Les vastes plantations caractéristiques de l’Amérique Latine et des Grandes Antilles n’ont pu se développer en Guadeloupe, île de taille réduite au relief souvent tourmenté. D’ailleurs, les propriétés que l’on trouve ici ne se nomment pas plantations mais « habitations », car non seulement l’espace géographique mais aussi le mode de vie y est différent. Les anciennes habitations en Guadeloupe étaient destinées à une culture intensive et ne comprenaient que peu d’espace de pâturage.
Description des anciennes habitations en Guadeloupe
Les habitations sont situées sur les terres propices aux cultures d’exportation : au nord et à l’ouest de la Grande-Terre et sur la bande côtière en Basse-Terre. Seules d’anciennes caféières sont implantées plus haut dans la montagne, comme l’habitation La Grivelière. Les bâtiments érigés sur les anciennes habitations en Guadeloupe se distribuent en trois catégories : le bâtiment principal (la maison de maître ou « grande case »), les bâtiments de production et les logements et bâtiments utiles pour le personnel.
Christian Schanakenbourg décrit les habitations sucrières guadeloupéennes de la seconde moitié du 19ème siècle de la façon suivante : à côté du moulin, de la sucrerie, de la purgerie, de l’étuve et de la vinaigrerie, se trouvent un certain nombre de bâtiments dont on pourrait, en théorie, parfaitement se passer. Citons : la cuisine, où est préparée la nourriture des esclaves, généralement installée dans un bâtiment isolé, deux à quatre « cases à bagasses », dans lesquelles on entasse les bagasses sèches en attendant de les utiliser pour alimenter les fourneaux de la sucrerie, un ou deux magasins où l’on entrepose les barriques de sucre avant de les livrer au commerce, un « hôpital » pour soigner les esclaves, un cachot, un grand bâtiment pour le logement du personnel blanc, des « cases à Nègres », souvent portées « pour mémoire » dans les inventaires, parfois une « case à ouragan », dans laquelle tout le monde se réfugie en cas de cyclone, divers bâtiments pour les animaux, étable, colombier, poulailler, parc à bestiaux; dans les habitations les plus importantes, il y a souvent divers ateliers, forge, tonnellerie, charpenterie… Et enfin, dominant le tout, la maison d’habitation du propriétaire.
Liste des anciennes habitations en Guadeloupe
Habitation Beausoleil : une habitation située à St Claude. Elle appartenait visiblement à la famille de Montéran depuis la fin du 17ème siècle. Un centaine d’esclaves travaillaient sur l’exploitation à l’époque. En 1835, l’habitation, qui produit alors du sucre et du rhum, couvre 120 ha. Les 147 esclaves qui y travaillent sont logés dans 53 cases construites en maçonnerie, en planches et en paille pour la couverture (en savoir plus).
Habitation Bisdary : en 1704, les Jésuites, grands propriétaires d’habitations et d’esclaves, acquièrent le terrain et créent l’habitation sucrière Bisdary à Gourbeyre. Au 18ème siècle, la demeure de Bisdary s’étendait sur près de 250 hectares et comptait plus de 300 esclaves. Au nord du morne se trouvaient les bâtiments industriels et le village des esclaves. Les Jésuites en détiennent la propriété jusqu’en 1764 (en savoir plus).
Habitation Clairefontaine : la Sucrerie de Clairefontaine est une habitation située sur le territoire de la commune de Baillif. Elle est malheureusement en ruine, comme beaucoup d’installation de ce type en Guadeloupe, néanmoins, la maison de maître a été restaurée (ci-dessous). Elle conserve également des vestiges des maisons, sa machine à vapeur, son aqueduc, une partie de la sucrerie avec un cachot pour esclaves, la purgerie et son étuve, caractéristiques des sucreries construites au 18ème siècle (en savoir plus).
Habitation Darius : aussi nommée « La Coulisse » ou « Habitation Daüs », c’est un ensemble de bâtiments agricoles situés à Vieux-Habitants. Fondée à la fin du 17ème siècle, l’habitation Darius est inscrite aux monuments historiques depuis 1990. C’est une exploitation caféière et une bonifiérie située sur la rive droite de la Grande Rivière, les bâtiments, les terrasses, et certaines installations mécaniques sont classés (en savoir plus).
Habitation Caféière Samana Beauséjour : située côté Basse-Terre (à l’ouest de la Guadeloupe), cette ancienne habitation guadeloupéenne est l’une des plus anciennes habitations de la commune de Pointe Noire et est tout ce qui reste de cette superbe propriété de 1,5 hectares (c’est unen ancienne plantation de café), le séchoir à café (boucan) ayant été totalement détruit par le cyclone Hugo en 1989 (en savoir plus).
Habitation Ducharmoy : une demeure agricole située à Saint-Claude sur Basse-Terre. Fondée au 18ème siècle comme exploitation sucrière, elle est inscrite aux monuments historiques en 2008 (en savoir plus).
Habitation l’Ermitage : une demeure située à Trois-Rivières sur Basse-Terre. Fondée en 1664 comme habitation agricole devenue au 18ème une caféière puis une bananeraie, elle est inscrite aux monuments historiques en 2004 puis classée en 2006 (en savoir plus).
Habitation La Grivelière : située à 200 mètres d’altitude sur la commune de Vieux-Habitants, c’est une exploitation de café encore en activité sous la tutelle de l’association « Verte Vallée », restaurée et transformée en « Maison du café » qui constitue l’un des ensembles agricoles les mieux préservés des Petites Antilles (en savoir plus).
Habitation La Joséphine : une ancienne demeure agricole située à 700 m d’altitude à Saint-Claude sur Basse-Terre. Fondée au 19ème siècle comme exploitation agricole, elle est inscrite aux monuments historiques en 1987 puis classée en 1993. L’habitation La Joséphine était principalement dédiée à la culture du café et des bananes, elle a été fondée par la famille maternelle (les Dormoy) de l’écrivain Saint-John Perse qui y vécut durant l’été dans son enfance et inspira profondément son œuvre poétique.
Habitation La Lise : une exploitation sucrière située au lieu-dit Pigeon à Bouillante sur Basse-Terre. Fondée en 1667 comme exploitation agricole consacrée à la culture de la canne à sucre, elle est devenue au 19ème siècle une sucrerie, puis une distillerie de rhum et d’huiles pharmaceutiques avant de cesser définitivement son activité en 1971. Elle est inscrite aux monuments historiques en 1990 puis classée en 1993 (en savoir plus).
Habitation Mamiel : une ancienne exploitation agricole sucrière aux Abymes. Fondée au 18ème siècle, elle est inscrite aux monuments historiques en 2006 (en savoir plus).
Habitation Massieux : une ancienne demeure agricole sur la commune de Bouillante sur Basse-Terre. Bâtie au milieu du 19ème siècle, cette habitation en bois et ses dépendances sont inscrites aux monuments historiques en 2008 (en savoir plus).
Habitation La Mahaudière : une ancienne exploitation agricole située à Anse-Bertrand, au nord de la Grande-Terre. Apparue dès 1732, la Mahaudière est tout d’abord une cotonnerie, avant d’être transformée en vaste sucrerie, classée parmi les entreprises de moyenne importance au 19ème siècle en Guadeloupe (en savoir plus).
Habitation Mont-Carmel : une demeure agricole située sur la commune de Saint-Claude sur Basse-Terre. Fondée au 17ème siècle (vers 1650) comme exploitation sucrière, l’habitation principale date de 1726, ce qui en fait la plus ancienne de Guadeloupe, et fut inscrite aux monuments historiques en 1987 (en savoir plus).
Habitation Murat : située sur la commune de Grand-Bourg sur l’île de Marie-Galante. Le moulin de l’habitation Murat est classé aux monuments historiques depuis 1991. L’habitation Murât, fut en 1839, avec ses 207 esclaves, la plus grosse plantation de canne à sucre de la Guadeloupe (en savoir plus).
Habitation Muscade : une ancienne demeure agricole sur la commune de Bouillante. Bâtie en 1930, elle est classée aux monuments historiques en 1981 (en savoir plus).
Habitation Néron : une ancienne sucrerie créée en 1740 par Pierre Néron Beauclair sur une propriété de 160 ha au Moule sur la Grande-Terre, section Lacroix, autrefois fief de l’aristocratie coloniale et fort prospère courant 18ème siècel, car elle hébergeait le plus grand port commercial de la Guadeloupe (en savoir plus).
Habitation Pirogue : sur l’île de Marie-Galante à 5 km de Grand-Bourg, elle tient son nom des Indiens Caraïbes, premiers occupants de ses terres sur lesquelles ils fabriquaient leurs embarcations dans des troncs de gommiers (en savoir plus).
Habitation Roussel-Trianon : un ensemble de bâtiments agricoles situés sur la commune de Grand-Bourg sur l’île de Marie-Galante. Fondé en 1669, le domaine est modernisé au milieu du 19ème siècle comme exploitation sucrière industrielle. Elle est classée aux monuments historiques depuis 1981 (en savoir plus).
Habitation Zévallos : une ancienne exploitation agricole située au Moule sur la Grande-Terre. Fondée au 19ème siècle comme usine centrale sucrière regroupant la production de plusieurs exploitations, elle cesse son activité en 1901. Elle est inscrite aux monuments historiques en 1987 puis classée en 1990 (en savoir plus).
AVEZ VOUS CONNAISSANCE DE L’HABITATION DU LIEU GEOGRAPHIQUE DE L’HABITATION DE L’UNION VERS SAINTE ANNE
Bonjour rag, non désolé pourtant je les cherchais les vieilles habitations quand nous étions sur place mais ce nom ne me dit rien du tout.
rag
AVEZ VOUS CONNAISSANCE DE L’HABITATION DU LIEU GEOGRAPHIQUE DE L’HABITATION
Nom de l’habitation :Mabouya
Non désolé, nous avons pourtant écumé l’île pendant deux mois mais je n’ai jamais entendu parler de cette habitation…
Bonjour,
Effectuant des recherches en vue de la publication d’un livre sur l’histoire de ma famille, la famille de Calbiac qui s’était établit en Guadeloupe par le mariage de Guillaume de Calbiac, ancien officier au régiment de Touraine, en émigration en 1798 à Norfolk États-Unis avec Marie Marguerite des Bois Boissulant (dont la mère était née Sergent) originaire de Marie-Galante, je recherche des informations sur les habitations Belle-Allée à Saint François et Gagneron à Marie Galante où ils s’étaient établis. Les archives familiales conservent peu de traces de leur activité en Guadeloupe. Peut-être avez-vous des informations à ce sujet?
Avec mes remerciements.
Bonjour Christophe, hélas je n’ai pas eu l’occasion de voir ces habitations lors de mon séjour en Guadeloupe, je suis désolée. J’y retournerai certainement un jour mais ce n’est pas pour tout de suite.
Bonjour, avez-vous contacté l’INRAP?
https://www.inrap.fr/archeologie-de-l-habitation-de-m-la-viele-belle-allee-saint-francois-guadeloupe-17499
https://la1ere.francetvinfo.fr/guadeloupe/sur-les-pas-des-archeologues-de-l-inrap-sur-l-habitation-m-la-viele-a-belle-allee-saint-francois-1434113.html
Cdt