L’eau et les maisons insolites, c’est un duo qui semble bien fonctionner. Il y a quelques semaines, Utter Inn, un petit hôtel flottant baptisé « Auberge de la Loutre » en français et situé en Suède, occupait le devant de la scène. Aujourd’hui, on reste dans l’univers aquatique mais on délaisse le lac Mälaren pour se tourner vers la mer d’Irlande. Là-bas, le Clare Island Lighthouse, ou Phare de l’Île Clare pour la version française, s’impose comme étant un hébergement complètement atypique qui monte (ou plutôt montait) la garde à l’entrée de la Clew Bay.
Un symbole fort dans le pays
Pendant pas moins de deux siècles, au large de l’ouest de l’Île Émeraude, ce phare construit en 1806 sur les ordres du premier marquis de Sligo, John Denis Browne, a servi de repère incontournable pour les bateaux en approche en ayant une mission de taille : au-delà de protéger Clare Island, petite île mesurant 8 kilomètres de long et 5 kilomètres de large, le phare était aussi chargé d’assurer la sécurité de d’Achill Island et de Westport. Autant dire que le phare s’est imposé au fil du temps comme étant un symbole fort dans l’ensemble du pays. Si, au départ, l’établissement avait pour vocation d’héberger uniquement des gardiens de phare, il a évolué depuis quelques années, en étant transformé en pension haut de gamme.
Une ambiance authentique
Profitant d’un environnement atypique, à la fois sauvage et très accueillant, le phare de l’île de Clare fait partie des plus beaux phares d’Europe capables d’accueillir des visiteurs le temps d’une ou plusieurs nuits. En réalité, ces derniers ne dorment pas à proprement parler dans la tour mais des petits cottages qui ont été construits autour d’elle, de façon à créer un beau complexe hôtelier.
N’allez pas pour autant penser que les touristes s’empilent dans cet hébergement. L’aspect authentique de l’Irlande y est profondément cultivé, notamment grâce à la présence d’une salle commune équipée d’une belle cheminée pour partager des moments d’échanges privilégiés et déguster des plats purement locaux, notamment du saumon bio puisque c’est sur cette île qu’est né le premier élevage du genre en Europe. Aussi, les visiteurs ont la possibilité de visiter la petite île, qui héberge à peine une centaine d’habitants, à cheval ou en vélo, selon leurs préférences.
Un univers à part
Bâti en pleine falaise, le phare de l’Île de Clare propose à ses visiteurs, à l’extérieur, un panorama somptueux sur une mer sombre et puissante qui impressionne quelle que soit la saison. À l’intérieur, les propriétaires de cet hôtel insolite misent en revanche clairement sur la carte du luxe en proposant un environnement chaleureux et calme, parfaitement adapté pour trouver du repos. Un contraste qui renforce encore plus l’expérience vécue sur place.
Cela change indéniablement de l’ambiance proposée dans les nombreuses tavernes de Dublin, la capitale située de l’autre côté de l’Île, où les poésies, les chants, les danses et les pintes de bière ou de cidre se succèdent dans un brouhaha joyeux général. L’Île de Clare l’illustre à merveille, entre l’est et l’ouest du pays, l’atmosphère proposée est loin d’être la même. Cela étant dit, il est facile de rejoindre l’île principale grâce à une liaison journalière en ferry reliant l’Île de Clare et Louisburgh, une petite ville où vous retrouverez déjà plusieurs pubs au kilomètre carré.
Une histoire forte
Quoi qu’il en soit, en visitant ce phare (il est possible de s’approcher même si vous n’êtes pas client de l’hôtel), les visiteurs se confrontent à un passé agité : sept ans après sa construction, le phare de l’île de Clare a connu un incendie qui a ravagé une partie de la tour. Vingt ans plus tard, en 1834, la tour était de nouveau abîmée, cette fois à cause d’un éclair lors d’un orage. Finalement, c’est après 159 ans de bons et loyaux services, en 1965, que le phare put cesser sa mission principale et devenir un hébergement pour touristes, après avoir été remplacé par un phare plus moderne du côté d’Achill Island.