L’architecture Ashanti : une tradition unique en Afrique de l’Ouest

Le Ghana se composait à l’origine de beaucoup de tribus et groupes ethniques différents. Leur architecture traditionnelle a été influencée par les matériaux disponibles, les limitations technologiques, les relations économiques et sociales au sein de la communauté et les croyances religieuses. Cela rend toutes les tribus différente à bien des égards, surtout dans le style architectural.

L’un des groupes ethniques ghanéens les plus importants dans le centre et le sud du Ghana est le peuple Akan qui vit dans la région Ashanti. Leur design est devenu un exemple de ce que nous pouvons définir comme une architecture traditionnelle ghanéenne. Les bâtiments traditionnels Ashanti sont décrits comme impressionnants en termes de construction, de conception, de propreté et de confort.

Contexte historique et géographique

Le royaume Ashanti, fondé au 17ème siècle, a rapidement pris de l’ampleur en Afrique de l’Ouest. Sa capitale, Kumasi, est devenue un centre politique, économique et culturel.

L’architecture Ashanti a prospéré dans ce contexte. En raison de l’abondance de ressources naturelles dans la région, notamment le bois et la terre, les Ashanti ont privilégié des matériaux locaux pour construire leurs bâtiments. Les forêts denses du Ghana ont fourni une abondance de bois, tandis que l’argile a été utilisée pour ériger les murs. Ce cadre géographique a largement façonné le développement architectural Ashanti, tout en influençant les choix de conception.

ancienne demeure ashanti

Matériaux et techniques de construction

Les matériaux de construction dans l’architecture Ashanti sont simples. Les Ashanti utilisaient du bois, de la terre battue et de la paille. Ces ressources locales, largement disponibles, leur ont permis de construire des habitations et des édifices publics adaptés au climat tropical. Le bois était souvent employé pour les colonnes et les cadres des bâtiments, tandis que l’argile formait les murs. Les toits en chaume étaient répandus, protégeant les habitations de la pluie tout en garantissant une bonne ventilation.

La technique de construction la plus courante était le torchis, une méthode consistant à mélanger de la boue, de la paille et parfois du fumier pour former des blocs solides. Cette méthode permettait de créer des murs épais et robustes, adaptés aux conditions climatiques humides et à la chaleur. Les artisans Ashanti excellaient dans l’art de la décoration murale, créant des bas-reliefs de motifs géométrique, d’animaux, d’oiseaux et de végétaux, associées à des symboles « Adinkra » traditionnels.

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Organisation spatiale et symbolisme

Les bâtiments Ashanti avaient une organisation spatiale bien définie, souvent liée à des principes religieux et sociaux. L’architecture Ashanti repose sur des principes de symétrie et d’équilibre, qui reflètent l’ordre cosmique selon leurs croyances. La cour centrale, un élément récurrent dans les complexes résidentiels Ashanti, servait d’espace de vie et de lieu de rassemblement familial et communautaire. Autour de cette cour, plusieurs pièces étaient disposées de manière à respecter une hiérarchie sociale et spirituelle.

Les bâtiments traditionnels Ashanti comportaient souvent des décorations sculptées en bas-relief, notamment des motifs géométriques et des symboles adinkra, comme mentionné. Ces motifs avaient une signification religieuse et culturelle profonde. Les adinkra, par exemple, sont des symboles visuels associés à des proverbes et des concepts philosophiques. Leur présence sur les bâtiments témoignait de l’importance de la spiritualité et de la transmission des savoirs au sein de la société Ashanti.

cour intérieure ashanti

Le rôle social et religieux de l’architecture

L’architecture Ashanti ne se limitait pas à la simple construction de bâtiments et de résidences. Elle jouait un rôle social, religieux et politique au sein du royaume. Les bâtiments abritaient des cérémonies religieuses, des conseils politiques et des réunions familiales importantes. Chaque structure avait une fonction spécifique qui reflétait la hiérarchie et les croyances de la société Ashanti.

Le palais royal d’Asantehene, chef suprême du royaume Ashanti, est un exemple d’architecture cérémoniale. Il était conçu pour montrer la puissance et la richesse du roi, mais aussi pour servir de lieu sacré où les rituels et les sacrifices avaient lieu. Les temples et les sanctuaires Ashanti étaient construits avec des éléments symboliques pour honorer les ancêtres et les divinités. Les Ashanti croyaient que les esprits des ancêtres résidaient dans ces lieux et que leur protection assurait la prospérité du royaume.

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Adaptation et évolution au fil du temps

L’architecture Ashanti a évolué au fil des siècles, s’adaptant aux changements sociaux et politiques du royaume. L’arrivée des colons européens a eu un impact significatif sur la forme et les matériaux des bâtiments Ashanti. Le béton et les briques ont progressivement remplacé l’argile et le bois, bien que de nombreuses constructions traditionnelles subsistent encore aujourd’hui.

L’urbanisation croissante et l’expansion de Kumasi ont aussi influencé l’architecture locale. Les nouvelles constructions respectent souvent les anciens principes de symétrie et de hiérarchie spatiale, tout en intégrant des matériaux et des techniques modernes. Mais la préservation est un enjeu majeur, avec des efforts pour restaurer les anciens palais et sanctuaires. La modernisation ne peut pas effacer l’héritage architectural qui subsiste dans les quartiers historiques de Kumasi et dans les villages environnants.

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Héritage et influence contemporaine

L’architecture Ashanti continue de marquer l’identité culturelle du peuple Ashanti aujourd’hui. Bien que les constructions modernes soient de plus en plus courantes, les principes architecturaux traditionnels, tels que l’organisation spatiale autour de la cour centrale, se retrouvent encore dans certaines maisons contemporaines. Par ailleurs, les symboles adinkra et les motifs géométriques sont toujours utilisés dans l’art et la décoration, perpétuant ainsi l’héritage visuel et symbolique des ancêtres Ashanti.

La reconnaissance internationale du patrimoine Ashanti, notamment par l’UNESCO, a encouragé les efforts de conservation. Les sites comme le palais de Manhyia à Kumasi, qui est devenu un musée, sont des témoins de cette tradition architecturale. La transmission de ce savoir-faire aux jeunes reste un défi, mais des programmes éducatifs et des initiatives locales tentent de préserver ces pratiques ancestrales.

Crédits photos : Kick of Ghana.

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