La maison traditionnelle du Lesotho : la rondavelle, un savoir-faire ancien

Au cœur des paysages montagneux du Lesotho, la maison traditionnelle appelée rondavelle (ou mokhoro en sotho) demeure l’un des symboles les plus emblématiques de l’architecture vernaculaire d’Afrique australe. Héritage d’un mode de vie rural, ce type d’habitat concentre, sous une apparence simple, des solutions architecturales adaptées à l’environnement et au mode de vie des communautés locales.

Voir aussi : la hutte traditionnelle Basotho (qui n’est autre qu’une rondavelle).

Origines et répartition géographique

La rondavelle est une construction typique du Lesotho, mais on la retrouve dans plusieurs pays voisins comme l’Afrique du Sud, le Swaziland, le Botswana et, plus largement, dans la région australe du continent. Chaque pays ou communauté adapte la structure selon ses ressources, ses traditions et son climat. Au Lesotho, la rondavelle s’inscrit dans un territoire marqué par de fortes amplitudes thermiques, des précipitations saisonnières importantes et un accès limité aux ressources industrielles.

Morphologie et organisation de l’espace

Le plan circulaire de la rondavelle n’est pas le fruit du hasard : cette forme offre plusieurs avantages structurels et fonctionnels. Les murs arrondis résistent mieux aux vents violents et limitent les pertes thermiques. À l’intérieur, l’espace est généralement ouvert, organisé autour d’un foyer central, ce qui facilite la répartition de la chaleur et la gestion des activités domestiques.

La hauteur des murs varie en fonction des régions, mais dépasse rarement 1,80 à 2 mètres, ce qui permet de limiter le volume à chauffer pendant l’hiver et de renforcer la stabilité de l’ouvrage. L’unique porte d’entrée, de faible largeur, est souvent orientée de façon à se protéger des vents dominants.

Techniques et matériaux de construction

La construction d’une rondavelle repose sur l’utilisation de matériaux locaux, extraits ou récoltés à proximité du site . Cette approche permet de limiter l’impact environnemental.

  • Murs : les murs sont édifiés en pierres sèches ou liées par un mortier composé de sable, de terre et parfois de bouse de vache. Ce mélange assure cohésion, isolation et une bonne régulation de l’humidité intérieure. Le mur, d’une épaisseur de 40 à 60 cm, accumule la chaleur pendant la journée et la restitue lentement la nuit, contribuant à l’équilibre thermique de l’habitat.
  • Sol : le sol est stabilisé grâce à un mélange de terre battue et de bouse, appliqué en plusieurs couches, puis poli à la main pour obtenir une surface lisse, solide et agréable.
  • Toiture : l’ossature du toit est réalisée à partir de branches ou de perches d’arbres soigneusement sélectionnées, assemblées en rayons depuis le sommet jusqu’à la base du mur. Ce squelette est recouvert de bottes de chaume (herbe sèche), liées à la structure avec des cordelettes végétales fabriquées localement. La pose du chaume commence par la périphérie et progresse vers le sommet, chaque section étant soigneusement ajustée pour assurer l’étanchéité. Ce travail, long et minutieux, requiert un savoir-faire transmis de génération en génération : un toit bien réalisé peut résister plusieurs années aux intempéries, tout en assurant une bonne isolation.
rondavelle au Lesotho

Décor et finitions

Au Lesotho, l’extérieur des rondavelles peut être laissé brut ou faire l’objet de décorations. Certains habitants sculptent ou peignent les façades avec des motifs géométriques ou des symboles traditionnels, généralement réalisés avec des pigments naturels ou du fumier appliqué à la main. Cette dimension esthétique traduit un attachement fort à l’identité locale et à la transmission des savoirs familiaux.

Variations régionales et adaptations contemporaines

La rondavelle connaît des variantes dans sa hauteur, la pente de la toiture ou le type de finition extérieure, selon les groupes ethniques, les usages et les ressources disponibles. Par exemple, dans les zones plus humides, le toit peut présenter une pente plus forte pour faciliter l’écoulement des eaux pluviales. À l’inverse, dans les régions où la pierre abonde, les murs seront plus massifs.

Depuis plusieurs décennies, l’architecture traditionnelle du Lesotho évolue sous l’influence des matériaux modernes. Béton, briques de ciment, tôles ondulées et fondations industrialisées font désormais leur apparition dans la construction des nouvelles rondavelles. Ces évolutions permettent d’améliorer la résistance aux intempéries, de prolonger la durée de vie des bâtiments et de répondre à une demande accrue de confort, avec l’installation progressive de l’eau courante, de l’électricité et de systèmes d’assainissement. Toutefois, ces transformations s’accompagnent parfois d’une perte des savoir-faire artisanaux et d’un appauvrissement de l’esthétique traditionnelle.

maisons traditionnelles au Lesotho

Confort, usage et dimension communautaire

La rondavelle traditionnelle n’est généralement pas équipée d’eau courante ni d’électricité, mais les nouvelles générations d’habitations intègrent progressivement ces équipements. Le mode de vie reste centré autour du foyer, avec une cuisine à l’intérieur ou dans une structure annexe, et l’utilisation de l’espace commun pour le repos, les repas et les activités quotidiennes.

La disposition des rondavelles en hameaux ou en concessions familiales favorise la solidarité et l’entraide entre voisins. Chaque famille peut posséder plusieurs rondavelles : une principale pour l’habitation, d’autres pour le stockage, la cuisine ou l’hébergement des invités. Ce schéma favorise la flexibilité de l’habitat et permet d’adapter facilement la taille du groupe domestique aux besoins du moment.

maisons traditionnelles du Lesotho rondavelles

Préservation et avenir des rondavelles

Les mutations récentes de la société basotho, l’urbanisation et la pression économique remettent en question la place de la rondavelle traditionnelle. Plusieurs initiatives visent à valoriser et à préserver ce patrimoine bâti, que ce soit par la rénovation, la formation aux techniques anciennes ou l’intégration de principes bioclimatiques dans la construction. La rondavelle est une source d’inspiration pour les architectes et artisans en quête de solutions adaptées au climat et à l’économie locale.

En définitive, la maison traditionnelle du Lesotho témoigne d’un équilibre subtil entre contraintes techniques, ressources disponibles et créativité populaire. Sa pérennité repose sur la capacité des communautés à conjuguer modernité et respect des savoir-faire ancestraux.

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