces, le Haut-Laos et le Bas-Laos, que les Français ont réorganisées en dix. Alors que Luang Prabang continuait d’être le siège royal, le gouvernement colonial nommait certains des siens à la cour royale. Les neuf autres provinces étaient sous la domination française directe à Vientiane, avec un poste militaire dans chaque province supervisé par un gouverneur résident. Des impôts visaient la population laotienne afin de soutenir financièrement le gouvernement colonial. En 1902, des terres à l’ouest du Mékong furent colonisées, qui forment aujourd’hui la province de Sainyabuli et une partie de la province de Champassak.
Les années de gloire des maisons coloniales de Vientiane ont disparu depuis longtemps. Les colons français qui les habitaient sont partis en 1953 lorsque le Laos a retrouvé son indépendance. Ces demeures faisaient autrefois l’envie du Laos, des maisons de fonctionnaires français qui vivaient la vie tranquille.
Quand les Français ont quitté ces maisons, ils ont été remplacés par l’élite laotienne, mais à la fin des années 1970, la classe supérieure avait disparu aussi. Des membres de l’élite dirigeante ont été envoyés en prison ou ont fui le pays en raison de l’ascension du Pathet Lao. La plupart des maisons ont été prises en charge par les communistes et leurs familles. Alors que l’économie s’écroulait à la fin des années 1970 et 1980, personne n’avait l’argent pour réparer ces maisons autrefois si opulentes, donc ces beaux bâtiments anciens se sont détériorés. La « destruction » de certains bâtiments coloniaux de Vientiane n’est donc pas arrivée de la guerre, elle est plutôt due à l’âge et au manque d’entretien.
Les monuments coloniaux de Vientiane
Vientiane abrite une multitude de monuments qui incarnent l’héritage colonial français et la splendeur architecturale de la ville. Un joyau est le palais présidentiel, un édifice construit dans un style néoclassique qui servait autrefois de résidence au gouverneur général français, puis au président laotien.
Les vestiges les plus évidents du colonialisme français se retrouvent dans l’architecture de la ville. Les quartiers les plus anciens de la ville, le long des rives du fleuve (quartier du Quai Fa Ngum), sont parsemés de petites résidences construites dans le style architectural français. D’autres exemples de l’architecture coloniale française sont évidents dans les boulevards proches de That Dam et le long de l’avenue Lane Xang, surnommée les « Champs Élysées de Vientiane » pour son paysage architectural de volets et de toits de tuiles rouges et Putxai (Porte de la Victoire en lao), la version locale de l’Arc de Triomphe. De nombreuses anciennes maisons coloniales sont en ruine et sont en cours de restauration par les autorités en reconnaissance de leur héritage architectural et de leur impact touristique.
Les français ont intégré leurs éléments architecturaux dans les conceptions architecturales traditionnelles laotiennes et les ont modifiées pour s’adapter au climat tropical. Ces styles sont observables à Vientiane mais aussi dans les maisons coloniales de Luang Prabang, une ville classée au patrimoine mondial. Avant l’occupation française, Vientiane comprenait des maisons sur pilotis en bois ou en bambou avec des toits de chaume, et regroupées autour des ruines d’anciens palais et temples. Le premier bâtiment français, la Résidence Supérieure, a été construit en 1900 dans l’enceinte de l’ancien palais royal.
Mais ce n’est pas tout !
Les français ont construit le Bureau de la Résidence en 1915 (aujourd’hui les bureaux du ministère de l’Information et de la Culture), le Lycée Auguste Pavie en 1920 (une partie de l’École de médecine de nos jours), l’Hôtel du Commissariat en 1925 (aujourd’hui musée national du Laos) et l’Église du Sacré-Cœur en 1930. De plus, ils ont aussi construit des villas en briques et en stuc avec des toits en tuiles inclinées et des fenêtres à volets en bois dans les zones les plus peuplées, pour loger les administrateurs coloniaux et leurs familles. Dans d’autres zones, les styles architecturaux français furent modifiés pour s’adapter aux conditions climatiques, par exemple en ajoutant des vérandas, des couloirs intérieurs et des balcons.
Dans les années 1930, les habitations urbaines laotiennes commencèrent à s’inspirer du style des villas coloniales. Des villas de styles hybrides combinant des modèles européens sur pilotis ou des maisons en bois sur pilotis (les maisons traditionnelles du Laos) avec des murs en maçonnerie aux niveaux inférieurs commencèrent à remplacer les maisons traditionnelles en bois sur pilotis à deux pignons.
Vientiane et Luang Prabang servent toutes deux de centres de l’Institut français, qui joue un rôle dans la coopération culturelle, artistique et éducative entre le Laos et la France à travers les échanges culturels et éducatifs. Inauguré par l’ancien président français Jacques Chirac dans ses locaux actuels le 14 janvier 1994, il a été initialement créé pour promouvoir la langue française et accueille aujourd’hui des événements culturels, des expositions, des conférences et une variété d’événements.