Les maisons à Addis-Abeba : une évolution vers la modernité

L’évolution du style architectural des maisons à Addis-Abeba est le reflet des transformations politiques, culturelles et économiques de l’Éthiopie. Depuis sa fondation en 1886 par l’empereur Ménélik II, la capitale a connu une évolution marquée, passant de l’architecture vernaculaire à un mélange de styles internationaux, tout en conservant certains édifices emblématiques de son passé.

Les débuts : une architecture vernaculaire et l’arrivée des influences étrangères au début du 20ème siècle

À l’origine, Addis-Abeba se caractérisait par des habitations traditionnelles en torchis et en bois, comme les tukuls, des maisons rondes au toit de chaume. L’essor de la ville sous le règne de Ménélik II a marqué un tournant avec l’introduction de matériaux et de styles venant des pays étrangers. Les premières maisons préfabriquées, souvent importées d’Europe ou d’Inde, ont fait leur apparition.

Ces maisons en bois et en tôle, comme celles visibles encore aujourd’hui dans certains quartiers historiques, illustrent cette période de transition. Leurs grandes fenêtres à cadre en bois, leurs façades ornées et leurs toits en tôle ondulée témoignent d’une influence européenne, principalement suisse et autrichienne. Ces constructions, adaptées au climat local grâce à de larges ouvertures favorisant l’aération, marquent une volonté d’innovation tout en s’intégrant à l’esthétique locale.

L’empreinte italienne (1936-1941)

Sous l’occupation italienne, Addis-Abeba a été remodelée avec des ambitions colonialistes. Les Italiens ont construit des avenues larges et symétriques, des bâtiments gouvernementaux imposants et des résidences structurées. Des édifices de style Art déco et néoclassique, comme le Théâtre Hager Fikir ou certains bâtiments administratifs, datent de cette époque. Ces constructions coexistaient avec les maisons préfabriquées, qui continuaient à incarner le quotidien d’une partie de la population.

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L’ère impériale (1941-1974)

Après la Seconde Guerre mondiale, l’empereur Haïlé Sélassié a amorcé une modernisation de la ville. Les influences modernistes ont dominé cette période, avec des bâtiments en béton et des lignes épurées. Cependant, les maisons en bois préfabriquées, héritage du début du XXe siècle, subsistaient encore, souvent dans les quartiers périphériques. L’Université d’Addis-Abeba et le siège de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) témoignent de l’architecture moderniste qui prenait de plus en plus de place.

L’urbanisme se développe, et les bâtiments prennent de la hauteur. Les architectes éthiopiens et étrangers conçoivent des édifices combinant éléments traditionnels et modernisme, à l’image de l’Université d’Addis-Abeba et du siège de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), inauguré en 1963.

L’époque du Derg (1974-1991)

Sous le régime du Derg, l’architecture s’est orientée vers des constructions utilitaires et brutalistes. Les bâtiments en béton, sans fioritures, ont remplacé les édifices élégants des périodes précédentes. Les maisons préfabriquées ont été en partie abandonnées, bien qu’elles aient résisté dans certains quartiers.

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Le boom contemporain : modernité et défis

Depuis les années 2000, Addis-Abeba connaît une transformation rapide. Des gratte-ciels en verre et acier dominent le paysage urbain, symbolisant un développement économique soutenu. Des bâtiments comme le siège de l’Union africaine ou la CBE Tower incarnent cette modernité. Cependant, la préservation des anciennes maisons préfabriquées reste un défi. Ces édifices en bois, témoins d’une époque, disparaissent face à l’expansion des infrastructures modernes.

Un équilibre fragile entre modernité et patrimoine

Les maisons préfabriquées en bois, comme celles encore visibles à Addis-Abeba, rappellent une période unique où tradition et innovation coexistaient. Leur préservation est essentielle pour maintenir une mémoire architecturale dans une ville qui se réinvente constamment. Addis-Abeba, à la croisée des influences, cherche aujourd’hui à concilier modernisation et sauvegarde de son identité historique.

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