Le peuple El Molo vit au bord du lac Turkana, au nord du Kenya. C’est le plus grand lac du désert au monde. Mais le peuple El Molo, lui, est minuscule. Il ne compte qu’environ 200 personnes de pur sang. Il s’agit du plus petit groupe ethnique du Kenya. Leur langue d’origine a presque disparu. Ils sont regroupés dans deux villages, Anderi et Illah. À Anderi, il y a 200 habitants. À Illah, une centaine.
Les El Molo sont un peuple paisible. Ils refusent la violence. Contrairement à d’autres groupes voisins, ils n’ont jamais pratiqué la mise à mort ou le vol de bétail. Cela les a rendus vulnérables, mais leur a aussi donné une identité. Leur priorité a toujours été la survie, la pêche, et le respect des autres.
Une vie simple, au rythme du lac
Les El Molo vivent surtout de la pêche. Le lac Turkana est leur source de nourriture. Le poisson remplace le bétail ou les cultures, impossibles sur ces terres arides. Le climat est dur. Le sécheresse, le vent, la chaleur font partie du quotidien. Mais le lac donne un peu d’espoir. Et tout s’organise autour de ses rives.
Dans les villages El Molo, vous ne verrez pas de maisons en béton, ou très peu. La tradition reste forte. On vit dans de petites huttes, posées sur la terre nue, tout près de l’eau. L’artisanat fait aussi partie de la vie quotidienne. Les femmes tressent des paniers, des nattes ou des colliers à partir de fibres naturelles. Ces objets sont utilisés dans la vie de tous les jours, mais parfois aussi vendus aux visiteurs.

Les huttes El Molo : une architecture de survie
Les huttes El Molo n’ont rien à voir avec une maison en ville. Elles sont basses, rondes, en forme d’igloo. Pour les construire, il faut des branches d’acacia, du bois flotté, et surtout des feuilles de palmier doum. Ce sont les femmes qui tressent et assemblent les murs. Le toit est arrondi, presque toujours posé très bas pour résister au vent. L’entrée est petite, parfois fermée par une vieille tôle ou un morceau de tissu.
Tout est fait pour aller vite et résister au climat. Ces huttes sont légères. Elles peuvent être déplacées si besoin. On les refait facilement, avec ce que l’on trouve autour du lac. Pas besoin d’outils compliqués. Pas de ciment, pas de clous. Juste des fibres végétales, du savoir-faire, et beaucoup d’entraide.

Un habitat menacé
Depuis quelques années, les huttes disparaissent lentement. Le béton arrive, même ici. Les autorités veulent parfois construire des maisons “modernes”, plus solides, censées être plus confortables. Mais ces habitations n’ont pas grand-chose à voir avec la vie du peuple El Molo. Elles sont chères à entretenir. Elles ne respirent pas. Et elles sont très difficiles à réparer quand il fait 40 ° sous le soleil.
Près du lac, c’est la hutte traditionnelle qui a du sens. Elle utilise les ressources locales. Elle protège du soleil. Elle garde la fraîcheur la nuit. Et surtout, elle fait partie de l’identité El Molo.




Un peuple à part, une mémoire fragile
Les El Molo sont pauvres. C’est même le groupe ethnique le plus pauvre du Kenya. Mais ils tiennent à leur mode de vie. Ils refusent la violence, l’exil, la fuite. Leur histoire tient dans ces huttes, au bord du lac du désert. Chaque maison est une preuve de leur attachement à la terre, à la pêche, et à leur culture.
Si vous visitez Anderi ou Illah, vous verrez des femmes tresser les murs des maisons, des enfants courir entre les huttes, des filets de pêche sécher sur les rives. La modernité avance, mais la mémoire reste, tant que ces maisons de paille et de feuilles continuent d’abriter les familles El Molo.