Le menzel (signifiant « demeure ») est un type d’habitation et de propriété agricole typique de l’île tunisienne de Djerba. L’ensemble spatial constitué de l’habitation et des parcelles agricoles associées appartient souvent à une famille élargie et occupe généralement entre deux et cinq hectares plantés de palmiers, d’oliviers, d’arbres fruitiers, de sorgho, de céréales et de légumes. Selon la région où il est implanté, le menzel dispose d’un ou plusieurs puits ou citernes pour irriguer les champs.
Description du menzel
Un menzel est constitué de plusieurs unités d’habitation (appelées « houch »), entourées de vergers et de champs. On y associe parfois des ateliers de tissage, des granges, des caves à huile d’olive (souvent souterraines). Chaque menzel possède un nombre variable de puits ou de citernes et est entouré de talus (habia) à fonction défensive, où sont plantés des palmiers, des haies de cactus (figuiers de Barbarie), des agaves et des aloès qui augmentent l’intimité et protègent de l’invasion de la poussière et du sable. Un menzel est généralement habité par trois générations de la même famille.
Historiquement, et à l’instar des mosquées particulières de Djerba, les menzels avaient des fonctions défensives et présentent donc les caractéristiques de petites forteresses. Certains chercheurs suggèrent que le plan d’étage de base des menzels pourrait provenir des forts romains du limes (frontières fortifiées) qui existaient dans le sud de la Tunisie, ce qui est aujourd’hui la province de Tataouine.
Le houch
Le terme « Houch » dans le dialecte de Djerba signifie « maison » en français. Le houch, que l’on peut comparer au riad dans d’autres cultures, est l’un des éléments du menzel djerbien, qui peut comporter un ou plusieurs houch. Les houch, les pièces d’habitation des menzels, sont carrées ou rectangulaires, sans ouverture vers l’extérieur. Les fenêtres s’ouvrent généralement sur une cour intérieure, autour de laquelle sont disposés deux à quatre blocs d’habitation (dar) de taille variable, généralement couverts de voûtes et de coupoles, qui assurent une isolation thermique très efficace contre la chaleur.
Le dar peut être divisé par des cloisons intérieures, des portes ou de simples rideaux (kella), où l’on trouve la sedda ou doukkana (chambres à coucher), la magsoura (petites pièces), l’el-khzana (garde-manger) et le mesthan ou moust-han (petites salles de bain sans toilettes).
Les couleurs caractéristiques du houch de Djerba sont le blanc éclatant pour les murs et les toits, ainsi que le bleu ciel ou, plus rarement, le vert bouteille pour les portes et les fenêtres.
Dans certains cas, en plus de ces parties, le houch possède une ou plusieurs ghorfas, des tours ou des blocs carrés plus hauts que le reste du houch, situés aux angles. L’accès aux ghorfas se fait par un escalier intérieur rigide sans rampe. Durant la saison chaude, les calottes des menzels servent de dortoirs en raison de leur fraîcheur. Ce sont les seules parties du menzel qui ont de petites ouvertures tournées vers l’extérieur, judicieusement orientées de manière à capter la brise marine qui rafraîchit l’intérieur.
Le mobilier
Le mobilier est généralement simple et austère. Les lits sont des matelas posés directement sur des nattes (h’sira) ou sur des estrades ou des tabourets en maçonnerie (sedda ou doukkana).
On trouve des coffres ou de grandes marmites pour ranger les vêtements, des marfaa (sortes de portemanteaux), des sofra ou mida (sortes de tables basses où l’on mange assis sur des nattes ou de longs coussins bas appelés gaada). Les réserves de nourriture étaient conservées dans de grandes jarres en terre cuite (khabia, tass, zir ou sefri), fabriquées il y a des siècles dans le village de Guellala.
Les citernes
Compte tenu de la faible pluviométrie (moins de 250 mm par an) et du manque d’eau potable qui en résulte, les Djerbiens ont pris l’habitude de construire des citernes pour recueillir et stocker l’eau de pluie par impluvium. Il existe deux types de citernes : les feskia ou fesghia et les majen ou majel.
Les premières sont généralement souterraines, de forme rectangulaire ou carrée, et sont situées à l’extérieur du houch. Les secondes ressemblent à d’énormes bonbonnes largement ouvertes, et sont le plus souvent construites dans la cour intérieure du houch. Les majen et les feskia collectent les eaux de pluie qui tombent sur les toits des habitations, terrasses et cours, qui sont blanchis à la chaux vive (jir) chaque année avant la saison des pluies afin d’assurer une certaine hygiène.
Le menzel de nos jours
Certains menzels de Djerba, laissées à l’abandon, montrent les traces du temps et racontent l’histoire de leurs anciens propriétaires à travers leurs murs de pierres sèches marqués par le passé. D’autres sont bien entretenus par des propriétaires soucieux de préserver leur authenticité et leur charme unique.
Les houch actuels allient souvent la fonctionnalité moderne au style traditionnel djerbien. Aménagés avec goût, ils conservent le caractère authentique tout en intégrant des équipements modernes tels que piscine et connexion internet, offrant ainsi un confort adapté aux exigences d’aujourd’hui.