L’architecture traditionnelle du peuple Gogo en Tanzanie est enracinée dans son environnement et son mode de vie. Ces maisons, construites avec des matériaux locaux, sont un exemple frappant d’une architecture durable qui reflète la culture, les besoins et les défis de la communauté. Grâce à leur conception ingénieuse, ces habitations sont adaptées à la fois aux conditions climatiques de la région et à la protection des biens et du bétail, éléments essentiels de la vie quotidienne des Gogo.
Qui sont les Wagogo ?
Les Gogo (singulier : mgogo, pluriel : Wagogo) sont un groupe ethnique et linguistique bantou basé dans la région de Dodoma, au centre de la Tanzanie. Les Gogo ont historiquement été principalement des éleveurs et des pères de famille (recherche de descendance et d’héritage par la lignée masculine), mais de nombreux Gogo contemporains pratiquent désormais une agriculture sédentaire, ont migré vers des zones urbaines ou travaillent dans des plantations dans toute la Tanzanie.
Les Wagogo occupent une terre en Tanzanie connue sous le nom d’Ugogo (Gogoland), et elle couvre la majeure partie du district de Dodoma. Cette région couvre une superficie de 66 300 kilomètres carrés, avec une altitude de 480 à 12 mètres au-dessus du niveau de la mer (Cidosa, 1995).
Elle se trouve sur un plateau de 900 mètres et plus, et représente moins de 2 % de la superficie de la Tanzanie et ils représentent 3 % (1 735 000 personnes) de la population tanzanienne.
Les matériaux de construction : simplicité et efficacité
Les maisons traditionnelles Gogo sont bâties à partir de matériaux principalement disponibles dans leur environnement. Le processus commence par la construction d’un squelette de pieux de bois robustes, qui sont ensuite renforcés par des branches plus fines. Ce squelette sert de base aux murs qui sont ensuite remplis de boue et de pierres. Ce choix de matériaux, peu coûteux et facilement accessibles, montre une grande compréhension des ressources locales et de leur utilisation optimale. La boue utilisée pour remplir les murs joue aussi un rôle crucial dans la régulation thermique. En effet, elle permet de garder l’intérieur frais durant les chaudes journées et relativement chaud pendant les nuits fraîches.
Une conception structurée et fonctionnelle
La conception de ces habitations est pragmatique. La maison Gogo typique se compose de trois pièces ou plus, en fonction de la taille de la famille. Cela permet de séparer les espaces selon les activités ou les besoins spécifiques, comme le repos, la cuisine ou le stockage. À l’intérieur, l’espace est organisé pour répondre aux besoins du foyer tout en permettant de protéger le bétail pendant la nuit. Ce dernier, gardé à l’intérieur, essentiel à la survie, constitue une richesse économique et une source de nourriture.
La structure des maisons traditionnelles du peuple Gogo est conçue pour résister aux éléments tout en permettant de gérer les températures fluctuantes du climat semi-aride de la région. Les ouvertures et les petites fenêtres facilitent l’aération tout en maintenant un certain niveau d’intimité et de sécurité. Le petit espace entre le mur extérieur et le toit, créé par la structure décalée de ce dernier, assure une ventilation naturelle qui aide à évacuer la chaleur accumulée pendant la journée.
Un toit multifonctionnel et robuste
Le toit, construit comme un second bâtiment indépendant, est bâti à partir de pieux de bois et de branches, puis recouvert de boue et de terre pour garantir son étanchéité. Sa solidité est telle qu’il peut soutenir le poids des femmes du village, qui y montent pour y faire sécher les céréales.
Cette technique est particulièrement astucieuse, car elle permet d’utiliser le toit non seulement comme protection contre les intempéries, mais aussi comme espace de stockage temporaire.
Le rôle du bétail dans l’architecture domestique
Le bétail occupe une place centrale dans la vie quotidienne des Gogo, et cela se reflète dans la manière dont les habitations sont conçues. Pendant la nuit, les animaux sont souvent gardés à l’intérieur pour les protéger des prédateurs, notamment des Maasai qui, historiquement, étaient connus pour organiser des raids afin de voler du bétail. Les hommes dorment généralement à côté des animaux pour assurer leur sécurité. Cette proximité entre les hommes et les bêtes, bien qu’elle puisse sembler inhabituelle pour d’autres cultures, est une nécessité dictée par les conditions environnementales et sociales.
L’architecture comme reflet de l’organisation sociale
La conception des maisons traditionnelles reflète également l’organisation sociale du peuple Gogo. Plus la famille est grande, plus la maison est spacieuse, et les divisions internes de la maison permettent une certaine hiérarchie dans la gestion de l’espace. Les hommes, responsables de la sécurité du bétail, dorment près des animaux, tandis que les femmes gèrent l’espace domestique et l’organisation des réserves alimentaires, que ce soit à l’intérieur de la maison ou sur le toit.
La maison Gogo est aussi un espace où les activités économiques, comme l’élevage et la gestion des récoltes, se déroulent. Le fait que le toit serve à sécher les céréales ou d’autres denrées alimentaires montre à quel point chaque partie de la maison est pensée pour être multifonctionnelle et utile.
Une architecture en symbiose avec l’environnement
Le choix des matériaux et la manière de les utiliser témoignent d’une profonde compréhension de l’environnement. La boue, en plus de ses propriétés isolantes, est un matériau facilement accessible qui se répare rapidement. Les branches et pieux en bois sont coupés dans les forêts environnantes, et leur renouvellement est relativement rapide, ce qui fait de ces maisons un modèle de durabilité.
En cas de pluie, les murs en boue peuvent nécessiter des réparations régulières, mais cela est perçu comme un entretien normal et nécessaire dans la vie des Gogo. Le rapport de ces derniers à leur habitat est donc en constante évolution, et la maison est toujours un chantier en perpétuel ajustement.