Ouvert en 2002, la Küefer Martis Huus est un musée et un centre culturel de Ruggell au Liechtenstein. Le bâtiment classé accueille des expositions sur des sujets régionaux et divers événements. Cette habitation traditionnelle en soubassement en maçonnerie et en bois pour la partie haute date du 18ème siècle.
La Küefer Martis Huus est conçue comme un lieu de rencontre avec un caractère muséographique. La partie musée est située dans le bâtiment résidentiel rénové et classé. Les chambres à l’étage et le grenier sont réservés principalement pour des expositions sur différents sujets régionaux.
Dans le « Kulturtenn », l’ancienne écurie reconstruite et attenante à l’immeuble d’habitation, se déroulent des activités culturelles de toutes sortes : expositions d’artistes régionaux, lectures, conférences, débats, mais aussi réunions de personnes âgées du quartier ou événements d’associations régionales.
Histoire de la maison
La Küefer-Martis-Huus, construite vers 1730, est l’un des rares témoins des fermes baroques de la région. Habitée jusqu’en 1993 puis acquise par la commune de Ruggell en 1997, elle a été classée monument historique en 1999 en raison de son excellent état de conservation et de la qualité de ses éléments architecturaux. Le nom de la maison, « Küefer-Martis-Huus » provient de Martin Biedermann, qui reprit la maison numéro 53 à Johann Jakob Heeb en 1862. Ce Martin Biedermann était déjà surnommé « Küefer Marti » (Tonnelier Marti), un surnom hérité de son grand-père Josef Biedermann, lui aussi tonnelier. Pendant des générations, une petite exploitation agricole fut mise en œuvre dans la grange et l’étable attenantes (une importante source de revenus complémentaires pour les habitants de la région).
Son histoire s’inscrit dans celle de Ruggell, village dans la plaine inondable du Rhin. Les maisons y furent souvent démontées et reconstruites sur les berges de gravier laissées par les anciens méandres, en raison d’une colonisation tardive de la plaine. Les premières fermes, apparues au XIVᵉ siècle, se sont d’abord installées sur les hauteurs protégées d’Eschnerberg avant de gagner les zones légèrement surélevées des anciens chenaux du fleuve. Le rez-de-chaussée de la Küefer-Martis-Huus, avec cuisine, poêle en faïence et mobilier ancien, permet de retrouver l’atmosphère d’une maison rurale traditionnelle.
Le développement du village est étroitement lié au Rhin, qui offrait autrefois un gué, un bac, des routes commerciales et l’énergie nécessaire aux moulins. À partir du XVIIᵉ siècle, Ruggell devint un lieu d’activité pour les artisans et les marchands, avec un marché aux chevaux et près de 89 fermes recensées en 1809. La plaine alluviale fut mise en culture au XIXᵉ siècle, tandis que la croissance démographique et la transformation du paysage urbain s’accentuèrent après la Seconde Guerre mondiale.
Une maison rurale de la plaine rhénane
La Küefer Martis Huus présente les traits caractéristiques des fermes traditionnelles de la plaine du Rhin alpin. Le soubassement en maçonnerie, légèrement surélevé, protégeait autrefois la maison des épisodes d’humidité et des sols instables liés aux anciens méandres du fleuve.
Au-dessus, l’élévation en bois associe planches verticales et pans lattés, une solution répandue dans les constructions rurales du XVIIIᵉ siècle. La large toiture à deux pentes, très inclinée, garantit un écoulement rapide des pluies et de la neige, tandis que les volets peints en rouge et blanc, au motif géométrique simple, reprennent une tradition locale facilement identifiable. L’ensemble traduit une architecture fonctionnelle, pensée pour résister au climat humide tout en étant facile à entretenir.
Autour de l’habitation, la cour dégagée, la pompe à eau et l’implantation proche de l’ancienne grange rappellent l’organisation d’origine : un foyer associé à une petite exploitation agricole. Ces éléments permettent de lire la maison comme une unité rurale complète, où vie domestique et travail quotidien formaient un même ensemble. Tout y était pensé pour la proximité et la performance.
Intérieur : une structure ancienne mise en valeur
L’intérieur offre une lecture directe des techniques constructives traditionnelles. Les parois en bois sombre, les poutres massives, les assemblages visibles et les zones de remplissage mêlant pierre et mortier témoignent d’un savoir-faire artisanal centré sur la solidité et la disponibilité des matériaux locaux. Les planchers en larges lames et les encadrements de portes irréguliers rappellent que chaque élément a été ajusté à la main. Cette authenticité matérielle est l’un des attraits majeurs du lieu.
La vocation muséographique s’inscrit dans cet environnement préservé. Les pièces de l’étage et le grand volume du grenier accueillent des expositions temporaires, dont les couleurs et les formats dialoguent avec le bois ancien. Ce contraste maîtrisé met en valeur la texture de la charpente et des cloisons tout en permettant une programmation culturelle variée. La maison conserve ainsi son caractère rural d’origine tout en devenant un espace partagé et adaptable. L’ensemble garde son caractère.
