Installer des panneaux solaires sur un toit paraît être facilement accessible à tous. Beaucoup se disent : « je pose, je branche, et c’est parti ! » Mais la réalité est un peu moins directe. Il y a des pièges que vous pouvez éviter, et certains peuvent coûter très cher ou même ruiner votre projet. Que vous soyez à Nantes, à Marseille ou dans un petit village, les erreurs sont souvent les mêmes. Voici ce qu’il faut éviter si vous voulez que votre installation tienne la route et produise vraiment ce que vous attendez.
1. Penser que tous les toits conviennent
Beaucoup imaginent que chaque toit peut recevoir des panneaux solaires. Ce n’est pas vrai. L’orientation joue beaucoup. Un toit tourné vers le nord produira bien moins qu’un toit orienté sud ou sud-ouest. La pente compte aussi : un toit trop plat n’est pas idéal. Si l’inclinaison est trop faible, l’eau de pluie s’écoule mal et laisse des traces ou des dépôts sur les panneaux. Résultat, il faut parfois nettoyer plus souvent pour conserver un bon rendement.. Avec un trop raide, vous perdez du rendement.
Les ombres posent problème. Un arbre, une cheminée ou même le bâtiment voisin peuvent priver vos panneaux de soleil une partie de la journée. En France, l’ADEME estime qu’une ombre portée réduit la production de 15 à 30 %. C’est beaucoup. Avant d’investir, faites venir un professionnel. Demandez une étude d’ensoleillement. Si votre toit n’est pas idéal, il vaut mieux le savoir avant de se lancer.
Un couple de la région nantaise m’a raconté un jour avoir sauté le pas pour investir dans les panneaux solaires sur leur toiture nord-est, sans prendre le temps de se renseigner. Résultat : une production trop faible pour rentabiliser leur investissement. Aujourd’hui, ils déconseillent d’improviser.
2. Sous-estimer l’état du toit
C’est bête, mais poser des panneaux sur un toit qui a vingt ans, c’est prendre des risques. Les panneaux ont une durée de vie de vingt-cinq ans ou plus. Si la toiture doit être refaite dans cinq ans, il faudra tout démonter puis tout remettre, à vos frais. Cela double le travail, et parfois les coûts.
Avant de signer, faites examiner le toit. Si la charpente montre des faiblesses ou si les tuiles sont poreuses, il vaut mieux régler ça d’abord. Un artisan sérieux refusera d’installer sur un toit douteux. Et c’est tant mieux. Mieux vaut repousser le projet de quelques mois que de tout recommencer.
3. Croire que l’entretien est inutile
On a parfois l’impression que les panneaux vivent leur vie. On les pose, et ils produisent. En réalité, la poussière, les feuilles, la mousse ou les fientes d’oiseaux peuvent baisser la production de 5 à 15 % selon l’INES. Certains pensent que la pluie lave tout. Oui, elle fait en effet un peu le job, mais pas toujours : la poussière fine, elle, s’accumule. Et la mousse adore les bords des panneaux.
Un petit coup d’éponge deux fois par an fait la différence. Si vous n’avez pas accès au toit, certains installateurs proposent des contrats d’entretien. Ce n’est pas du luxe, c’est de la prudence. Un voisin m’a dit qu’il avait perdu un été entier de production parce qu’une colonie de pigeons s’était installée sous ses panneaux. Il a dû payer un professionnel pour le nettoyage et poser des pics anti-oiseaux.
4. Négliger l’onduleur et la qualité du matériel
Les panneaux ne font pas tout. L’onduleur, c’est le boîtier qui transforme le courant produit en électricité utilisable. Si vous achetez du matériel bas de gamme ou pas adapté à votre installation, vous perdez en rendement. Parfois, l’onduleur tombe en panne avant les panneaux, et c’est une dépense non prévue. Demandez toujours des détails sur le matériel utilisé. Marque, modèle, garantie : vérifiez tout.
Si un installateur ne veut pas vous donner l’information, cherchez ailleurs. N’acceptez jamais une proposition sans fiche technique ni durée de garantie claire. Certains profitent du boom du solaire pour vendre du matériel venu d’on ne sait où, sans aucune garantie fiable ou sérieuse.
Si vous tombez sur une offre trop belle pour être vraie, prenez le temps de vérifier. L’ADEME rappelle que le prix du solaire a beaucoup baissé, mais il y a encore des marges pour les margoulins.
5. Oublier de déclarer ou de demander les autorisations
Installer des panneaux solaires sur le toit de votre maison nécessite parfois une déclaration préalable en mairie. En zone protégée, il faut aussi l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France. Oublier ces démarches peut vous coûter cher. Des municipalités ont déjà demandé la dépose de panneaux installés sans autorisation. Les assurances aussi doivent être prévenues. Certaines refusent d’indemniser les dégâts sur une installation non déclarée. C’est rare, mais quand ça arrive, ça fait mal.
Si vous vivez en copropriété, discutez-en avec le syndic. Les règles varient selon les villes et les régions. L’administration française n’est pas réputée pour sa souplesse : mieux vaut jouer la carte de la prudence.
6. Se fier à une seule offre ou à un seul avis
L’erreur la plus courante, c’est de signer trop vite. Le commercial est sympathique, il promet une rentabilité immédiate, il insiste sur l’urgence… Certains ne prennent même pas la peine de comparer. Mauvaise idée. Les prix, les garanties, la qualité du matériel varient beaucoup d’une entreprise à l’autre.
Rencontrez plusieurs installateurs. Demandez des devis détaillés. Consultez les avis d’autres clients, mais pas seulement sur les sites officiels : vérifiez sur des forums, des groupes Facebook, discutez avec vos voisins qui ont sauté le pas. Une étude de Que Choisir a montré que le prix d’une installation pour une même maison à Nantes variait du simple au double selon les entreprises. Ce n’est pas rare. Un devis détaillé permet de repérer les frais cachés, les marges excessives ou les oublis.
D’autres pièges à éviter (en bref)
D’autres erreurs se glissent parfois dans les projets :
- Installer sans réfléchir à sa consommation réelle. Certains posent plus de panneaux que nécessaire, pensant revendre tout le surplus, mais la revente n’est pas toujours rentable.
- Négliger l’orientation dans le choix du modèle de panneau.
- Oublier de prendre en compte la vétusté de l’installation électrique.
Si vous avez un doute, faites-vous accompagner. L’ADEME, certaines collectivités ou même des associations locales proposent des permanences conseils gratuites.
Faut-il vraiment passer au solaire ?
L’énergie solaire plait, et pas juste pour les économies. Beaucoup choisissent le solaire pour réduire leur dépendance au réseau ou par conviction écologique. Mais il ne faut pas se mentir. Le solaire est un investissement. Si vous devez emprunter, comptez sur une rentabilité de 8 à 15 ans. Les chiffres varient, selon la région, la taille du toit et le matériel. Certains y trouvent leur compte, d’autres non.
En 2023, une enquête du ministère de la Transition énergétique a révélé que la production réelle était souvent inférieure de 10 à 20 % aux promesses commerciales. Les installateurs les plus sérieux sont transparents. Ils ajustent leurs simulations avec des marges de sécurité. Posez des questions.
Les aides et les pièges fiscaux
Il existe des aides. Le taux de TVA réduit, certaines subventions locales ou nationales, ou la prime à l’autoconsommation. Mais attention aux sociétés qui gonflent les prix en vous promettant de récupérer l’intégralité du montant sous forme d’aide. Ce n’est jamais le cas. Les démarches sont parfois longues, mais il est possible de se faire accompagner. L’idéal est de passer par un installateur de panneaux solaires agréé, reconnu garant de l’environnement (RGE). Sans ce label, oubliez les aides de l’État.
Pour finir
Installer des panneaux solaires, c’est une décision qui engage pour longtemps. Prenez le temps de vous renseigner. Osez poser les questions qui dérangent. N’écoutez pas les promesses faciles. Et si vous avez un doute, demandez conseil à des professionnels indépendants, pas à des vendeurs.
Ce sont ces précautions, et non la technologie, qui feront la réussite de votre projet.
Et si vous deviez retenir une seule chose : mieux vaut perdre quelques semaines à préparer votre projet que des années à regretter un mauvais choix.
Si vous avez déjà installé des panneaux ou si vous réfléchissez à franchir le pas, partagez votre expérience. Parfois, un retour honnête vaut tous les discours commerciaux du monde.